![Sophie Binet, la numéro 1 de la CGT.](https://static.latribune.fr/full_width/2333097/la-secretaire-generale-du-syndicat-cgt-sophie-binet-lors-d-une-manifestation-a-paris.jpg)
Ce dimanche 9 juin, il y a d'abord eu le choc et la sidération après l'allocution présidentielle. Comme la plupart des Français, les leaders syndicaux et patronaux ont découvert, en direct, à la télévision la volonté d'Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée nationale. Dans la soirée, la plupart ont pris le temps d'échanger avec leurs proches. Pour définir de la conduite à tenir, tous ont réunis un bureau exceptionnel le lendemain, de leurs organisations.
Ce dimanche soir tard, Sophie Binet, la numéro 1 de la CGT a toutefois appelé sur son compte X au "rassemblement des travailleurs " quand Marylise Léon, à la CFDT, assurait, elle aussi, que la CFDT ferait tout son possible pour lutter contre l'extrême droite. Les deux plus gros syndicats de France feront donc barrage à l'extrême droite, par tous les moyens. Notamment en invitant leurs adhérents à se déplacer dans les urnes les 30 et 7 juillet prochain.
Le Front populaire en ligne de mire
Reste que la CGT prend une voie très politique, en choisissant d'en appeler dès lundi à rejoindre un "front populaire", répondant ainsi à l'appel lancé par le député LFI de la Somme, François Ruffin, sur France Inter : « J'espère que les syndicats vont se mobiliser ». Le vocable "Front Populaire" n'a pas été choisi par hasard par la gauche, et renvoie directement à des conquêtes sociales.
Plus en recul vis à vis du politique, la CFDT n'appelle pas à rejoindre une initiative plus qu'un autre. Et ce alors même qu'elle a toujours fait de la lutte contre l'extrême droite, sa priorité.
Les réformes en stand by
Ce lundi, toutes les centrales syndicales ont toutefois prévu de se retrouver en fin de journée. Cette réunion était prévue de longue date, elle avait pour ordre du jour, la réforme de l'Assurance chômage mais elle sera largement consacrée aux suites sociales à donner à la dissolution.
Car si les réformes en cours sont de fait gelées, les inquiétudes n'en demeurent pas moins très importantes. Avec l'annonce de la dissolution, exit le texte de loi sur la simplification administrative qui était discutée au Parlement. Idem pour la loi visant à réformer la fonction publique. Quant à l'acte 2 de la loi Travail, prévue par le gouvernement à la rentrée, elle restera probablement dans les cartons.
Mais, quid de l'Assurance chômage qui dispose d'un statut un peu différent ? La réforme envisagée par le gouvernement de Gabriel Attal pour durcir les droits des demandeurs d'emploi doit passer par un décret, qui doit être pris avant début juillet, sans quoi le régime se retrouvera sans convention.
Le gouvernement a donc deux options : prendre le décret prévu en intégrant la réforme, ou prendre un décret d'attente, visant à prolonger les règles actuelles pour laisser au prochain gouvernement le soin de statuer.
Ce lundi soir, la question d'organiser ou non une grande marche contre l'extrême droite va aussi être posée. En effet, faut-il à l'instar du 1er mai 2002, une manifestation commune et sociale ? Les temps ont changé et il n'est pas sûr que cette option, soit retenue.
Faut-il alors s'allier comme le fait la CGT à des organisations politiques de gauche ? Là encore, difficile d'imaginer une unanimité syndicale sur le sujet. Les centrales sont d'autant plus embarrassées qu'étant donné l'ampleur du score de la liste Rassemblement national, ils savent que des adhérents soutiennent les thèses d'extrême droite.
Le clan patronal s'allie et s'alarme
Du côté des patrons, CMPE et Medef ont attendu ce lundi soir, pour s'exprimer d'une seule voix. Dans la soirée, un communiqué commun devait être publié, dans lequel les organisations représentatives des entreprises - petites et grandes- expriment leurs inquiétudes, leurs besoins de stabilité, pour préserver leur compétitivité.
Plus tôt, Patrick Martin, le président du Medef avait réuni un bureau de son organisation.
« Une nouvelle campagne démarre dans laquelle nous ne partagerons pas certaines visions politiques incompatibles avec la compétitivité des entreprises et la prospérité du pays et de nos concitoyens », a déclaré plus tard le patron du Medef.
Quelques grands patrons avaient laissé éclater leur crainte. « Si dans un mois, Bardella est à Matignon, ça va être compliqué pour le business », plaide ainsi un patron d'une PME de 300 personnes qui tient à garder l'anonymat.
En attendant, les marchés financiers s'agitent ce lundi. A Paris, la Bourse dégringole, Les taux directeurs concernant la dette grimpent. La réaction est bien plus violente et rapide que la dégradation de la note souveraine de la France par Standard & Poor's, il y a une quinzaine de jours. Signe de l'inquiétude des investisseurs qui détestent l'incertitude.