« Pax Massilia », un polar explosif à Marseille

Pour Netflix, le réalisateur Olivier Marchal signe « Pax Massilia », une série sur fond de guerre des gangs. Reportage sur la Canebière.
Olivier Barthélémy, Idir Azougli, Tewfik Jallab, Lani Sogoyou et Jeanne Goursaud interprètent les policiers marseillais.
Olivier Barthélémy, Idir Azougli, Tewfik Jallab, Lani Sogoyou et Jeanne Goursaud interprètent les policiers marseillais. (Crédits : @ LAURENT LE CRABE/ NETFLIX)

« Je vous préviens, ça bouge beaucoup, ça secoue même ! J'espère que ça vous plaira... » Mercredi soir, Olivier Marchal annonce la couleur aux spectateurs massés dans une salle de l'Artplexe Canebière, un cinéma au look moderne situé à quelques centaines de mètres du Vieux-Port. Un avertissement de circonstance. Car sa nouvelle série tranche avec l'atmosphère festive - option paillettes, cocktail et tapis rouge - qui règne à cette avant-première marseillaise. Au menu : des criminels aux gueules patibulaires, de gros calibres, de la dope en veux-tu en voilà, des scènes d'action avec beaucoup (trop ?) d'hémoglobine. Et bien évidemment un scénario mijoté à la célèbre sauce Marchal, résumé par Nicolas Duvauchelle, tête d'affiche de Pax Massilia : « On suit les aventures d'une équipe de flics qu'on surnomme "les cramés". Ils ont des méthodes peu orthodoxes pour faire régner la paix à Marseille. Leur quotidien est bouleversé par le retour de Franck Murillo, un voyou [interprété par le comédien de 43 ans] que tout le monde croyait mort et qui tente de s'emparer du territoire d'Ali Saïdi, un autre caïd. »

Le décor est planté. Deux heures plus tard, à la sortie de la projection des deux premiers épisodes, tous les spectateurs interrogés valident le nouveau Olivier Marchal. Nous aussi. À une réserve près : Pax Massilia donne à voir une image fort peu reluisante de la ville, gangrenée par l'hyperviolence, les fusillades et les règlements de comptes. « J'ai bien conscience que certains vont râler, mais c'est inhérent au polar, se défend le réalisateur. Mes spectateurs veulent de l'adrénaline, ils viennent pour ça. Braquo et 36 quai des Orfèvres se déroulaient à Paris et étaient tout aussi violents. » Et Olivier Marchal de se lancer dans une vibrante déclaration d'amour à Marseille, qu'il avait déjà filmé dans MR 73 (2008) et Bronx (2020). « J'ai une passion pour cette ville, où je vais emménager d'ici quelques jours. Je l'ai découverte à 23 ans lorsque je travaillais pour la brigade antiterroriste. On avait passé une semaine à "planquer" un mec d'Action directe dans les bars et sur les plages. J'ai tout de suite aimé la simplicité et le naturel de ses habitants ainsi que son ambiance complètement folle. »

J'ai bien conscience que certains vont râler, mais la violence est inhérente au polar. Mes spectateurs veulent de l'adrénaline, ils viennent pour ça

Olivier Marchal

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Brigade survitaminée

Côté casting, le réalisateur a fait appel à de nombreux comédiens du cru. Parmi eux : Samir Boitard, Moussa Maaskri, Idir Azougli - découvert dans Shéhérazade et remarquable ici dans le rôle d'un jeune policier écorché - ou encore Lani Sogoyou, qui incarne une flic lesbienne au grand cœur. « On retrouve à l'écran le Marseille authentique que j'ai toujours connu », nous confie la comédienne, qui a passé toute son enfance dans la cité phocéenne. Selon elle, tout sonne vrai dans Pax Massilia : le phrasé des personnages, le caractère brut des dialogues et « l'énergie qui irrigue la ville ». Pour les scènes tournées dans les quartiers nord - notamment la cité Consolat -, de nombreux minots ont été recrutés par la production pour être figurants. « On a été très bien accueillis, car les gens ont compris qu'on les respectait, explique Olivier Marchal. On a été invités à manger le couscous, on nous apportait des pâtisseries orientales sur le tournage. Il y avait une ambiance vraiment familiale ! »

La série nous embarque également dans d'autres lieux emblématiques, sublimés par la lumière provençale : la plage de Corbières, le quartier d'Endoume, celui du Panier ou le port autonome, où est basé le QG des flics. « Un bâtiment avec une vue incroyable », glisse Tewfik Jallab, qui incarne Lyès Benamar, le commandant de cette brigade survitaminée. « De "vrais" policiers sont venus visiter les lieux pendant le tournage, poursuit-il. En partant, ils n'avaient qu'une seule envie : avoir eux aussi un QG comme ça ! » Tous ces décors ont été immortalisés sur papier glacé par le photographe Laurent le Crabe, présent durant les cinq mois de tournage. Jusqu'à mi-décembre, une vingtaine de ses clichés sont exposés dans une galerie située dans le centre-ville. « Cela permet aux Marseillais de découvrir leur cité sous des angles insolites », explique-t-il lors du vernissage, entouré de tous les acteurs, qui ont répondu présent. Enfin, les amateurs de rap savoureront la bande originale de cette série, qui fait la part belle aux artistes locaux : Shurik'n, Kheops, Sat l'Artificier ou encore 3e Œil. « Des sons que j'écoutais en boucle quand j'avais 20 ans, se marre Nicolas Duvauchelle. Ça m'a rappelé tellement de bons souvenirs. »

Pax Massilia, d'Olivier Marchal, avec Nicolas Duvauchelle, Tewfik Jallab, Jeanne Goursaud, Lani Sogoyou. 6 épisodes de 52 minutes. Sur Netflix, à partir du 6 décembre.

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