Nos critiques cinéma de la semaine

« Maria », de Jessica Palud, « Six Pieds sur terre », de Karim Bensalah : découvrez nos critiques cinéma de la semaine.
Maria, de Jessica Palud.
Maria, de Jessica Palud. (Crédits : © LTD / Haut et court)

« MARIA » : LA JEUNE FILLE ET LE « TANGO ». 2,5 ⭐ /4

Ce que raconte Maria, le nouveau film de Jessica Palud, n'est pas un scoop. On sait depuis longtemps déjà que le tournage, il y a cinquante-deux ans, du Dernier Tango à Paris, du cinéaste italien Bernardo Bertolucci, fut un calvaire pour son actrice principale, Maria Schneider. Avec notamment une scène sexuelle, particulièrement scandaleuse et non prévue dans le scénario initial, qui marqua la jeune femme à vie.

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Elle en parla d'ailleurs immédiatement dans des entretiens publics, refusant de se taire et interpellant sans ménagement le milieu du cinéma et son omerta. Ce biopic restitue donc fidèlement une époque et ses errements, prenant également appui sur le livre que la journaliste Vanessa Schneider, cousine de l'actrice, fit paraître en 2018 sous le titre Tu t'appelais Maria Schneider (Grasset). Il y aura un avant et un après dans la carrière de la fille de l'acteur Daniel Gélin, un après envahi par la toxicomanie mais d'où émergent malgré tout quelques films, dont le splendide Profession: reporter de Michelangelo Antonioni avec Jack Nicholson. Il était certes difficile pour toutes ces raisons de ne pas montrer le tournage du Dernier Tango à Paris. Jessica Palud ne s'est pas dérobée, mais le résultat est incertain : Matt Dillon dans la peau de Marlon Brando ne parvient pas à convaincre. Qui cependant pourrait vraiment incarner Brando à l'écran ? De même que la reproduction des scènes d'un film aussi célèbre dans un autre film relevait du pari fou. Reste un casting porté à chaque plan par Anamaria Vartolomei, révélée dans L'Événement, d'Audrey Diwan, en 2021. Elle incarne Maria Schneider avec une conviction et une force impressionnantes.

Maria, de Jessica Palud, avec Anamaria Vartolomei, Céleste Brunnquell, Matt Dillon, Yvan Attal. 1h42. Sortie mercredi.

« SIX PIEDS SUR TERRE » : CROQUE LA VIE. 2,5 ⭐ /4

Fils d'un ex-diplomate algérien, Soufiane poursuit ses études en France mais refuse d'être assigné à ce pays de résidence aussi bien qu'à la religion musulmane de sa famille. Karim Bensalah, avec Six Pieds sur terre, aurait pu se contenter de creuser un filon identitaire que le cinéma français exploite avec application. Heureusement, il parvient à s'en détacher de temps à autre grâce à des variations malicieuses sur le métier qu'est obligé d'exercer son héros pour ne pas être expulsé de France : salarié d'une entreprise de pompes funèbres musulmane. Soufiane doit alors osciller sans cesse entre obligations professionnelles (la toilette mortuaire, par exemple) et son refus d'adhérer pleinement à tout le rituel religieux qu'il doit théoriquement suivre et appliquer à la lettre. Un pied dedans, un pied dehors, c'est ainsi qu'il lui faut apprendre à composer avec le réel d'un côté et ses certitudes de l'autre. C'est quand il assume pleinement d'être un film d'apprentissage que Six Pieds sur terre prend son envol et son intérêt. Il s'en dégage alors un charme indéniable, sur le fil du rasoir, entre la banalité quotidienne de la mort et le désir de vivre librement que Soufiane affiche contre vents, parents, employeurs et traditions.

Six Pieds sur terre, de Karim Bensalah, avec Hamza Meziani, Kader Affak, Souad Arsane. 1h36. Sortie mercredi.

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