![Le rythme des créations d'emplois a flanché depuis 2021.](https://static.latribune.fr/full_width/2405651/france-travail.jpg)
Le marché du travail pourrait légèrement tanguer en 2024. Après avoir atteint un point bas au début de l'année 2023, la courbe du chômage n'a cessé de grimper. Le taux de chômage au sens du Bureau international du travail (BIT) pourrait ainsi passer de 7,1% au T1 2023 à 7,6% à la fin de l'année 2024, selon la dernière note de conjoncture de l'Insee dévoilée ce mardi 9 juillet.
En 2024, la hausse du chômage en rythme annuel (+0,1%) serait moins élevée qu'en 2023 (+0,4%) mais elle témoigne d'un vrai coup de frein de l'activité et de la fin du « quoi qu'il en coûte ». Avec la fermeture du robinet des aides Covid et de moindres subventions à l'apprentissage, les entreprises ont réduit la voilure sur les embauches. Fixée comme une priorité par Emmanuel Macron, la promesse « plein emploi » s'éloigne toujours plus.
Coup de frein brutal des créations d'emplois...
Le rythme des créations d'emplois s'est considérablement réduit ces dernières années. Après le pic exceptionnel du rebond post-Covid (889.000), les créations de postes ont chuté à 513.000 en 2022 et 270.000 en 2023. S'agissant de 2024, l'institut de statistiques tablent sur 185.000 postes. Outre le coup de frein de la croissance, la population active peut également jouer un rôle sur la hausse du chômage. « La population active augmenterait légèrement plus vite que l'emploi en raison de la montée en charge de la réforme des retraites », souligne Dorian Roucher, chef du département de la conjoncture à l'Insee.
Le décalage de l'âge de départ à la retraite de 62 ans à 64 ans a en effet provoqué un sursaut de la population en âge de travailler. Dans de récentes projections, l'Insee avait calculé que l'entrée en vigueur de la réforme ferait bondir la population active de 150.000 chaque année jusqu'en 2030. Ce qui est loin d'être négligeable compte de la croissance du PIB particulièrement atone.
...et un redressement des gains de productivité
Les années post-Covid ont eu des répercussions majeures sur les gains de productivité en France. Pendant plusieurs trimestres, la croissance de l'emploi a été supérieure à celle de l'activité. Résultat, la croissance riche en emplois a plombé les gains de productivité. L'économie tricolore a créé certes des emplois à tour de bras mais à faible valeur ajoutée. A cela se sont ajoutées les embauches massives d'apprentis et la rétention de main-d'oeuvre des entreprises confrontées à des difficultés de recrutement.
Compte tenu du manque de main-d'oeuvre qualifiée, les entreprises ont eu parfois recours à des profils moins compétents pour répondre à leurs besoins. Le coup de frein de l'emploi moins qualifié permettrait un redressement des gains de productivité. La productivité par tête n'a pas encore retrouvé le niveau d'avant-Covid en moyenne. Dans le tertiaire marchand, la richesse produite par salarié a quasiment retrouvé son niveau de 2019. En revanche, la productivité dans l'industrie et la construction sont toujours dans le rouge. Un défi pour ces deux secteurs particulièrement frappées par les récentes crises (Covid, guerre en Ukraine, énergie).