Budget : les motions de censure de LFI et du RN rejetées par l'Assemblée nationale

La motion, soutenue par la gauche et le RN, a recueilli 222 voix, loin de la majorité absolue de 289 voix nécessaire pour faire tomber le gouvernement de Gabriel Attal. Celle du RN n'a rassemblé que 89 voix. Les groupes LFI et RN ont déposé ces motions pour protester contre les coupes budgétaires du gouvernement de 10 milliards d'euros par décret au mois de février, sans soumettre un projet de loi de finances rectificative au Parlement.
L'Assemblée nationale a rejeté ce lundi une motion de censure déposée par LFI (photo d'illustration).
L'Assemblée nationale a rejeté ce lundi une motion de censure déposée par LFI (photo d'illustration). (Crédits : Reuters)

[Article publié le lundi 03 juin 2024 à 16h33 et mis à jour à 16h50] L'Assemblée nationale a rejeté successivement deux motions de censure déposées par LFI et le RN, qui entendaient dénoncer la situation budgétaire du pays à six jours des élections européennes.

La motion, soutenue par la gauche et le RN, a recueilli 222 voix, loin de la majorité absolue de 289 voix nécessaire pour faire tomber le gouvernement de Gabriel Attal. Celle du RN n'a rassemblé que 89 voix. Pour rappel, une motion a besoin de recueillir la majorité absolue de 289 voix pour renverser un gouvernement.

Le Premier ministre Gabriel Attal a reproché à LFI et au RN « d'exécrer l'Europe » et de former « une communauté d'intérêts au service de l'instabilité » politique et économique avant les européennes et les Jeux olympiques. « La France n'a aucune difficulté à se financer. Et surtout, nous ne gouvernons pas pour les agences de notation mais pour les Français », a-t-il affirmé.

Auparavant, LFI a accusé le « macronisme » d'être en « faillite », en raison d'un « sabotage fiscal » favorable aux « ultrariches ». « Vous n'échapperez pas à la censure populaire car le vote de dimanche commencera l'après-Macron ! », a lancé le député insoumis Matthias Tavel à Gabriel Attal.

Le Rassemblement national s'en est pris pour sa part aux députés Les Républicains (LR), en reprochant à la droite de ne pas soutenir ces motions de censure et de« sauver la tête d'Emmanuel Macron ».

« Il faut que LR arrête de se présenter comme des opposants. Ils sont désormais des supplétifs voire pour certains de futurs alliés », a lancé Marine Le Pen devant la presse.

A la tribune, le chef des députés LR Olivier Marleix a balayé ce reproche. « Personne évidemment n'est dupe de la finalité de ces deux motions à quelques jours » des européennes, a-t-il lancé. « Elles font partie de ce que le général de Gaulle appelait les jeux, les poisons et les délices parlementaires ».

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« Seuil d'alerte »

Les groupes LFI et RN ont déposé ces motions pour protester contre les coupes budgétaires du gouvernement de 10 milliards d'euros par décret au mois de février, sans soumettre un projet de loi de finances rectificative au Parlement. Vendredi, la France insoumise a été la première à dégainer sa motion, cosignée par les communistes et des écologistes. Les 106 signataires de gauche entendaient contester « la mise en place d'une austérité sans précédent », « insupportable sur le plan social et inefficace sur le plan budgétaire ». La gauche dénonce aussi le « surgel de 10 milliards d'euros supplémentaires » que le gouvernement cherche à « annuler avant la fin de l'année ».

Le RN, qui a ensuite déposé sa propre motion vendredi, avait confié son intention de voter celle de LFI pour tenter de faire tomber le gouvernement, avait dit Marine Le Pen. Mais sans le soutien de LR, la tentative de censure avait peu de chance d'aboutir.

Dans sa propre motion, le Rassemblement national accuse le gouvernement d'avoir « volontairement sous-évalué » le déficit et souligne que la dette publique a « atteint un seuil d'alerte ». Néanmoins, la motion du RN ne présente aucun risque pour le gouvernement de Gabriel Attal, puisque la gauche n'a pas l'intention de la soutenir.

LFI et RN avaient prévenu qu'ils déposeraient une motion de censure en l'absence de projet de loi de finances rectificative, reprochant à l'exécutif de ne pas soumettre au Parlement ses coupes budgétaires.

