Dissolution : les syndicats montent au front, le patronat sur la défensive

Après l'annonce surprise de la dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron, les syndicats et le patronat cherchent la voie à suivre. La plupart d'entre eux ont réuni ce lundi 10 juin, dans chacune de leur organisation, un bureau extraordinaire.
Fanny Guinochet
Sophie Binet, la numéro 1 de la CGT.
Sophie Binet, la numéro 1 de la CGT. (Crédits : STEPHANE MAHE)

Ce dimanche 9 juin, il y a d'abord eu le choc et la sidération après l'allocution présidentielle. Comme la plupart des Français, les leaders syndicaux et patronaux ont découvert, en direct, à la télévision la volonté d'Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée nationale. Dans la soirée, la plupart ont pris le temps d'échanger avec leurs proches. Pour définir de la conduite à tenir, tous ont réunis un bureau exceptionnel le lendemain, de leurs organisations.

Ce dimanche soir tard, Sophie Binet, la numéro 1 de la CGT a toutefois appelé sur son compte X au "rassemblement des travailleurs " quand  Marylise Léon, à la CFDT,  assurait, elle aussi, que la CFDT ferait tout son possible pour lutter contre l'extrême droite.  Les deux plus gros syndicats de France feront donc barrage à l'extrême droite, par tous les moyens. Notamment en invitant leurs adhérents à se déplacer dans les urnes les 30 et 7 juillet prochain.

Le Front populaire en ligne de mire

Reste que la CGT prend une voie très politique, en choisissant d'en appeler dès lundi à rejoindre un "front populaire", répondant ainsi à l'appel lancé par le député LFI de la Somme, François Ruffin, sur France Inter : « J'espère que les syndicats vont se mobiliser ». Le vocable "Front Populaire" n'a pas été choisi par hasard par la gauche, et renvoie directement à des conquêtes sociales.

Plus en recul vis à vis du politique, la CFDT n'appelle pas à rejoindre une initiative plus qu'un autre. Et ce alors même qu'elle a toujours fait de la lutte contre l'extrême droite, sa priorité.

Les réformes en stand by

Ce lundi, toutes les centrales syndicales ont toutefois prévu de se retrouver en fin de journée. Cette réunion était prévue de longue date, elle avait pour ordre du jour, la réforme de l'Assurance chômage mais elle sera largement consacrée aux suites sociales à donner à la dissolution.

Car si les réformes en cours sont de fait gelées, les inquiétudes n'en demeurent pas moins très importantes. Avec l'annonce de la dissolution, exit le texte de loi sur la simplification administrative qui était discutée au Parlement. Idem pour la loi visant à réformer la fonction publique. Quant à l'acte 2 de la loi Travail, prévue par le gouvernement à la rentrée, elle restera probablement dans les cartons.

Mais, quid de l'Assurance chômage qui dispose d'un statut un peu différent ? La réforme envisagée par le gouvernement de Gabriel Attal pour durcir les droits des demandeurs d'emploi doit passer par un décret, qui doit être pris avant début juillet, sans quoi le régime se retrouvera sans convention.

Le gouvernement a donc deux options : prendre le décret prévu en intégrant la réforme, ou prendre un décret d'attente, visant à prolonger les règles actuelles pour laisser au prochain gouvernement le soin de statuer.

Ce lundi soir, la question d'organiser ou non une grande marche contre l'extrême droite va aussi être posée. En effet, faut-il à l'instar du 1er mai 2002, une manifestation commune et sociale ? Les temps ont changé et il n'est pas sûr que cette option, soit retenue.

Faut-il alors s'allier comme le fait la CGT à des organisations politiques de gauche ? Là encore, difficile d'imaginer une unanimité syndicale sur le sujet. Les centrales sont d'autant plus embarrassées qu'étant donné l'ampleur du score de la liste Rassemblement national, ils savent que des adhérents soutiennent les thèses d'extrême droite.

Le clan patronal s'allie et s'alarme

Du côté des patrons, CMPE et Medef ont attendu ce lundi soir, pour s'exprimer d'une seule voix. Dans la soirée, un communiqué commun devait être publié, dans lequel les organisations représentatives des entreprises - petites et grandes- expriment leurs inquiétudes, leurs besoins de stabilité, pour préserver leur compétitivité.

Plus tôt, Patrick Martin, le président du Medef avait réuni un bureau de son organisation.

