Les Etats-Unis songent à bloquer un projet de câble sous-marin vers Hong Kong

Par Pierre Manière  |   |  472  mots
Le projet de câble Pacific Light Cable Network (PLCN) coûte environ 300 millions de dollars, et fait près de 13.000 kilomètres de long. (Crédits : Capture d'écran du site Telegeography)
Selon le 'Wall Street Journal', des responsables américains veulent faire capoter le projet de câble Pacific Light Cable Network (PLCN), qui doit relier Los Angeles à Hong Kong, en passant par Taïwan et les Philippines.

Le très sensible sujet des câbles sous-marins constitue visiblement un nouveau point de discorde entre les États-Unis et la Chine. Mercredi dernier, le Wall Street Journal a indiqué que des responsables américains cherchaient à bloquer un projet câble sous-marin. Il s'agit du câble Pacific Light Cable Network (PLCN), financé par Google, Facebook, et un partenaire chinois. Long de près de 13.000 kilomètres, celui-ci doit relier la côte ouest du pays de l'Oncle Sam, via Los Angeles, à Hongkong, en passant par Taïwan et les Philippines.

Selon le quotidien économique américain, « le ministère de la Justice [...] s'est fermement opposé à ce projet en raison des inquiétudes suscitées par son investisseur chinois basé à Pékin, Dr Peng Telecom & Media Group, et du lien que le câble pourrait fournir avec Hong Kong ». Les États-Unis redoutent la proximité de cette société avec le gouvernement chinois, et d'éventuelles mesures de Pékin visant à exploiter ou à couper le trafic Internet de ce câble. En brandissant ce risque pour la sécurité nationale, Washington pourrait in fine refuser d'octroyer la licence indispensable à la mise en service de cette infrastructure. Si les États-Unis devaient mettre leur veto, ce serait un sacré coup dur pour le projet. Sachant que la pose de ce câble, dont le coût avoisine les 300 millions de dollars, au fond du Pacifique est presque terminée.

Contexte électrique entre Pékin et Washington

Cette inquiétude des États-Unis vis-à-vis du câble PLCN intervient dans un contexte déjà électrique entre Pékin et Washington. Les deux pays se livrent aujourd'hui une guerre commerciale et technologique. Et la défiance entre les deux superpuissances est au plus haut. Dans ce bras de fer, le secteur stratégique des télécoms cristallise les tensions. Les États-Unis ont notamment interdit à Huawei, le géant chinois des équipements télécoms et des smartphones, de participer au déploiement de la 5G. Le pays de l'Oncle Sam accuse Huawei d'espionnage pour le compte de Pékin, ce que le groupe chinois a toujours réfuté. Cet été, Donald Trump est allé plus loin : il a signé un décret visant à empêcher Huawei de se fournir en technologies américaines.

Reste que les États-Unis n'ont pas attendu l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche pour se montrer méfiant à l'égard de la Chine dans le secteur ultra-sensible des câbles sous-marins. En 2013, sous la coupe de Barack Obama, l'administration américaine a fait capoter un projet de câble transatlantique de Huawei pour relier New York à Londres. A ce moment-là, déjà, Washington craignait que Pékin utilise les installations de l'équipementier comme un cheval de Troie pour espionner les communications.