TotalEnergies : Patrick Pouyanné précise son projet de cotation à New-York

En marge de la publication des résultats trimestriels, le patron de la major pétro-gazière a indiqué avancer sur le projet d'une double cotation à Paris et à New York. Outre-Atlantique, TotalEnergies espère décrocher une cotation directe afin d'attirer plus d'investisseurs américains.
Juliette Raynal
Patrick Pouyanné, le PDG de TotalEnergies.
Patrick Pouyanné, le PDG de TotalEnergies. (Crédits : DR)

TotalEnergies veut attirer plus d'investisseurs américains. C'est ce qu'a indiqué Patrick Pouyanné, le PDG de la major pétro-gazière, à l'occasion d'une session de questions-réponses organisée à la suite de la publication de ses résultats financiers. Ces derniers sont marqués par un résultat net en repli au deuxième trimestre en raison de la baisse des marges de raffinage et d'une demande de gaz naturel liquéfié (GNL) moins forte. Et surtout, en-deçà des attentes du marché. Ce qui n'est pas dans les habitudes du groupe, selon plusieurs observateurs.

A cette occasion, le tonitruant PDG de la multinationale a précisé son projet de cotation à la Bourse de New-York, qui avait créé la polémique au printemps dernier. TotalEnergies ne vise pas une cotation principale outre-Atlantique, mais une double cotation aussi bien à Paris que dans la Grosse Pomme. « Nous avons progressé », a assuré Patrick Pouyanné en faisant référence à ce projet.

Transformer les ADR en actions

En réalité, l'entreprise tricolore est déjà cotée à la Bourse de New-York, mais via des certificats de dépôts (ou ADR pour american depositary receipt), qui répliquent le comportement d'une action. Or, le marché des ADR est moins liquide que celui des actions ordinaires. L'objectif est donc de transformer ces fameux ADR en actions pour « attirer plus d'investisseurs américains », moins regardant sur les enjeux climatiques que les investisseurs européens. Actuellement, près de 39,7% du capital est détenu par des actionnaires américains et canadiens. Une part qui grimpe à 47% sur le seul périmètre des actionnaires institutionnels.

« Ce pourcentage a progressé de presque 10 points en l'espace d'un an », relève Ahmed Ben Salem, analyste chez Oddo BHF. Une étonnante progression qui montre que les actionnaires américains ne sont pas frileux à l'idée d'investir dans une compagnie pétrolière, qui mise aussi sur les énergies renouvelables. Et ce alors que les autres grandes majors américaines sont toutes revenues sur leurs engagements en la matière. Ceci n'est évidemment pas un hasard. « TotalEnergies a fait évoluer son reporting, ce qui lui a permis de démontrer que le business électricité permettait de générer une rentabilité supérieure à 10% », explique Ahmed Ben Salem. Le groupe vise même la cible des 12% à l'horizon 2028.

Obtenir une meilleure valorisation

Lors de l'échange avec les analystes, Patrick Pouyanné a ainsi vanté les atouts du modèle intégré du groupe. « Il réplique le même modèle que celui du GNL », observe l'analyste d'Oddo alors que TotalEnergies est présent sur toute la chaîne de valeur du GNL, de l'extraction à la regazéification, en passant par la liquéfaction et le transport par méthaniers. « Intégrer les énergies renouvelables aux centrales à gaz, tout en étant en contact direct avec les clients permet d'être plus profitable », pointe l'analyste.

Avec une cotation directe à New York et non sous la forme d'ADR, TotalEnergies pourrait aussi espérer obtenir une meilleure valorisation alors que l'écart de multiples entre les majors américaines et européennes reste criant. Exxon est ainsi valorisée à 6,4 fois son excédent brut d'exploitation et Chevron 6,1 fois, contre « seulement » 4,3 fois pour Total, selon les observations de Pascal Quiry et Yann Le Fur, tous deux professeurs à HEC.

Bruxelles opposé à une golden share du gouvernement

L'idée d'une possible cotation principale à la Bourse de New York évoquée au printemps avait parasité la tenue de la commission d'enquête sénatoriale sur les obligations climatiques du groupe français. Sa principale recommandation, dévoilée mi-juin, visait à permettre à l'Etat d'acquérir une action spécifique (golden share) dans la major afin d'empêcher qu'elle ne se transforme en société américaine.

Interrogé sur cette recommandation par un investisseur, Patrick Pouyanné a rappelé que l'Etat avait déjà été en mesure de disposer d'une telle prérogative mais avait toutefois été contraint de la céder afin de respecter le droit de la concurrence européen. « Le gouvernement français a, par décret du 3 octobre 2002, abrogé le décret du 13 décembre 1993, qui instituait une action spécifique (golden share) », précise-t-on aujourd'hui au sein du groupe. Sur le ton de la plaisanterie, Patrick Pouyanné a souhaité rassurer les investisseurs : « TotalEnergies est plus stable que la politique française », a-t-il promis.

Juliette Raynal

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Commentaires 9
à écrit le 27/07/2024 à 14:22
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Bonjour je suis Charles échafaudage peintre de formation

à écrit le 27/07/2024 à 8:55
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l'Etat français ne pourra rien y faire sauf à entrer au capital ce qui est impossible. Donc Total va rapidement devenir une société à l'actionnariat anglo saxon en fait américain et donc le départ définitif de France sera inévitable. La période po...

à écrit le 26/07/2024 à 14:05
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"TotalEnergies veut attirer plus d'investisseurs américains." Les américains représentent déjà 47% du capital de TotalEnergies. Et il veut en attirer davantage ? Les USA ont pour objectif de mettre la main sur la SEULE major pétrolière non-anglophone...

à écrit le 26/07/2024 à 0:09
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Pas de patriotisme économique pas de client français en France : voilà ce qu il faut dire à Total … un peu facile de s être construit et fait sa fortune sur les français puis ensuite de faire ses caprices pour aller à l étranger … et defiscaliser je ...

le 26/07/2024 à 12:45
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vous n'avez rien compris à l'affaire. Total veut être coté à New York comme en Europe. Actuellement et depuis très longtemps il n'est coté qu'à travers des ADR qui est complexe. Total ne part pas à NewYork. Il y est déjà. Total ne fait pas sa fortune...

à écrit le 26/07/2024 à 0:09
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Pas de patriotisme économique pas de client français en France : voilà ce qu il faut dire à Total … un peu facile de s être construit et fait sa fortune sur les français puis ensuite de faire ses caprices pour aller à l étranger … et defiscaliser je ...

à écrit le 26/07/2024 à 0:08
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Pas de patriotisme économique pas de client français en France : voilà ce qu il faut dire à Total … un peu facile de s être construit et fait sa fortune sur les français puis ensuite de faire ses caprices pour aller à l étranger … je vais faire la mê...

à écrit le 26/07/2024 à 0:08
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Pas de patriotisme économique pas de client français en France : voilà ce qu il faut dire à Total … un peu facile de s être construit et fait sa fortune sur les français puis ensuite de faire ses caprices pour aller à l étranger … je vais faire la mê...

à écrit le 25/07/2024 à 21:41
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Je ne sais pas si l'ancien PDG de TOTAL, pour mémoire Christophe de Margerie aurait pensé de tout cela. Ce que je sais, c'est que peu après minuit le 21 octobre 2014, son avion privé est entré en collision avec un camion déneigeur à l'aéroport de Vnu...

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