Électricité : le gouvernement reporte l’augmentation des factures prévue le 1er août

Le gouvernement renonce à faire appliquer au 1er août une augmentation prévue du prix de l'électricité d'environ 1%, une décision prise au nom de la stabilité pour les consommateurs, a justifié Bercy qui s'évite ainsi une nouvelle polémique sur les prix de l'énergie, en pleine crise politique.
Le gouvernement renonce à faire appliquer au 1er août une augmentation du prix de l'électricité d'environ 1%.
Le gouvernement renonce à faire appliquer au 1er août une augmentation du prix de l'électricité d'environ 1%. (Crédits : Reuters)

Le gouvernement renonce à faire appliquer au 1er août une augmentation du prix de l'électricité d'environ 1%, liée à la revalorisation du tarif d'acheminement du courant, a annoncé ce lundi la Commission de régulation de l'énergie (CRE).

« Les évolutions prévues ne s'appliqueront pas au 1er août 2024 », a indiqué le régulateur dans un communiqué.

Si cette évolution annuelle avait été appliquée au 1er août, soit de l'ordre de +4,80% pour le tarif du distributeur Enedis, la facture de quelque 22 millions de ménages et entreprises au tarif réglementé de l'électricité aurait augmenté d'environ 1%, explique la CRE à l'AFP. De son côté, Bercy table en moyenne sur une augmentation évitée de 12 euros sur l'année pour les ménages. Quant aux abonnés résidentiels ou entreprises en offres de marchés, l'impact sur la facture dépend des conditions de contrat. Mais les fournisseurs restent libres de répercuter l'évolution tarifaire ou non.

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Une baisse des factures en 2025

En renonçant à appliquer l'évolution tarifaire décidée par la CRE, le gouvernement évite donc une seconde hausse, après celle de février de presque 10% dans le cadre de la sortie du coûteux bouclier tarifaire sur l'énergie. L'exécutif avait à l'époque relevé une taxe gouvernementale - l'accise - qui avait pourtant été réduite à son minimum à la fin de l'année 2021 pour alléger les factures pendant la crise énergétique. Le ministre de l'Economie Bruno le Maire s'était engagé alors à ne pas augmenter davantage cette taxe durant le reste de l'année 2024.

Le futur ex-locataire de Bercy a depuis annoncé une baisse à venir des factures d'électricité de 10 à 15% en février 2025, sous l'effet de la forte baisse des prix sur les marchés de gros. Une raison supplémentaire pour Bercy de ne pas augmenter les prix de l'électricité début août, souhaitant ainsi éviter les « à-coups » sur la facture du consommateur. L'augmentation n'est pas « conforme aux objectifs de protection des consommateurs et d'apaisement autour des sujets de prix de l'énergie », complète Bercy.

« Conformément à mon engagement, les prix de l'électricité baisseront de 15% en février prochain. Je refuse toute augmentation des factures en août. Les consommateurs ont droit à la stabilité et à la visibilité des prix », a commenté le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire auprès de l'AFP.

Cette hausse serait par ailleurs intervenue dans un contexte politique inflammable, alors que les prix de l'énergie, au plus haut en 2021-2022 du fait de la reprise post-covid et de la guerre en Ukraine, ont agité les débats des élections européennes et législatives. D'autant que le « prix repère du gaz » a déjà augmenté de 11,7% en juillet.

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Tout l'enjeu, indique Bercy, sera donc « d'intégrer »  cette hausse dans la prochaine évolution tarifaire de février 2025 que le gouvernement, en partance, promet à la baisse.

Un délai de 2 mois

Le gendarme du secteur prend ainsi acte de « l'intention » du ministre chargé de l'Energie « de ne pas procéder à la publication » au Journal officiel des délibérations qui faisaient évoluer le tarif d'utilisation des réseaux publics de distribution d'électricité (TURPE).

Pour rappel, le TURPE, une composante comptant pour environ un tiers de la facture, est le tarif qui rémunère les gestionnaires de réseau de transport de l'électricité (RTE) et de distribution (Enedis) pour l'utilisation de leur réseau, depuis le lieu de production du courant jusqu'aux compteurs des ménages et entreprises. Même s'il apparaît sur les factures d'électricité, le TURPE est en réalité payé par les fournisseurs d'électricité à Enedis et RTE.

Le gouvernement a désormais un délai de 2 mois « lui permettant de demander de nouvelles délibérations sur l'évolution » du TURPE, précise la CRE. Car dans tous les cas, cette évolution tarifaire devra être appliquée d'une manière ou d'une autre afin de permettre à RTE et Enedis de financer les investissements d'ampleur nécessaires à la modernisation du réseau électrique et à son adaptation aux enjeux de décarbonation de l'énergie.

Bercy, malgré son refus, assure qu'il n'y aura pas de manque à gagner pour ces gestionnaires des réseaux, leurs dépenses étant prévues sur une période tarifaire pluri-annuelle de quatre ans (2021-2025).

(Avec AFP)

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Commentaires 9
à écrit le 16/07/2024 à 7:07
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L'état n'a pas dis non a la création du cartel spéculatif de l'énergie. Les français ont investi des sommes colossales pour disposer d'une énergie fiable et décarbonée, mais les profits vont dans la poche de spéculateurs. L'état a donc dit OUI à l'au...

à écrit le 15/07/2024 à 17:16
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Une communication peu convaincante.

à écrit le 15/07/2024 à 15:38
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"Bercy table en moyenne sur une augmentation évitée de 12 euros sur l'année pour les ménages"(Sic!). On nous prendrait pas un peu pour des jambons? Ah, dans l'oreillette on me dit que tant qu'aux élections les Français en redemandent, le gouvernement...

à écrit le 15/07/2024 à 15:13
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Les dernières hausses étaient de 10% et l'état n'a pas dit non !

à écrit le 15/07/2024 à 15:06
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Ce qui 'complique' les choses c'est qu'une facture est l'addition de l'énergie, d'un abonnement et de taxes (acheminement, etc). Si l'abonnement augmente (+50% en 6 ans y a qq années, depuis ai pas regardé en détail), ou une taxe augmente (RTE doit c...

le 15/07/2024 à 19:04
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Mon abonnement est bien moindre que du tiers.

le 15/07/2024 à 23:28
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La facture se décompose en plusieurs coûts qui se cumulent: vente prix kw, abonnement, prix d acheminement … quand edf était «  unique » on a avait un tarif global « … mais c était moins cher .. j ai comparé une facture de 1997 à 2023 en conso identi...

le 15/07/2024 à 23:28
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La facture se décompose en plusieurs coûts qui se cumulent: vente prix kw, abonnement, prix d acheminement … quand edf était «  unique » on a avait un tarif global « … mais c était moins cher .. j ai comparé une facture de 1997 à 2023 en conso identi...

à écrit le 15/07/2024 à 14:58
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En effet, à tout prendre, les Français préfèrent certainement de beaucoup la hausse des prix du gaz de plus de 10% au 1er juillet. Au delà de cette question, on peut se demander si M. Lemaire, comme d'autres dirigeants politiques; aura un jour à rép...

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