Déficit excessif : Bruno Le Maire s'affiche déterminé à rétablir les comptes de la France

Par latribune.fr  |   |  815  mots
Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, a de nouveau exclu toute hausse d'impôts pour rétablir les finances publiques de la France. (Crédits : Reuters)
En pleine campagne des élections législatives anticipées, le lourd déficit public de la France met en difficulté le gouvernement. Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, s'est dit mercredi déterminé, en cas de victoire de la majorité présidentielle, à poursuivre le redressement des finances publiques du pays.

Le déficit public de la France s'invite dans la campagne des législatives anticipées, après avoir fait les gros titres en avril en raison de son dérapage en 2023 - il s'est élevé à 5,5% du produit intérieur brut (PIB) contre 4,4% initialement prévu par le gouvernement.

Depuis ce mercredi, l'annonce de la Commission européenne d'ouvrir la voie à des procédures pour déficits publics excessifs contre sept pays de l'UE, dont la France, l'a en effet remis au cœur des débats, à dix jours du premier tour du scrutin.

Dans ce contexte, le ministre de l'Économie et des Finances, qui n'est toutefois pas candidat, est monté au créneau. Bruno Le Maire, s'est dit déterminé, en cas de victoire de la majorité présidentielle, à poursuivre le redressement des finances publiques.

« On a dépensé pour protéger face au Covid et à l'inflation, maintenant (...) c'est un moment où il faut rétablir les finances publiques. J'ai commencé à le faire et je compte bien poursuivre dans cette direction », a-t-il déclaré sur LCI mercredi.

Pour ce faire, l'exécutif a déjà présenté son plan d'action. Il prévoit un effort budgétaire de 20 milliards d'euros supplémentaires en 2024, puis encore 20 milliards en 2025, excluant toute hausse d'impôts. Une ligne rouge réitérée par le ministre ce mercredi. « Il faudra dans le budget 2025, si nous sommes encore en responsabilité, faire les économies nécessaires pour revenir sous les 3% de déficit en 2027 (ndlr : le seuil fixé par Bruxelles) et sortir de cette procédure » de déficit excessif, a-t-il insisté.

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Argument de campagne

Bruno Le Maire en a profité pour égratigner les programmes de ses principaux rivaux, le Rassemblement National (RN), donné favori par les sondages, et le Nouveau Front populaire (NFP), l'alliance de la gauche bien placée pour décrocher la deuxième place.

« Là où les programmes des oppositions sont totalement à contretemps, c'est qu'au moment où il faut rétablir les finances publiques, l'extrême droite comme l'extrême gauche proposent d'augmenter les dépenses publiques », a déploré le ministre.

Déjà mardi, il a assuré dans les colonnes du Monde que le pays connaîtra « une crise de la dette, si leurs programmes étaient intégralement appliqués », fustigeant l'« insoutenable légèreté financière » de leurs propositions.

Il a été appuyé à ce petit jeu par le ministre délégué chargé des Comptes publics, Thomas Cazenave. Ce dernier a également pointé du doigt, sur Franceinfo, les propositions du RN et du NFP. « J'ai l'impression qu'à la fois à l'extrême droite et à l'extrême gauche, on a complètement oublié les finances publiques et qu'on fait promesses sur promesses dans un concours démagogique », a déploré le ministre, qui est pour sa part candidat à sa réélection à l'Assemblée nationale.

Les programmes du RN et du NFP ont aussi fait l'objet de réserves de la part d'acteurs du monde économique ou d'experts. « Plusieurs mesures proposées par le Nouveau Front Populaire et le Rassemblement national apparaissent inappropriées et même dangereuses pour l'économie française, la croissance et l'emploi », a notamment prévenu le Medef ce jeudi.

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Le gouvernement taclé par les institutions internationales

Des allégations auxquelles a répondu la socialiste Valérie Rabault, ancienne vice-présidente de l'Assemblée nationale, dans un entretien au journal Les Echos mardi. Elle a indiqué que la trajectoire budgétaire du NFP prévoit « un déficit de 5,7% du PIB cette année, puis 5,4% en 2025 et 5,1% en 2026 avant d'atterrir à 3,6% en 2029 ». Et d'ajouter : « Certes, nous allongeons les délais pour le rétablissement des comptes publics. Mais on ne peut pas m'accuser (...) de ne pas être [vigilante] sur l'état des finances publiques. Il faut comprendre que l'urgence, c'est de relever l'économie française ». Ces chiffres sont toutefois contestés par la France insoumise, l'une des composantes principales de l'alliance de gauche.

Ce chiffrage s'avère en tout cas plus en accord avec les prévisions faites par les grandes instances économiques que celui du gouvernement. Ainsi, la Commission européenne et le Fonds monétaire international (FMI) estiment que le déficit français devrait atteindre 5,3% cette année, quand l'exécutif s'attend à 5,1%. Sur le plus long terme, l'objectif du gouvernement de revenir sous les 3% à la fin du quinquennat est largement balayé par le FMI qui table sur 4,5% de déficit en 2027. Sans avoir donné de chiffres, le Haut Conseil des finances publiques (HCFP) a, de son côté, jugé que les prévisions de l'exécutif manquent de « crédibilité (et de) cohérence ».

(Avec AFP)