Hydrogène : l’usine Normand’Hy d’Air Liquide alimentera les taxis parisiens

Le futur giga-électrolyseur qu’Air Liquide construit en Seine-Maritime fournira en hydrogène la raffinerie normande de TotalEnergies mais aussi la flotte de taxis de l’entreprise francilienne, Hysetco.
Hysetco est aujourd'hui à la tête de la plus grande flotte de taxis hydrogène d'Europe
Hysetco est aujourd'hui à la tête de la plus grande flotte de taxis hydrogène d'Europe (Crédits : DR)

Alors que la Cour des comptes européenne vient d'estimer que la demande d'hydrogène renouvelable n'atteindra même pas, en 2030, la moitié de ce qui avait été estimé par Bruxelles, Air Liquide ne renonce pas à mettre ses pendules à l'heure H. Illustration sur le complexe industriel de Port-Jérôme, proche du Havre, où l'industriel construit ce qui deviendra, à sa mise à feu, la plus puissante unité électrolytique d'Europe dédiée à la production d'hydrogène bas carbone.

Lancés l'été dernier, les travaux se poursuivent au rythme prévu. Les terrassiers ont quitté le chantier pour laisser le champ libre aux spécialistes des réseaux d'eau et d'électricité pendant qu'à Berlin, les électrolyseurs sont en cours d'assemblage dans la co-entreprise créée avec Siemens Energy. Conformément au calendrier, la livraison du bâtiment et des machines reste programmée dans le courant de l'année 2026.

Le géant gazier français est, à bien des égards, condamné à réussir ce que ses dirigeants appellent « un défi industriel ». Ce projet précurseur à 400 millions d'euros doit, en effet, matérialiser le changement d'échelle qu'il veut opérer avec pour objectif de produire 3 gigawatts d'H2 bas carbone dans six ans. La future usine Normand'hy, la première de taille industrielle sur le vieux continent, préfigure cette stratégie.

D'une capacité de 200 megawatts (MW) inégalée à ce jour exceptée en Chine, elle devrait produire près de 30.000 tonnes d'hydrogène par an. Beaucoup plus que le volume fourni par les « petites » unités jumelles que le groupe exploite en Europe, comme le rappelle le vice-président de sa branche mondiale hydrogène. « En 2017, nous avons construit un premier électrolyseur de 1 MW au Danemark. Depuis nous en avons démarré un de 20 MW au Canada et un autre de 20 MW en Allemagne. En passant à 200 MW, nous poursuivons sereinement notre montée en puissance », fait valoir Erwin Penfornis.

Raffinage et mobilité

Le groupe Air Liquide est d'autant plus confiant qu'il a topé avec un premier (gros) client. En vertu d'un protocole d'accord signé l'an dernier, le site écoulera la moitié de sa production auprès de la raffinerie voisine de TotalEnergies (Gonfreville). Le tout dans une fourchette de prix comprise « entre 5 et 10 euros du kilo », Erwin Penformis dixit, contre seulement 1,50 à 2 euros pour celui de l'hydrogène gris produit à partir du reformage de gaz naturel. « Proportionnellement au coût global du raffinage, celui de la molécule d'hydrogène, même bas carbone, pèse peu dans le coût de revient d'un litre d'essence ce qui est moins le cas dans la production d'engrais par exemple », rappelle Régis Saadi, président de France Chimie Normandie et ex directeur des affaires publiques d'Air Liquide Industrie.

A ce stade, le gazier est également assuré de trouver des débouchés dans la mobilité auprès de la startup Hysetco dont il est actionnaire aux côtés de Toyota France, de TotalEnergies et des fonds Kouros et Hy24 (ce dernier a acquis la majorité des parts en avril dernier). En forte croissance, Hysetco exploite en Ile-de-France la plus grosse flotte de taxis hydrogène d'Europe : 700 véhicules auquel s'ajoutent les 108 licences obtenues il y a peu pour un nouveau contingent de véhicules accessibles en fauteuil roulant.

L'entreprise est aussi à la tête d'un réseau de distribution d'H2 qui écoule quelque  30 tonnes chaque mois. Un réseau lui aussi en croissance. Les trois stations-service à son enseigne, inaugurées le 11 juillet aux abords d'hypermarchés Carrefour de la banlieue parisienne, porte son parc francilien à 8 stations auxquelles devraient s'ajouter dix autres dans un futur proche. « Normand'hy alimentera ce réseau avec de l'hydrogène  acheminé par camion de même qu'elle pourra servir les stations que nous développons avec TotalEnergies le long des autoroutes à destination des poids-lourds », précise Erwin Penfornis.

Aux dernières nouvelles, les deux partenaires envisageaient d'ouvrir « à moyen terme » une centaine de stations en France, Belgique, au Luxembourg et Pays -Bas. La Hollande où, rappelons-le, Air Liquide a obtenu le soutien du gouvernement pour la construction de deux giga-électrolyseurs pour une capacité globale de 30.000 tonnes annuelles. Ceux-ci devraient être livrés peu de temps après celui de la vallée de Seine.

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Commentaire 1
à écrit le 18/07/2024 à 11:47
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Air Liquide a mille fois raison. Bien sûr que toute l'industrie freine sur l'hydrogène. Son potentiel est hégémonique. Air Liquide maitrise tous les maillons de la chaine, du transport au portefeuille de clients. Merci les subventions de l'UE.

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