![Face aux solutions américaines, le géant chinois Huawei a développé son propre système d'exploitation, HarmonyOS.](https://static.latribune.fr/full_width/2399117/huawei.jpg)
Dans le monde des smartphones, c'est une petite révolution. Huawei a finalement décidé de couper les ponts avec Android en matière de système d'exploitation. Jusqu'à présent, HarmonyOS, le logiciel maison qu'il déploie dans ses terminaux, est basé sur une version open source d'Android (Google). Mais ce ne sera plus le cas avec la prochaine version, baptisée HarmonyOS Next. Présentée la semaine dernière lors d'une conférence dédiée aux développeurs, celle-ci sera totalement indépendante. Il ne sera plus, concrètement, possible aux utilisateurs d'installer des applications Android.
C'est un sacré changement pour Huawei. Le groupe de Shenzhen se sent désormais assez fort pour voler, sur ce segment, de ses propres ailes. Avec plus de 4.000 applications disponibles sur HarmonyOS, il compte jouer des coudes avec Android comme avec iOS, le système d'exploitation d'Apple. Huawei veut profiter de sa nouvelle croissance sur le marché des smartphones, essentiellement en Chine, pour imposer HarmonyOS. Aujourd'hui, plus de 900 millions d'appareils - des smartphones, des montres et des systèmes de voiture - utilisent ce logiciel, a récemment indiqué Richard Yu, le patron des activités grand public de Huawei.
La forte croissance d'HarmonyOS en Chine
En Chine, où il est principalement proposé, HarmonyOS affiche une très forte croissance. Au premier trimestre, il a même doublé iOS, avec une part de marché de 17%, contre 16% pour le système d'exploitation de la marque à la pomme, d'après le cabinet Counterpoint Research. HarmonyOS reste cependant très loin d'Android, qui dispose d'une part de marché de 68% dans l'Empire du Milieu.
(Crédits: Counterpoint Research)
A l'échelle mondiale, HarmonyOS demeure toutefois un nain. Avec une part de marché de 4%, il se situe très loin d'iOS (19%) et d'Android (77%).
(Crédits: Counterpoint Research)
Si le développement d'HarmonyOS Next ne posera sans doute pas de problème en Chine, on imagine mal les pays occidentaux l'adopter, au regard de la très forte appétence des consommateurs pour les services des Gafam. La nouvelle version de ce système d'exploitation a toutes les chances, en clair, de séparer davantage l'écosystème chinois des applications du reste du monde.
Bonne dynamique dans les smartphones
L'initiative de Huawei concernant HarmonyOS bénéficie du soutien de Pékin. L'année dernière, le président Xi Jinping a insisté sur la nécessité, pour la Chine, de disposer de systèmes d'exploitation maison « dès que possible ». A ses yeux, posséder des solutions souveraines constitue un impératif, dans un contexte où les Etats-Unis pourraient prendre des mesures pour limiter encore l'accès à ses technologies aux entreprises de l'Empire du Milieu.
Il n'est guère surprenant de voir Huawei prendre les devants dans cette course à l'« indépendance stratégique ». Depuis 2019, le groupe de Shenzhen est confronté à de sévères sanctions des Etats-Unis, qui lui ont interdit de se fournir en technologies « made in USA ». Privé de puces et d'accès à certains logiciels, Huawei, qui fut un temps l'un des plus importants vendeurs de smartphones au monde, a vu sa part de marché dégringoler. Mais il a retrouvé, depuis un peu plus d'un an, une bonne dynamique. Huawei a surpris son monde en commercialisant, l'été dernier, son Mate 60 Pro, un smartphone embarquant un processeur 5G. Les sanctions américaines l'avaient, jusqu'alors, contraint à ne commercialiser que des terminaux 4G. Plus récemment, Huawei a aussi levé le voile sur sa série haut de gamme Pura 70, qui permet aussi de se connecter en 5G.
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