À Bercy, dernier coup de rabot avant la sortie

Bruno Le Maire a diligenté 10 milliards d’euros d’économies et de recettes cette semaine. Son ultime décision pour tenir le cap de la réduction du déficit public.
Bruno Le Maire sur l’héliport de Bercy le 30 mai 2017, quelques jours après sa nomination.
Bruno Le Maire sur l’héliport de Bercy le 30 mai 2017, quelques jours après sa nomination. (Crédits : © LTD / JOEL SAGET / AFP)

Il veut quitter Bercy en laissant la maison rangée — quoiqu'en déficit persistant. Après un bail de sept ans (le plus long de la Ve République à ce poste), Bruno Le Maire anticipe son état des lieux de sortie, prenant d'ultimes décisions pour redresser les comptes du pays. Dans une lettre adressée jeudi à ses collègues du gouvernement, le ministre de l'Économie leur a signifié le gel de 5 milliards d'euros de dépenses ministérielles, auquel s'ajoute une coupe de 2 milliards dans les crédits aux collectivités locales. Et il a préparé une taxation des profits des entreprises de l'énergie de 3 milliards d'euros — qui nécessitera, elle, un vote au Parlement.

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Une opération de nettoyage in extremis destinée à réduire le déficit à 5,1 % du PIB cette année, après le trou inattendu de 5,5 % l'an dernier. Cet effort estival s'ajoute à la suppression de 10 milliards de crédits actée en février et au relèvement de la taxe sur l'électricité (pour 5 milliards d'euros) à la même période. Du jamais-vu en plein cours d'année.

Un projet de budget 2025 quasi prêt à l'emploi

Le temps presse. Comme tous les autres ministres, Bruno Le Maire devrait voir son pouvoir d'initiative suspendu dans quelques jours, quand Emmanuel Macron acceptera la démission du gouvernement. Dès lors, en attendant l'arrivée d'un successeur, à une date imprévisible, aucune décision de nature politique ne sera plus autorisée. Se voulant irréprochable, le grand argentier va également laisser un projet de budget 2025 quasi prêt à l'emploi, permettant de faire les 20 milliards d'euros d'économies prévues : « Je travaille sur une copie pour tenir nos objectifs », a-t-il expliqué à la presse. Autrement dit, la cible reste un déficit à 3 % du PIB en 2027.

Sera-t-elle vraiment conservée par celui ou celle qui prendra sa succession ? Concrètement, le cabinet de Thomas Cazenave, ministre délégué aux Comptes publics, fournira à l'équipe suivante une série d'options techniques, parmi lesquelles elle fera son marché. Le calendrier est serré. En principe, le Premier ministre (quel qu'il soit) doit signer début août les plafonds de dépense pour 2025. Selon la Constitution, le projet de loi de finances doit être déposé début octobre à l'Assemblée.

Effectuant un dernier tour des locaux, Bruno Le Maire a réuni les directeurs de Bercy pour souligner leur rôle dans la période qui vient. « C'est l'État qui tient le pays, les Français comptent sur vous », a-t-il dit, selon un témoin. Une façon de faire ses adieux aux hauts fonctionnaires du ministère. Cette semaine, il a aussi déjeuné avec Gérald Darmanin et vu Gabriel Attal.

Pour le ministre de l'Économie, pas question de participer à un gouvernement de coalition

Pas question pour l'ancien élu de l'Eure de poursuivre l'aventure. L'hypothèse de participer à un gouvernement de coalition l'horripilerait. Car toute entente avec la gauche — voire avec LR — obligerait à faire des concessions impensables pour lui. « Il a fait des baisses d'impôts, une politique de l'offre. Quelle que soit la nouvelle majorité, il faudra lâcher quelque chose. Augmenter l'ISF ? Il ne peut pas cautionner cela », explique un de ses amis.

Bruno Le Maire ne cesse de prévenir : « Le projet économique du Nouveau Front populaire représente un danger vital pour la France. Les recettes et hausses d'impôts prévues s'approchent du vol. Ce programme est irréaliste et spoliateur. » Et d'anticiper un atterrissage brutal pour la gauche, si elle vient à gouverner : « Ce sera, quoi qu'il arrive, un retour au réel après les illusions et les promesses. »

Le futur exécutif verra-t-il les nuages s'amonceler à l'horizon 2025 ? Le ministre considère que l'activité économique risque de souffrir des incertitudes d'après législatives. L'absence de majorité absolue est synonyme d'absence de cap politique. La CPME (fédération des PME) a déploré « trois mois de croissance perdus » à cause de l'attentisme né de la séquence électorale.

Après un été ragaillardi par les Jeux olympiques, la croissance à l'automne sera davantage stimulée par les exportations que par la consommation, selon les derniers chiffrages de l'Insee. Ce qui signifie un tassement des recettes de TVA. Les caisses de l'État restent ainsi menacées d'un accès de faiblesse. La France finira l'année au petit trot et entamera la suivante sans élan. L'hypothèse d'une progression du PIB de 1,4 % l'an prochain — prévision actuelle du gouvernement — devient plus incertaine. D'ici là, beaucoup de choses auront changé.

Commentaires 5
à écrit le 15/07/2024 à 8:27
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comment peut on ecrire une chose pareille ? Le Maire c est 1000 milliard de dette supplementaire ! Refuser d augmenter les impots sans baisser les depenses c est n importe quoi-. Et quand il projette de baisser les depenses c est juste un coup de rab...

à écrit le 14/07/2024 à 19:13
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1000 milliards de dette en 7 ans.... Tout gouvernement serait capable de créer 2 millions d'emplois avec ça. L'activité la plus rentable en France pour l'état est l'emploi. Sur chaqun, la marje est de 70% avant impôts. Je vous invite à faire le calcu...

à écrit le 14/07/2024 à 10:11
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Je plains le prochain gouvernement, vu l'ardoise salée (800 milliards d'euros d'endettement supplémentaire) que nous a laissé le couple Macron-Le Maire.

le 14/07/2024 à 12:23
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Vous avrez la même situation chez les anglais, les espagnols les pays pas.. avec le covid ils sont tous passés de moins de 60% d’endettement à 100%… l Italie de 134 à 143%… le problème il date de 25 ans .. le dernier a avoir été sous les 60% c est ...

le 14/07/2024 à 12:23
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Vous avrez la même situation chez les anglais, les espagnols les pays pas.. avec le covid ils sont tous passés de moins de 60% d’endettement à 100%… l Italie de 134 à 143%… le problème il date de 25 ans .. le dernier a avoir été sous les 60% c est ...

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