Déchets radioactifs : l'IRSN note des « incertitudes » sur le dimensionnement du projet Cigeo à Bure (Meuse)

De nouvelles études seraient nécessaires pour s'assurer que le projet Cigéo d'enfouissement des déchets radioactifs pourrait accueillir les déchets issus de nouveaux réacteurs que l'Etat envisage de lancer, indique un rapport des experts de l'IRSN, qui relève plusieurs « incertitudes » sur le projet.
Les incertitudes autour du projet Cigéo demeurent sur le conditionnement de certains déchets nucléaires ou encore les modes de stockage (avec ou sans conteneur). Ce visuel prétexte ne reflète pas la façon dont sont réellement entreposés ou stockés les déchets radioactifs.
Les incertitudes autour du projet Cigéo demeurent sur le conditionnement de certains déchets nucléaires ou encore les modes de stockage (avec ou sans conteneur). Ce visuel prétexte ne reflète pas la façon dont sont réellement entreposés ou stockés les déchets radioactifs. (Crédits : iStock)

L'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) va sans doute devoir revoir sa copie. Un rapport des experts de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) précise en effet que de nouvelles études seraient nécessaires pour s'assurer que le projet Cigéo puisse accueillir les déchets issus de nouveaux réacteurs que l'Etat envisage de mettre en service.

L'ISRN avait été saisi par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), le gendarme du secteur, qui devra se prononcer sur la demande d'autorisation de Cigéo, qui vise à enfouir au moins 83.000 m3 de déchets parmi les plus radioactifs d'ici 2035-2040, et ce à 500 mètres sous terre dans le secteur de Bure (Meuse et Haute-Marne).

L'Institut, dans cet avis publié lundi 10 juin, souligne que « des incertitudes subsistent » sur le dimensionnement de l'inventaire de référence qui recense les déchets accumulés en France depuis les débuts du parc nucléaire. Ces incertitudes reflètent des questions restant à trancher sur le conditionnement de certains déchets ou encore les modes de stockage (avec ou sans conteneur).

« L'emprise du stockage pourrait dépasser de quelques centaines de mètres à quelques kilomètres les limites actuelles de la zone d'implantation des ouvrages souterrains (ZIOS), tout en restant dans la zone de transposition dans laquelle la faisabilité d'un stockage a été montrée en 2005 », note l'IRSN.

Pas d'objection  sur l'impact du vaste programme de relance du nucléaire

L'IRSN se penche également sur l'impact du vaste programme de relance du nucléaire annoncé en 2022 par Emmanuel Macron, qui prévoit la construction d'au moins six réacteurs de nouvelle génération avec une option pour huit supplémentaires. Pour les annonces déjà actées (allongement de la durée de fonctionnement du parc actuel à 60 ans et mise en service de six EPR2), l'IRSN ne formule pas d'objection à ce stade.

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En revanche, d'autres questions se poseront si la relance du nucléaire va au-delà, avec la construction des huit EPR2 supplémentaires ou de petits réacteurs (SMR), tels que l'Etat l'envisage sans l'avoir acté officiellement. Dans cette hypothèse, « la capacité de l'installation à stocker davantage de déchets devra être évaluée sur la base de nouvelles études d'adaptabilité à des horizons temporels qui pourront être définis lorsque les décisions sur le futur parc auront été prises », note l'IRSN. L'Institut formule en outre deux recommandations techniques, prônant une reconnaissance géologique dans une zone particulière du projet et demandant de préciser la méthode de creusement des puits.

Un feu vert n'est pas attendu avant plusieurs années

La demande formelle d'autorisation de Cigéo a été déposée début 2023 pour ce projet contesté qui ne pourra toutefois pas obtenir son feu vert avant encore plusieurs années. Pour nourrir l'instruction sur cette demande d'autorisation, les experts de la sûreté devront encore remettre deux autres rapports. Par ailleurs, en février, l'automatisation de la gestion des déchets radioactifs avait été validée. « On a fait la démonstration que l'homme ne devra pas intervenir », avait alors déclaré Audrey Guillemenet, responsable de la communication d'Andra, lors d'une démonstration devant la presse à Montchanin (Saône-et-Loire), où ont été testées les machines. Après le Conseil d'État, qui a confirmé le 1er décembre dernier l'utilité publique de ce projet d'enfouissement de 25 milliards d'euros, la validation de l'automatisation représentait une nouvelle étape cruciale dans la réalisation du très long projet Cigéo, conçu il y a près de trente ans et qui ne doit pas être mis en service avant 2035-40.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 10/06/2024 à 17:51
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Bonjour, bon avant toute chose, les déchets nucléaires sont français et sont donc de notre responsabilité... Certains souhaiterais envoyer cela dans le tiers monde , mais soyons réalistes, l'enfouissement semblent la meilleure solution a cours terme...

à écrit le 10/06/2024 à 16:37
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Il faut les stocker chez M. Stéphane BERN. Il adore le patrimoine et le nucléaire. Enfin, le patrimoine, c'est à géométrie variable, et c'est surtout dans les médias...

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