Ericsson continue de pâtir des difficultés de sa filiale Vonage

Le géant suédois des équipements télécoms a indiqué, ce jeudi, qu’il dépréciait une nouvelle fois Vonage, son spécialiste du cloud, de 1 milliard d’euros. Cette filiale américaine, qui a constitué la plus grosse acquisition d’Ericsson en 2021, n’affiche pas, pour le moment, la croissance escomptée.
Pierre Manière
Börje Ekholm, le PDG d'Ericsson, qui a racheté Vonage pour pas moins de 6,2 milliards de dollars il y a trois ans.
Börje Ekholm, le PDG d'Ericsson, qui a racheté Vonage pour pas moins de 6,2 milliards de dollars il y a trois ans. (Crédits : Reuters)

Ce rachat historique ressemble, pour l'instant, à un flop retentissant. Ce jeudi, Ericsson a annoncé la dépréciation de Vonage, à hauteur de 11,4 milliards de couronnes (1 milliard d'euros). Ce n'est pas la première fois que le géant suédois des équipements télécoms agit de la sorte vis-à-vis de sa filiale américaine spécialisée dans le cloud. Il l'avait déjà déprécié de pas moins de 2,7 milliards d'euros dans ses comptes l'année dernière.

Dans un communiqué, Ericsson justifie cette manœuvre par une croissance moindre qu'anticipée de certaines activités de Vonage. Le PDG de Vonage, Niklas Heuveldop, précise que « la détérioration de l'environnement de marché », conjuguée à « des décisions pour recentrer [les] investissements sur des domaines stratégiques prioritaires », ont obligé le groupe à « réviser certaines hypothèses de croissance ».

Vonage, une filiale stratégique pour monétiser la 5G

Il s'agit d'un coup dur pour Ericsson. Le géant suédois des télécoms a de grandes ambitions pour Vonage, dont il n'a pas hésité à casser la tirelire, en 2021, pour l'acquérir pour 6,2 milliards de dollars. C'est-à-dire le plus gros rachat jamais réalisé par le groupe. Vonage dispose notamment d'une plateforme et d'un savoir-faire qui doit permettre aux développeurs d'applications d'intégrer et de piloter certaines fonctionnalités de la 5G. Celles-ci concernent l'allocation d'une partie de la bande passante à un service critique, la possibilité de vérifier l'identité des clients, ou encore de géolocaliser des objets connectés. Autrement dit, Vonage doit permettre à Ericsson de mieux monétiser la 5G auprès des entreprises et des acteurs, petits ou grands, des services numériques.

Dans son communiqué, Ericsson insiste sur le fait que cette ambition reste la même, et loue malgré tout « une dynamique positive »« Grâce à cette stratégie, nous mettons les capacités avancées du réseau 5G à la disposition de la communauté mondiale des développeurs afin d'accélérer l'innovation d'applications à valeur ajoutée pour l'industrie et la société, affirme Niklas Heuveldop. Cela ouvrira de nouvelles sources de revenus pour nos clients opérateurs et stimulera la croissance de l'industrie des télécommunications. »

L'ennui, c'est que l'adoption de la 5G par les entreprises et les professionnels ne va pas aussi vite que prévu. En Europe, Ericsson paye notamment cash les reports de déploiement de cette technologie par les opérateurs télécoms. Ces derniers souffrent de l'inflation et d'une forte concurrence qui les empêche d'augmenter les prix. Cela a des conséquences sur les achats d'équipements et d'antennes qu'Ericsson leur fournit. Mais aussi sur la vente de services associés, comme ceux développés par Vonage. Au premier trimestre, les ventes d'Ericsson ont reculé de 15%, à 53,3 milliards de couronnes (4,6 milliards d'euros). Le groupe désormais fait le dos rond, et réduit au maximum ses coûts en attendant que les investissements des opérateurs reprennent. Au mois de mars, Ericsson a notamment annoncé la suppression de 1.200 emplois en Suède.

Particulièrement préoccupé par cette situation, Börje Ekholm, le PDG de l'équipementier suédois, considère qu'il faut urgemment réviser la réglementation européenne des télécoms. En mai dernier, il a déploré, dans un entretien au Financial Timesla « situation désastreuse » de l'industrie sur le Vieux Continent. Le dirigeant considère qu'à trop vouloir protéger le consommateur, avec des prix bas, par le biais d'une forte concurrence entre les opérateurs dans tous les pays membres, Bruxelles creuse la tombe du secteur des télécoms. D'après lui, la réglementation actuelle conduit l'Europe « à la dernière place et à l'insignifiance » en matière de numérique, et même sur le plan industriel au sens large. Börje Ekholm espère que la nouvelle Commission européenne tiendra compte de ses revendications, partagées par son grand rival, le finlandais Nokia, et plusieurs grands opérateurs.

Pierre Manière

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.