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Note dégradée

La dégradation de la note de la France de « AA » à « AA » par l'agence de notation S&P Global Ratings vendredi soir est venue rajouter de l'huile sur le feu et a poussé les oppositions a dénoncé la « gestion catastrophique » des finances publiques par le gouvernement. Et pour cause, il s'agit d'une première depuis 2013.

« La gestion catastrophique des finances publiques par des gouvernements aussi incompétents qu'arrogants a mis notre pays dans de très graves difficultés cumulant records d'impôts, de déficit et de dettes », a notamment dénoncé sur X la cheffe des députés du Rassemblement national Marine Le Pen.

Pour le patron des Républicains Eric Ciotti, la France est « sanctionnée pour ses errements et ses inconséquences budgétaires », écrit-il sur le même réseau social, dénonçant « la piteuse gestion des finances publiques du duo Macron/Le Maire », tandis que la présidente LR de la région Ile-de-France Valérie Pécresse s'est indignée : « Ils ont cramé la caisse, et maintenant ? À quand le courage de la bonne gestion et une remise en ordre dans nos comptes ? ».

Pour le président LFI de la commission des Finances de l'Assemblée nationale Eric Coquerel « il ne fait aucun doute que le Gouvernement va se servir de cette décision pour justifier de nouvelles coupes budgétaires ». « Les seuls résultats à attendre seront la dégradation de nos services publics et la réduction de nos moyens pour répondre aux urgences climatiques et sociales », a-t-il ajouté.

Le député Debout la France Nicolas Dupont-Aignan a déploré « la gestion calamiteuse des finances publiques du gouvernement », estimant qu'il était « temps » pour le ministre des Finances Bruno Le Maire « de démissionner et le reste du gouvernement avec ». Il a appelé les députés à « voter la motion de censure ce lundi ».

(Avec AFP)

Commentaires 12
à écrit le 03/06/2024 à 20:57
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Les LR ne déçoivent jamais...

le 03/06/2024 à 21:09
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LR est contre les hausses d’impôts et aussi contre la desindexation des retraites. Sauf que les retraites augmentent plus vites que les salaires qui les financent, donc elles sont financées par de la dette, donc des nouveaux impôts.

à écrit le 03/06/2024 à 20:40
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les LR supplétif du gouvernement. toujours là pour sauver le gouvernement et après ils sont à la TV des opposants à Macron lollll des traitres, des rigolos qui comme Pecresse Xavier Bertrand .. ne rêvent qu à un poste de ministre de Macron.

à écrit le 03/06/2024 à 19:50
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Le FN/RN de Jordan Bardella s'oppose à des coupes budgétaires et dans le même temps fustige la "Dette"! C'est pas trop des "cadors" en economie au FN/RN de Jordan Bardella, mais à un moment si on veut réduire les dettes, il faut faire des économies...

le 05/06/2024 à 10:33
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Ce n'est pourtant pas bien difficile à comprendre : le RN envisage d'autres coupes budgétaires que celles proposés par les "mozarts" de la finance au gouvernement.

à écrit le 03/06/2024 à 17:55
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Bonjour, nous remercions la droite et les écolos de ne pas avoir donner sont concours... Nous nous en rappellerons, au européenne et a la présidentielle...

le 03/06/2024 à 19:46
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Assez drôle les arguments des oppositions quand on lit leur programme ultra dépensier que ce soit celui du RN et de LFI.

à écrit le 03/06/2024 à 17:52
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Dommage !

à écrit le 03/06/2024 à 17:44
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Aucun sur le fond souhaite un chamboulement. Malgré le blabla le RN ne sera pas aux manettes le risque serait trop grand économiquement LFI parti révolutionnaire non démocratique n'aura jamais une majorité même relative la NUPES étant un miroir aux a...

le 05/06/2024 à 10:36
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En Italie, le risque était encore plus grand avec Fratelli d'Italia et pourtant Meloni est au pouvoir.

à écrit le 03/06/2024 à 17:27
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Entre européistes nous n'allons pas nous chamailler, cela donnerait un motif de "frexit" ! ;-)

à écrit le 03/06/2024 à 17:19
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Dirigeants et opposants sont les deux faces d'une même pièce.

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