Désabusés par les JO, les taxis demandent une compensation financière

Les taxis ne cachent pas leur désillusion pendant les Jeux Olympiques. Dans une lettre adressée au ministère des Transport, les syndicats réclament une compensation financière, pointant notamment l'impact des restrictions de circulation sur leur activité.
Les taxis sont très déçus par leur niveau d'activité depuis le début des Jeux olympiques.
Les taxis sont très déçus par leur niveau d'activité depuis le début des Jeux olympiques. (Crédits : © Charles Platiau / Reuters)

Les taxis sont très déçus par leur niveau d'activité depuis le début des Jeux olympiques, faute de clients. Ils demandent dès lors des compensations publiques, selon une lettre adressée ce jeudi par leurs syndicats au ministère des Transports. Ces Jeux olympiques sont « une grande déception » pour les taxis. « La demande est encore au ralenti et l'exercice même de l'activité est profondément entravé par ces Jeux pour l'ensemble de la profession », écrivent les syndicats dans cette lettre publiée par Franceinfo.

« Les spectateurs venus pour les Jeux ne compensent pas l'impact des mesures de restrictions de circulation, de fermetures de lieux et de dissuasion de la clientèle habituelle », selon eux.

Aussi, les syndicats demandent au ministère la création d'un « fonds de compensation financière couvrant toute la période de privatisation des sites d'événements ou de l'espace public (c'est-à-dire de mars à fin octobre 2024) ».

Lire aussiJO 2024 : qui sont les touristes présents à Paris pour les Jeux ?

Des restrictions levées

Le ministre délégué aux Transports, Patrice Vergriete, a indiqué à l'AFP qu'il prenait en compte « toutes les problématiques soulevées par les fédérations de taxis dans le cadre de ces Jeux olympiques et paralympiques » et qu'il s'engage « à étudier les demandes émises par le secteur ». Un peu plus tard, il a annoncé via un post sur X (ex-Twitter) qu'avec le préfet de police Laurent Nunez, ils avaient pris la décision d'autoriser taxis et VTC à « accéder aux périmètres rouges des JOP sans restriction ». Ces périmètres entourent les sites de compétition où l'accès motorisé est interdit, sauf dérogation.

Selon le ministère, il était prévu que « les indispensables mesures de sécurité et particulièrement celles liées à la cérémonie d'ouverture seraient susceptibles d'engendrer des contraintes de circulation ainsi que de pose et de dépose des clients ». Mais depuis le début de cette semaine, après la levée d'une partie des mesures, « l'activité a pu reprendre de manière plus fluide ».

Une perte d'activité depuis le printemps

Les taxis estiment que le ralentissement d'activité a commencé dès le printemps 2024, avec les restrictions de circulation liées aux premiers montages de sites olympiques ainsi qu'à la privatisation de très nombreux lieux d'événements en Ile-de-France, comme le Stade de France ou La Défense Arena, mais aussi en province, notamment dans la région de Marseille. L'activité de juin 2024 s'est révélée bien plus faible que celle de 2023 à cause des Jeux, soulignent-ils.

Depuis début juillet, « les communications du gouvernement pour inciter les citadins à partir en congés ou en télétravail, pour dissuader les visiteurs ainsi que l'organisation d'événements professionnels, entraînent une baisse additionnelle d'activité ».

Et depuis le 18 juillet, la mise en place des périmètres de sécurité ainsi que la neutralisation de nombreuses stations de taxis dans les zones olympiques « restreignent drastiquement l'activité des taxis ». Ces derniers se trouvent désormais « dans une situation critique, avec des charges à payer qui augmentent et des revenus dont la baisse peut aller jusqu'à 40 voire 50% dans certaines situations », alertent les syndicats.

En Ile-de-France, près de 90% des chauffeurs de taxi affiliés à G7 avaient indiqué qu'ils comptaient travailler pendant les Jeux olympiques et paralympiques. Ils espéraient notamment profiter des voies olympiques sur les grands axes, auxquelles les VTC n'ont pas accès, pour gagner du temps sur le périphérique ou depuis les aéroports. En effet, sur plusieurs axes franciliens dont le périphérique, 185 km de voies sont dédiés aux Jeux olympiques et réservés aux personnes accréditées par le comité d'organisation dont les taxis.

