La France, terre d'artisans. 250.660 nouvelles sociétés artisanales ont été créées en 2023 dans l'Hexagone, selon la dernière édition du « Baromètre de l'artisanat », publié ce jeudi, et réalisé par l'Institut supérieur des métiers (ISM) et l'assureur Maaf sur la base des données de l'Insee et des textes publiés au Bulletin officiel des annonces civiles et commerciales. C'est en léger repli par rapport aux 252.550 créations de l'année précédente (-1%), mais la dynamique reste bonne car au-dessus des 250.000, seuil dépassé pour la première fois justement en 2022.
Malgré ce léger ralentissement des créations d'entreprises artisanales, « les chiffres restent globalement à un niveau supérieur » à ceux d'avant la pandémie de Covid-19, « et cela dans l'ensemble des familles d'activité » (alimentation, BTP, fabrication et services), soulignent les deux structures.
Ainsi, le lancement d'activités artisanales a représenté un petit quart (24%) des créations d'entreprises en France en 2023, une proportion stable sur un an. En effet, 1.051.500 nouvelles entreprises ont été créées l'année dernière dans le pays, d'après les chiffres de l'Insee. Un chiffre qui reste élevé, bien qu'en légère diminution sur un an (-1%), selon l'institut.
Repli général sauf dans les services
Dans le détail, bien que l'artisanat recouvre « plus de 300 activités différentes », les deux tiers des créations d'entreprises se concentrent dans « vingt secteurs principaux ». Et l'ISM et la Maaf expliquent que « les évolutions sectorielles sont contrastées ».
« Si les chiffres des créations poursuivent leur envol dans l'artisanat des services (+8%) », qui pèse à lui seul près de la moitié des créations de sociétés artisanales, « un repli sévère est observé dans l'artisanat du BTP (-8%), l'artisanat de l'alimentation (-7%) et celui de fabrication (-5%) ».
Avec 38.010 entreprises artisanales créées en 2023, le secteur du nettoyage est le plus dynamique, devançant largement les taxis/VTC (15.390) et les soins de beauté (15.230).
Un peu d'inquiétude néanmoins
Les auteurs du baromètre identifient tout de même un « sujet d'inquiétude ». À savoir la baisse brutale des cessions de fonds de commerce (qui sont considérées par l'ISM et la Maaf comme une forme de création d'entreprise), au nombre de 8.210 en 2023 contre 9.150 en 2022.
« Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette tendance, notamment le recul de l'activité en 2023 dans de nombreux secteurs qui a pu entraîner la frilosité des vendeurs comme des repreneurs. La hausse des taux d'intérêt bancaires est un autre frein », peut-on lire dans l'étude.
Le recul global de l'activité en 2023 a aussi eu pour conséquence de faire grimper le nombre des défaillances de ces entreprises artisanales. 23 381 ont mis la clé sous la porte l'année dernière, soit une hausse de +35,2% par rapport à l'année précédente.
« Cette flambée de la sinistralité concerne certes tous les secteurs de l'économie (selon le bilan dressé par Altares, la progression générale a été de 36%). Mais contrairement à la hausse précédemment observée en 2022, ces mauvais chiffres ne sont pas un simple rebond lié à la sortie du contexte de crise sanitaire et à la fin des mesures exceptionnelles de soutien économique aux entreprises. Ils s'inscrivent en contrecoup de la dégradation de l'activité » dont ont notamment été victimes les entreprises artisanales, comme expliqué par l'ISM dans un bilan publié fin avril.
Surtout, ce niveau s'est même révélé supérieur à celui de 2019, avant la crise liée au Covid-19 (21.075 défaillances d'entreprises artisanales). Et même de 2018 dans l'artisanat et le commerce de l'alimentation, et l'artisanat des services.
(Avec AFP)
