Adaptation au changement climatique : la « négligence de l'État » menace 50% des droits humains en France, selon Oxfam

Plus de la moitié des droits fondamentaux, comme la santé, l'accès à l'éducation ou à un logement digne, sont menacés en France par les lacunes de l'État concernant l'adaptation au changement climatique, d'après un rapport d'Oxfam. Pour l'ONG environnementale, le nouveau gouvernement « devra s'attaquer d'urgence » à ce sujet.
1,3 million d'écoliers de maternelle pourraient être exposés en classe à une chaleur excédant les 35°C d'ici 2030, menaçant le droit à l'éducation, selon Oxfam qui s'appuie sur une étude du cabinet EcoAct.
1,3 million d'écoliers de maternelle pourraient être exposés en classe à une chaleur excédant les 35°C d'ici 2030, menaçant le droit à l'éducation, selon Oxfam qui s'appuie sur une étude du cabinet EcoAct. (Crédits : Reuters)

En matière d'adaptation au changement climatique, la France ne met pas suffisamment le paquet. C'est ce qu'il ressort d'un rapport de l'ONG Oxfam France publié ce lundi, connue pour sa dénonciation des inégalités de richesse et dirigée par l'ancienne ministre écologiste Cécile Duflot. Selon ce document, au moins 26 des 50 droits humains fondamentaux « sont directement menacés en France (...) du fait de l'improvisation des pouvoirs publics en matière d'adaptation » qui « attendent que les catastrophes se produisent pour tenter de les réparer ».

« Le sujet du climat (...) a été totalement éclipsé pendant la campagne des législatives mais il ne peut être ignoré plus longtemps », dénonce l'ONG dans son rapport.

Écoles, hôpitaux et travailleurs touchés

Dans le détail, les impacts seront particulièrement importants pour « les plus précaires, les femmes, les enfants, les minorités, les personnes âgées ou isolées », prédit le rapport.

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Ainsi, 1,3 million d'écoliers de maternelle pourraient être exposés en classe à une chaleur excédant les 35°C d'ici 2030, menaçant le droit à l'éducation, selon Oxfam qui s'appuie sur une étude du cabinet EcoAct. Plus d'une classe sur deux est concernée dans le pays, et même 100% dans quatre départements (Bouches-du-Rhône, Seine-Saint-Denis, Paris et Gironde).

Dans une France à +4°C, les jours de vague de chaleur seront multipliés par au moins cinq. En Île-de-France, ils pourraient atteindre 94 jours, soit un quart de l'année, selon des projections de Météo France. Oxfam dénonce l'inadaptation du droit du travail à cette réalité dangereuse pour les travailleurs, dont 36% sont déjà exposés aux chaleurs, notamment dans le bâtiment, l'agriculture ou chez le personnel soignant.

Enfin, d'ici 2100, 5% des hôpitaux seront menacés de fermeture car inadaptés aux évènements climatiques extrêmes (canicules, inondations ou incendies), selon une projection de l'administration (Cerema).

La semaine dernière, une autre ONG a aussi dénoncé le fait que les prisons françaises sont « particulièrement vulnérables au changement climatique ». Pour l'heure, ce problème « ne fait l'objet d'aucune politique publique et ne semble pas être pris en compte dans les programmes de construction et de rénovation » des 188 établissements pénitentiaires du pays, a déploré l'association Notre Affaire à tous.

Des milliards à trouver

Selon Oxfam, « il faudrait plusieurs dizaines de milliards d'euros a minima par an » pour adapter la France aux effets du changement climatique. Mais aujourd'hui, en plus de « jeter l'argent public par les fenêtres » en finançant des infrastructures qui « ne seront plus adaptés dans 20 ou 30 ans », « 67 milliards d'argent public (...) subventionnent toujours des activités contribuant au dérèglement climatique », notamment dans les énergies fossiles, dénonce Quentin Ghesquière, chargé de plaidoyer climat au sein de l'ONG.

Oxfam réclame donc des financements conséquents et des investissements publics « conditionnés à des critères d'efficacité et de réduction des inégalités », ainsi que de rendre le Plan national d'adaptation au changement climatique (PNACC), dont la troisième version se fait toujours attendre, « opposable et contraignant » en justice.

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« Risque de recul de l'action climatique »

Reste que l'ONG environnementale n'est pas la seule à tirer la sonnette d'alarme. Le Haut conseil pour le climat a récemment alerté sur le « risque de recul de l'action climatique » en France, en raison de l'absence de documents cadres en la matière, notamment d'ailleurs du troisième PNACC. Et c'est loin d'être le seul. « Ni la loi de programmation énergie et climat, ni la Stratégie française énergie et climat, ni la 3e Stratégie nationale bas carbone, ni la 3e Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) n'ont été formellement adoptés, en dépit des obligations législatives », dénonce l'organisme dans son dernier rapport annuel publié fin juin.

« Le renouvellement de ces documents cadres est désormais urgent pour maintenir la structuration de la politique nationale de réduction des émissions et d'adaptation au changement climatique », insistent les experts dans l'épais document.

La dissolution de l'Assemblée nationale a encore plus retardé la publication de certains textes. Reste que, « pour le nouveau locataire de Matignon comme pour l'ancien, la seule alternative restera entre anticiper ou subir, dans un contexte "d'économie réelle" de plus en plus contrainte », a en tout cas prévenu l'un des membres du Haut conseil pour le climat fin juin, l'ingénieur Jean-Marc Jancovici, dans un post sur le réseau social LinkedIn.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 15/07/2024 à 16:47
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