Lire aussiJO 2024 : les hôtels font le plein de visiteurs contrairement au reste de l'été

L'affluence des touristes ne profite pas à tous

Plus largement, certains commerçants se plaignent d'une affluence de touristes plus faible que prévu à certains endroits. Pourtant les arrivées touristiques dans la capitale sont en hausse par rapport à l'année dernière : 650.000 du 24 au 27 juillet, soit une progression de +17,3% pour les visiteurs français et de +14,8% pour les étrangers, selon l'Office du tourisme de Paris.

Côté hôtels, le taux d'occupation attendu à Paris pour le premier week-end d'août est estimé à près de 90%. Sur toute la période des Jeux, il est un peu plus bas, à 82%, et il fléchit à 45% dès le 12 août pour remonter à 54% pour les paralympiques, détaille la première organisation du secteur, l'Umih.

Plusieurs raisons expliquent cette déception parmi les commerçants. « Les JO ont fait fuir la clientèle habituelle avec des prix trop élevés et la communication anxiogène. Il y a 2 millions de touristes étrangers qui ont fait fuir les 3 millions de touristes habituels », résume ainsi Didier Arino, directeur général du cabinet Protourisme. Selon lui, le haut de gamme s'en tire bien, mais c'est plus compliqué pour l'hôtellerie moyenne gamme en raison de prix trop élevés. Les professionnels ont d'ailleurs ajusté leurs prix qui sont aujourd'hui à peine plus élevés en moyenne que l'an dernier : 218 euros par nuitée dans Paris et sa région.

A Disneyland Paris, habituellement très fréquenté l'été, l'application du parc indique des temps d'attente bien inférieurs à d'habitude dans les différentes attractions.

Car beaucoup de visiteurs sont présents surtout dans les sites olympiques. « Les visiteurs sont là où se font les Jeux, notamment autour des grandes fan zones et des sites de compétitions olympiques », souligne l'Office du tourisme, notamment dans le 19e arrondissement de Paris qui accueille le Club France ou en Seine-Saint-Denis.

Autres « gagnants » de ces jeux en termes de fréquentation, les lieux d'hospitalité gérés par des pays ou par On Location, partenaire de l'organisation des jeux qui vend des packages billets et accès à des lieux festifs. Le groupe américain, qui attend plus de 10.000 invités par jour sur ses 130 lieux d'hospitalités, affiche complet dans certains endroits comme Le Palais de Tokyo.

Hôteliers, restaurateurs, cafetiers et commerçants comptent désormais sur la « cérémonie d'ouverture réussie » pour « un retour de fréquentation : l'ambiance est à la fête, les transports en commun circulent parfaitement, malgré les saturations annoncées », écrivent les principales fédérations professionnelles dans un communiqué.

(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 02/08/2024 à 20:30
Signaler
Les gens qui sont venus sont sportifs, ils marchent, marchent et n'ont pas envie de s'enfermer dans un taxi (les applis doivent bien aider à se déplacer dans une ville qu'on ne connait pas, c'est le progrès). Les transports en commun sont fluides, pa...

à écrit le 02/08/2024 à 10:00
Signaler
C'est une démonstration après les cafetiers, les hôteliers , et donc les taxis que finalement c'était bien une fête privée !

à écrit le 02/08/2024 à 8:03
Signaler
"Désabusés par les JO, les taxis demandent une compensation financière" Une compensation pour des licences de taxi gratuites qu'ils peuvent librement restituer aux métropoles à la retraite mais qu'ils préfèrent revendre illégalement (cf. fiscali...

à écrit le 02/08/2024 à 7:55
Signaler
On s'en sortira jamais si à la moindre baisse d'activité on demande l'état d'intervenir. Bon avec Lucie Castet va nous sauvés avec le programme nfp qui va complètement étatiser l'économie.

à écrit le 01/08/2024 à 23:38
Signaler
Moi aussi je suis déçu. J'avais espéré gagner beaucoup et ce n'est pas le cas. J'exige une compensation !... c'est devenu la logique dans ce monde: si on se plante dans ses prévisions, l'impôt du contribuable doit servir à compenser les pertes. Arrêt...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.