Dégradation de la note par S&P : les taux d'emprunt de la France restent pour l'instant imperturbables

Les taux d'intérêt auxquels la France emprunte sur les marchés financiers ne réagissaient pas lundi à l'abaissement de la note souveraine du pays par l'agence de notation S&P Global Ratings. La France est désormais notée « AA- », le quatrième cran sur l'échelle de l'agence de notation, avec une perspective stable.
S&P Global Ratings a noté vendredi la France « AA- », le quatrième cran sur l'échelle de l'agence de notation, avec une perspective stable.
S&P Global Ratings a noté vendredi la France « AA- », le quatrième cran sur l'échelle de l'agence de notation, avec une perspective stable. (Crédits : BRENDAN MCDERMID)

La dégradation de la note souveraine de la France par l'agence de notation S&P Global Ratings est, pour l'instant, sans conséquence pour les taux d'intérêt auxquels la France emprunte sur les marchés financiers.

Sur le marché obligataire, le rendement des obligations de l'Etat français à échéance 10 ans s'établissait à 3,10% vers 12H00 (10H00 GMT), en légère baisse par rapport à la valeur de clôture de vendredi. Les taux des autres pays de la zone euro reculent aussi lundi à l'approche de la réunion de la Banque centrale européenne qui devrait abaisser ses taux directeurs jeudi.

L'écart entre ce taux français et l'équivalent allemand (jugé comme la dette souveraine la plus sûre de la zone euro), un indicateur qui permet de mesurer la confiance des investisseurs, ne bougeait pas non plus. Cet écart, appelé « spread », s'était accru en mars après l'annonce d'un dérapage du déficit public, avant de se résorber en partie en avril.

Cette dégradation « ne devrait pas avoir de conséquences économiques notables », estime dans une note l'économiste d'Asterès Sylvain Bersinger, pour qui le juge de paix reste le taux d'emprunt d'un Etat sur les marchés.

Le risque inhérent à une rétrogradation est un mouvement de défiance des investisseurs et un alourdissement de la charge de la dette. Mais avec un double A même assorti d'un signe moins, la capacité de la France à honorer les échéances de sa dette reste « très forte » selon les critères de S&P, qui note la France depuis 1975.

Une dégradation en grande partie attendue

S&P Global Ratings a noté vendredi la France « AA- », le quatrième cran sur l'échelle de l'agence de notation, avec une perspective stable.

« La dégradation reflète notre projection que, contrairement à nos attentes précédentes, la dette publique française en proportion du PIB va augmenter en raison des déficits plus importants que prévus en 2023-2027 », a justifié S&P Global Ratings dans une analyse accompagnant la note, en rappelant que le déficit public français avait été en 2023  « nettement plus élevé que ce que nous avions prévu ».

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Pour Xavier Chapard, stratégiste chez le gérant d'actifs LBP AM, « cette dégradation était en grande partie attendue (S&P avait une perspective négative depuis longtemps) », et « cela aligne la note de la France avec celle de l'agence Fitch (l'agence Moody's conserve une note plus élevée d'un cran) et la notation de la France reste élevée ».  Il souligne néanmoins que « cela confirme la dégradation tendancielle des finances publiques de la France et le besoin d'ajustement budgétaire important ».

S&P est la première agence à avoir retiré à l'Hexagone en 2012 son emblématique « triple A », la meilleure note, symbole d'une excellente gestion, dont un petit cercle bénéficie encore, dont l'Allemagne et l'Australie. En avril, les deux autres principales agences internationales, Moody's et Fitch, n'ont pas revu à la baisse la note française.

Le gouvernement poursuit « dans la même voie »

Pour « revenir à des finances publiques saines », le gouvernement va « poursuivre exactement dans la même voie sans accélérer ni ralentir », a réagi samedi le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire dans une vidéo sur YouTube. « Il n'y aura pas de rigueur, il n'y aura pas d'austérité », a-t-il dit.

Sur BFMTV, il a ensuite fermement exclu toute hausse d'impôts en 2025, sur la ligne tenue par le chef de l'Etat  Emmanuel Macron. Le ministre souligne à l'inverse la nécessité de réduire les plus de 450 milliards d'euros de dépenses annuelles de l'Etat.

Il a mis en avant les 10 milliards d'euros d'économies dans les dépenses de l'État décidées début 2024, et sa volonté de trouver 10 mds de coupes supplémentaires dans l'année. Mais pour S&P, en l'état, « les réformes ne seront pas suffisantes pour permettre au pays d'atteindre ses objectifs budgétaires ».

Le déficit public a dérapé en 2023 à 5,5% du PIB au lieu de 4,9% attendus. Le risque de dégradation de la note souveraine - qui évalue la capacité d'un pays à payer ses dettes - planait depuis plusieurs trimestres, la précédente note « AA » étant assortie depuis décembre 2022 d'une « perspective négative ».

(Avec AFP)

Commentaires 9
à écrit le 05/06/2024 à 8:23
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Il ne faudrait pas que nos politiciens arrêtent de jeter les milliards dans les paradis fiscaux à tout va !

à écrit le 04/06/2024 à 7:29
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Bonjour, bon pour un changement de politiques economie ( remboursement de la dette ) . Notre pays vas devoir changer de politique sociale, certe cela ne sera pas simple , mais nous ne pouvons accepter toute la misere du monde et etre tres généreux ...

à écrit le 04/06/2024 à 1:03
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Vu l'état du Monde investir en France n'est pas plus stupide que d'investir ailleurs.

le 04/06/2024 à 14:50
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Oui, le laxisme budgétaire fait que la situation en France se délite moins vite que dans les pays anglo-saxons, en particulier les US en pleine crise de nerfs...

à écrit le 03/06/2024 à 17:13
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Il est fort regrettable que l'INSEE n'ait pas fait en sorte d'anticiper d'une semaine, compte tenu du risque connu de dégradation de la note souveraine par S&P et aussi des enjeux politiques des européennes, le chiffre de croissance rectifié pour l'a...

à écrit le 03/06/2024 à 17:13
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Il est fort regrettable que l'INSEE n'ait pas fait en sorte d'anticiper d'une semaine, compte tenu du risque connu de dégradation de la note souveraine par S&P et aussi des enjeux politiques des européennes, le chiffre de croissance rectifié pour l'a...

à écrit le 03/06/2024 à 16:58
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Il ne faudrait pas que nos politiciens arrêtent de jeter les milliards dans les paradis fiscaux à tout va !

le 03/06/2024 à 19:52
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Source de votre affirmation ?

le 05/06/2024 à 8:24
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"Panama's paper" vous allez pas quand même ce lien ? Non mais n'importe quoi hein... -_-

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