« Une nouvelle campagne démarre dans laquelle nous ne partagerons pas certaines visions politiques incompatibles avec la compétitivité des entreprises et la prospérité du pays et de nos concitoyens », a déclaré plus tard le patron du Medef.

Quelques grands patrons avaient laissé éclater leur crainte. « Si dans un mois, Bardella est à Matignon, ça va être compliqué pour le business », plaide ainsi un patron d'une PME de 300 personnes qui tient à garder l'anonymat.

En attendant, les marchés financiers s'agitent ce lundi. A Paris, la Bourse dégringole, Les taux directeurs concernant la dette grimpent. La réaction est bien plus violente et rapide que la dégradation de la note souveraine de la France par Standard & Poor's, il y a une quinzaine de jours. Signe de l'inquiétude des investisseurs qui détestent l'incertitude.

Lire aussiDissolution : un mauvais signal pour la marque France sur les marchés

Fanny Guinochet
Commentaires 14
à écrit le 11/06/2024 à 8:19
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"les syndicats montent au front" Mince c'est foutu ! Au fait ils défendent quoi !? Bah aucune importance c'est mort... ^^

à écrit le 11/06/2024 à 6:53
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Je suis toujours étonné de voir la déferlante contre le RN alors que le pendant à gauche et peut être pire car idéologue LFI est présente comme démocratique amusant mais bien français. Je crois que les politiques comme les syndicats font la promo du ...

le 11/06/2024 à 11:00
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"Je crois que les politiques comme les syndicats font la promo du RN avec leurs attaques permanentes. " Si l'on reprend le vote des sympathisants des syndicats pendant la présidentielle de 2022 et malgré l'appel des patrons des syndicats a voter mac...

à écrit le 11/06/2024 à 6:10
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Au lieu de vouloir tous nous raconter un doux rêve avec leur futur programme la réalité va vite les rattraper les comptes du pays sont à redresser ils devront prendre des mesures impopulaires

le 11/06/2024 à 7:25
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Tout va bien ! Les caisses sont pleines ! Regardez on a même de quoi envoyer pleins d armements à l Ukraine …! Tout va bien Monsieur le marquis !

à écrit le 10/06/2024 à 22:32
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Quand la gauche manifeste contre la démocratie... pour faire pression sur les consciences. Ils espèrent nous refaire le même coup qu'après le 21 avril 2002 et que ça passe crême, mais quelle erreur !

à écrit le 10/06/2024 à 22:14
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Depuis l'arrivée de Sophie Binet un virage inquiétant a été pris par la CGT. Elle se bobo-ise, se wok-ise, et n'intervient plus guère que sur le politique et le sociétal ( "féminsime", Gaza, Extrème-droite, envornnement...) C'est très inquiétant car ...

à écrit le 10/06/2024 à 20:26
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Il ne faut pas être inquiet pour les patrons. Le RN va se révéler totalement compatible avec le libéralisme le plus échevelé et son personnel est très facilement corruptible. A Bruxelles ils ont voté toutes les mesures probussiness et aucune mesure s...

le 10/06/2024 à 22:16
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Vous plaisantez, j'espère. Le programme de Bardella est celui de Macron. C'est le même. Et cette dissolution est une maneuvre des grands patrons pour durer au pouvoir et en bourse

à écrit le 10/06/2024 à 20:25
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Ceux-là...ils sont comme les vulture funds, des opportunistes dont il faut se méfier tous prix!😎

à écrit le 10/06/2024 à 19:12
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le problème dans tout ça, c'est que ni la gauche, ni les libéraux ne cherchent à comprendre les électeurs du RN, ni ne tiennent compte de la volonté du peuple, en particulier sur l'immigration et les importations. Il faudrait pouvoir voter pour des ...

le 10/06/2024 à 20:46
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[Il faudrait pouvoir voter pour des choix politiques, par pour des représentants] Exactement👍C'est le fédéralisme et la démocratie directe, comme en Suisse.

à écrit le 10/06/2024 à 17:45
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Humilié même par ses électeurs " traditionnels , Emmanuel Macron se prenant encore pour un DÉMIURGE, l' Ordinnateur du Cosmos .... Français et Européen, joue de façon irresponsable avec le peu de cohésion nationale qui reste

le 10/06/2024 à 18:21
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Bonjour , exactes, ne pas oublié que 35% a 48% des français voté extrême droite et que les manipulation de la volonté du peuple peux conduire a l'insurrection . Non seulement les violence semble Commun a notre pays , mais les tentions social sont d...

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