Bouygues Telecom poursuit son offensive sur le marché, en pleine ébullition, des télécoms pour les entreprises. L'opérateur vient de conclure un accord avec l'américain Starlink pour revendre ses services de connectivité par satellite aux professionnels. Bouygues Telecom considère que cette solution vient avantageusement compléter son catalogue. Il argue que la constellation de satellites d'Elon Musk propose une qualité de service et des performances proches de celles des réseaux terrestres, comme la fibre, la 5G et l'ADSL.
Directeur marketing de Bouygues Telecom Entreprises, Sylvain Plagne loue « ses débits à haute performance, jusqu'à 350 mégabits par seconde en téléchargement ». L'autre avantage de Starlink réside, selon le dirigeant, dans « sa latence » - le délai de transmission des données - peu élevée, est de l'ordre de 25 millisecondes. Ce qui s'avère essentiel pour les usages nécessitant une quasi-immédiateté des communications, comme la visioconférence, ou les services les plus critiques, à l'instar de la robotique industrielle. Cette faible latence est liée à la proximité des milliers de satellites de Starlink. Ceux-ci ont la particularité d'évoluer en orbite basse, à seulement 550 kilomètres de la Terre.
Une solution de secours efficace
Cette connectivité ne sera cependant pas à la portée de toutes les bourses, et en particulier de celles des petites PME. Bouygues Telecom cible d'abord les entreprises de taille intermédiaires (ETI) et les grands groupes. Il faut, en effet, d'abord débourser environ 2.900 euros pour la parabole. Celle-ci est spécialement adaptée aux usages professionnels. « Elle permet notamment de se connecter à plusieurs satellites simultanément », précise Sylvain Plagne. Il faut, ensuite, ajouter 3.000 euros de frais d'installation, qui nécessite un soin tout particulier. Enfin, le prix de l'abonnement varie selon la consommation de données. Il se situe dans une fourchette de 215 à 1.000 euros par mois.
Mais pourquoi diable Bouygues Telecom, qui investit des milliards d'euros dans le déploiement de la fibre optique et de la 5G, vient-il commercialiser les services de Starlink, souvent présenté comme un concurrent sérieux pour les opérateurs dans les années à venir ? Parce que cette technologie lui permet d'offrir aux professionnels la « redondance », dit-on dans le jargon des télécoms, dont ils ont besoin. Le satellite peut, concrètement, s'avérer une alternative efficace aux réseaux terrestres classiques s'ils tombent en panne. Ce qui permet in fine aux entreprises de ne pas interrompre leur activité.
La fermeture progressive du vieux réseau cuivre d'Orange, encore utilisé pour l'ADSL, constitue, aux yeux de Bouygues Telecom, une belle opportunité d'engranger des clients Starlink. Cette infrastructure a beau ne plus être la technologie de référence, elle est encore très utilisée par les entreprises. Malgré les critiques quant à son entretien et sa fiabilité, beaucoup y voient une solution de back-up en cas de problème sur le réseau de fibre. Quand le réseau cuivre ne sera plus accessible, de nombreuses entreprises auront, d'après Bouygues Telecom, besoin d'une alternative. Elles pourraient, alors, se laisser tenter par Starlink.
Certaines pourraient toutefois être réticentes à utiliser une technologie américaine pour des raisons de sécurité... Interrogé à ce sujet, Bouygues Telecom argue que la connectivité Starlink est compatible avec les solutions dites SD-WAN. « Celles-ci permettent de bâtir un réseau privé sécurisé sur un accès à Internet banalisé », insiste Sylvain Plagne. Les entreprises pourront bénéficier d'un « haut niveau de confidentialité, avec un chiffrement de bout en bout », renchérit le dirigeant, afin d'éviter que leurs communications et leurs précieuses données tombent en de mauvaises mains.
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En s'alliant à Starlink, Bouygues Telecom entend bien étoffer son portefeuille de clients entreprises. L'opérateur affirme en posséder « 100.000, dont 4.000 à 5.000 ETI et grands comptes ». Son état-major espère tailler des croupières à la concurrence sur le marché des télécommunications professionnelles. Celui-ci pèse près de 8 milliards d'euros et est, aujourd'hui encore, ultra-dominé par Orange.
Selon un sondage réalisé en 2021 par l'Arcep, le régulateur des télécoms, l'opérateur historique possède entre 55% et 60% du marché de la connectivité fixe pour les entreprises, contre 20% pour SFR, et plus de 5% pour Bouygues Telecom. Cette faible concurrence fait depuis longtemps l'objet de vives critiques. Aux yeux des pouvoirs publics, cette situation ralentit la numérisation des entreprises françaises et, en conséquence, nuit à leur compétitivité.
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