On dirait presque une déclaration d'amour tant l'exposition « Populaire ? » magnifie nos objets du quotidien. Témoins d'un passé souvent lointain, parfois proche, ils expriment à eux seuls ce que nos civilisations ont laissé comme traces dans l'Histoire.

« Lorsque j'ai découvert tous ces objets dans les réserves du musée, confie avec enthousiasme Pierre-Olivier Costa, président du Mucem depuis 2022, je me suis dit qu'il fallait les montrer au public. Ils racontent leurs liens avec les hommes. »

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Avec cette nouvelle exposition permanente imaginée à l'occasion de ses 10 ans, le musée sort de ses réserves 1 200 objets, parmi le million de pièces et documents conservés. Et, dès l'entrée dans l'exposition, le ton est donné. Une joyeuse profusion d'objets hétéroclites évoque nos coutumes, nos artisanats, notre quotidien.

Ici un berceau, là un violon, ailleurs des cuillères en bois. « De nos jours, il n'y a plus de grenier, de maison de famille, constate Vincent Giovannoni, l'un des conservateurs ayant participé à l'exposition. Notre musée est le grenier de notre pays avec tous ces objets porteurs des souvenirs communs, restitués aux générations qui viennent. Ils racontent de multiples histoires réactivées par les visiteurs et leurs souvenirs. »

Tel un itinéraire artistique, le parcours s'organise autour des formes d'expression le plus souvent destinées aux beaux-arts : la peinture, l'architecture, la sculpture, la mode et le verre. « La théorie est importante, mais cette approche permet de mieux comprendre les objets, d'entrer directement en contact avec eux », explique Amélie Lavin, elle aussi conservatrice au Mucem. De salle en salle se côtoient des peintures religieuses, des ex-voto et des objets de dévotion domestiques datant du XVIIe siècle ; ce nouvel accrochage révélant les liens entre croyances et cultures. « Un musée de société est par nature humaniste », précise Vincent Giovannoni.

La visite se poursuit autour de décors de théâtre, d'une charrette peinte, d'un pochoir de l'artiste Miss.Tic, symbole des écritures urbaines contemporaines. Le musée possède d'ailleurs le plus grand fonds public dans le domaine du graff.

J'ai oublié la rigueur habituelle pour que le public s'émerveille

Sylvie Jodar, scénographe

Plus loin, les murs sont colorés, découpés, un intérieur breton de 1938 est reconstitué d'une façon étonnante. La scénographe Sylvie Jodar résume son approche en un mot : liberté. « J'ai eu envie de mettre des chaises au plafond, de dessiner des arcades, de choisir des teintes très colorées. J'ai oublié la rigueur habituelle pour que le public s'émerveille. »

Quant à la section sculpture, elle est, elle aussi, des plus hétéroclites. On y observe une surprenante typologie d'objets comprenant des reliquaires en pierre du IXe siècle, des figurines des Beatles, des masques de carnaval sardes et des carrousels pour adultes. Arrivent ensuite les textiles, robes ottomanes, portugaises ou bretonnes minutieusement brodées. « Ces vêtements se situent au carrefour de l'expression de l'intimité et du fait social, témoigne Amélie Lavin. La mode est conditionnée par la manière dont on veut construire la silhouette à travers les époques. » Dans une dernière vitrine trône une boule à neige de la Bonne Mère, surnom donné à la basilique Notre-Dame-de-la-Garde à Marseille, un symbole voire l'icône architecturale de la ville, que tout bon Marseillais respecte.

Fin de parcours pour une exposition permanente dont l'ambiance hétéroclite ne gâche en rien le contexte scientifique et patrimonial des collections du musée. Et Vincent Giovannoni de conclure : « Avec cette nouvelle présentation, le Mucem retrouve ses racines populaires et s'adresse ,simplement aux gens. Il invente un Louvre du peuple.» ■