Duralex : la mythique verrerie française toujours dans l'attente d'un repreneur

La verrerie en redressement judiciaire va demander une « prolongation de la période d'observation pour une durée d'un mois » au Tribunal de commerce d'Orléans, ce mercredi, pour savoir si « une reprise est possible, ou pas ». Mardi, Duralex a étudié quatre lettres d'intention reçues en vue de la reprise de l'entreprise.
Duralex a subi de plein fouet la flambée des prix du gaz consécutive à l'invasion de l'Ukraine par la Russie début 2022.
Duralex a subi de plein fouet la flambée des prix du gaz consécutive à l'invasion de l'Ukraine par la Russie début 2022. (Crédits : Reuters)

Plus d'un mois après le placement en redressement judiciaire de l'entreprise Duralex, l'avenir de la verrerie emblématique de l'industrie française sera examiné mercredi après-midi au Tribunal de commerce d'Orléans afin de déterminer si « une reprise est possible, ou pas ».

Quatre propositions de reprise ont été étudiées mardi matin lors d'une réunion extraordinaire du comité social d'entreprise (CSE) au siège de Duralex, à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret), a-t-on appris de sources syndicales.

Parmi les quatre propositions figurent deux banques, un fonds d'investissement ainsi qu'une société coopérative et participative (Scop), dans laquelle près de 130 salariés se sont déclarés prêts à mettre 500 euros.

Objectif : maintenir les 227 emplois

« Pour l'instant, aucune des offres n'est complète, sérieuse ou aboutie », a indiqué une source syndicale auprès de l'AFP, avant de préciser que seule la Scop permettrait, pour l'heure, de « reprendre tous les actifs sociaux et maintenir l'ensemble des 227 emplois » de l'entreprise.

S'ils n'ont pas communiqué plus de détails sur l'identité des repreneurs potentiels, les administrateurs judiciaires se sont déclarés favorables à une « prolongation de la période d'observation pour une durée d'un mois », demande qui sera formulée ce mercredi au Tribunal de commerce d'Orléans. « On espère avoir le moins de casse sociale possible », a déclaré un représentant syndical, avant de souligner que les salariés « commençaient à avoir l'habitude de ce type de situation ». Il s'agira d'étudier « la situation de la société et ses perspectives », « faire un bilan économique et social (et savoir) si l'entreprise arrive à couvrir les frais et si on peut chercher un repreneur », a précisé auprès de l'AFP une source judiciaire.

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Redressement judiciaire

Fin avril, la mythique verrerie avait pris de court salariés, organisations syndicales et responsables publics en demandant une nouvelle fois à être placée en redressement judiciaire, trois ans après une précédente procédure. Le tribunal, qui avait accepté la demande, avait alors nommé un mandataire judiciaire et deux administrateurs judiciaires pour une période d'observation de six mois. Leur premier rapport confidentiel sera étudié mercredi, à partir de 15h30, lors d'une audience à huis clos au tribunal de commerce d'Orléans.

Le lendemain de l'annonce de redressement judiciaire, le numéro un du Parti communiste Fabien Roussel était même venu soutenir les employés. « Il faut trouver des solutions pour que cette entreprise puisse continuer de vivre », avait-il déclaré lors d'une visite aux 230 salariés de l'usine historique, installée à La Chapelle-Saint-Mesmin, dans la banlieue d'Orléans (Loiret).

« Il faut que l'État mette tout en œuvre pour trouver un repreneur, et assurer à l'entreprise les moyens de produire sans que les factures énergétiques ne soient trop importantes », avait-il lancé devant quelques dizaines de personnes, essentiellement des militants du parti communiste et des syndicalistes de la CGT.

« L'État peut aussi agir en passant des commandes publiques » de vaisselles à destination des « écoles, collèges, lycées, commissariats... », avait-il encore égrené.

Victime de la crise de l'énergie

A l'origine de la crise : « Duralex est en difficulté depuis pas mal d'années », concédait la nouvelle PDG de l'entreprise, Géraldine Fiacre, dans un entretien au quotidien régional La République du Centre fin avril. « En 2021, nous avions un beau projet verrier, mais la crise énergétique a été le plus gros frein qui a entraîné la mise en veille du four », précise la dirigeante, présente à l'audience. En 2023, l'entreprise a « subi une forte chute de la consommation », poursuit-elle.

Les raisons sont multiples. Duralex a, en effet, subi de plein fouet la flambée des prix du gaz consécutive à l'invasion de l'Ukraine par la Russie début 2022. Elle avait été sauvée temporairement la même année par un prêt de 15 millions d'euros de l'État, qui lui avait permis de rouvrir son four verrier et de relancer sa production après cinq mois de fermeture. Mais dès 2023, de nouvelles difficultés ont émergé, que la direction attribue à l'inflation, à un environnement de consommation « en fort retrait » et à une « concurrence exacerbée ». En outre, Duralex a été condamnée à payer les droits à polluer de son ancien exploitant. Ce jugement « rendu mi-mars », contre lequel la société a annoncé son intention de faire appel, « compromet sérieusement la santé financière de NDI et sa capacité à maintenir ses activités de manière durable », avait-elle indiqué.

Atouts significatifs

Affaibli, Duralex dispose néanmoins d'atouts significatifs : à commencer par un savoir-faire reconnu et unique. Fondée en 1945 par Saint-Gobain, la marque fait partie intégrante du patrimoine industriel français et devrait ainsi ne pas manquer de postulants, d'après un expert du secteur de la verrerie.

Elle dispose aussi d'une notoriété nationale et internationale. Verres des restaurants scolaires, mais aussi objets design de la boutique du MoMA de New York, contenants à whisky pour James Bond dans Skyfall, ses créations sont connues dans le monde entier.

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