Déficit public : « Il n'y a pas de dérapage de la dépense de l'État », défend Emmanuel Macron

Par latribune.fr  |   |  807  mots
Emmanuel Macron a notamment réitéré son ambition de ramener le déficit public sous le seuil de 3% du PIB en 2027, dans les clous européens (photo d'archive). (Crédits : © LTD / CYRILLE GEORGE JERUSALMI POUR LA TRIBUNE DIMANCHE)
Le président de la République prévoit une nette amélioration de la croissance française au second semestre 2024, dans un entretien publié par L'Express ce mercredi. Emmanuel Macron a également dit vouloir maintenir le cap des réformes afin de redresser les finances publiques, défendant sa stratégie qui est « la bonne » selon lui et assurant qu'il « n'y a pas de dérapage de la dépense de l'État, son budget est même plutôt sous-consommé ».

C'est un chef de l'État qui s'affiche confiant pour l'avenir. Alors que la croissance du produit intérieur brut (PIB) français a atteint +0,2% au premier trimestre de 2024, « on devrait avoir un deuxième semestre 2024 bien meilleur », a déclaré Emmanuel Macron dans un entretien publié ce mercredi par le journal L'Express. Il n'est d'ailleurs pas le seul à être optimiste sur ce sujet. Début mai, l'OCDE a légèrement relevé sa prévision pour l'ensemble de l'année 2024, la faisant passer à 0,7% contre 0,6% en février. Ce qui serait toutefois encore en dessous du niveau de 2023, établi à 0,9% dans un contexte d'inflation et de taux élevés.

« L'inflation, par ailleurs, a atterri de manière très rapide, beaucoup plus rapide que par le passé. (...) Et ce, sans entrer en récession », a poursuivi le président de la République.

Elle s'est affichée à +2,2% en avril sur un an, après +2,3%, se rapprochant de plus en plus de la cible des 2% souhaité par la Banque centrale européenne (BCE). Si bien que ce contexte, alliant hausse de la croissance et baisse de l'inflation, pourrait conduire l'institution monétaire à baisser ses taux dès sa réunion du 6 juin prochain, selon notamment le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau.

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Macron maintient son cap

L'interview publiée ce mercredi a également été l'occasion pour le président français de revenir sur le sujet du déficit public. Celui-ci s'est creusé à 5,5% du PIB en 2023, contre 4,9% attendus, en raison de recettes plus faibles que prévu. Et pour 2024, il devrait atteindre 5,1%, là encore, plus que l'objectif initial de 4,4%.

« Hormis une dérive des dépenses initialement prévues qui est du fait des collectivités locales, il n'y a pas de dérapage de la dépense de l'État, son budget est même plutôt sous-consommé », a affirmé Emmanuel Macron.

Il a réitéré son ambition de ramener le déficit public sous le seuil de 3% du PIB en 2027, dans les clous européens. « Est-ce qu'il fallait changer de politique ? La réponse est non. Constance, cohérence, confiance : on garde le cap, car notre stratégie est la bonne », a affirmé le président français.

Et d'ajouter : « On va garder la même politique avec pour objectif, dans les années qui viennent, de pouvoir reprendre la baisse du déficit, revenir sous les 3% comme prévu au niveau européen d'ici à 2027 et commencer à réduire la dette ».

Il a également défendu ses réformes économiques et sa stratégie politique caractérisée notamment par des baisses d'impôts. Il a ainsi répété son engagement de réduire de 2 milliards d'euros les impôts des classes moyennes en 2025. Mi-avril pourtant, le président du Haut Conseil des finances publiques (HCFP), avait alerté sur le fait que les caisses étaient vides. « Dans la situation compromise de nos finances publiques, nous n'avons pas, en réalité, les moyens faire des baisses d'impôts sèches », avait déclaré Pierre Moscovici. « Le gouvernement est libre de voter des baisses d'impôts naturellement », mais « il faut absolument qu'elles soient compensées par des économies supplémentaires qui doivent être incluses dans l'équilibre », avait-il rappelé. Sans visiblement être entendu par le chef de l'État.

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Un « Choose France » français

Le président de la République s'est félicité par ailleurs du record de 15 milliards d'euros d'investissements étrangers, pour 10.000 emplois à créer, enregistré la semaine dernière au 7e sommet Choose France au château de Versailles. « En parallèle, il existe une véritable politique de réindustrialisation et d'investissement des entreprises » françaises, a-t-il souligné, citant Blue Solutions, filiale du groupe Bolloré qui construira une usine de batteries dans l'est, ou le groupe pharmaceutique Sanofi qui investira un milliard d'euros à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne).

Emmanuel Macron a d'ailleurs annoncé, sans autre précision, le lancement prochain d'un « sommet Choose France dédié aux entreprises françaises » investissant en France, « pour mieux valoriser ce choix du site productif France ».

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Il a enfin déclaré que « dix nouvelles usines vont sortir de terre dans les prochains mois ». Il s'agit de startups, PME et ETI françaises, lauréates de la dernière vague de l'appel à projets « Première usine » du plan France 2030, qui vise à encourager l'innovation. Ces usines produiront notamment « de l'acier décarboné » à Fos-sur-Mer (région Provence-Alpes-Côte d'Azur), « des composites » à Pont-Sainte-Maxence (Hauts-de-France) ou Avrillé (Pays de la Loire) « ou encore des moteurs pour satellites » à Palaiseau (Ile-de-France).

(Avec AFP)