C'est l'effet domino que Huawei redoutait tant. Après le Royaume-Uni et la France, c'est l'Allemagne qui est sur le point de bouter le géant chinois des télécoms hors de ses réseaux 5G. Concrètement, pas question pour Berlin d'interdire officiellement Huawei outre-Rhin. Mais un projet de loi sur la sécurité informatique, que le gouvernement est en train de peaufiner, empêchera in fine les opérateurs télécoms de se fournir en équipements 5G du groupe de Shenzhen. La nouvelle législation introduira, écrit le Financial Times qui cite des députés au fait du dossier, « un processus d'approbation en deux étapes pour les équipements de télécommunication ». Celui-ci reposera sur une évaluation technique des différents composants électroniques, couplée à une « évaluation politique » de la fiabilité du fabricant.
De quoi donner des billes à l'exécutif pour mettre Huawei hors course. « Comment Huawei, une entreprise soupçonnée d'avoir des liens avec l'Etat chinois, peut-elle passer un test de fiabilité politique, a déclaré au FT un parlementaire participant aux discussions sur le projet de loi. C'est impossible. » Le texte, dans sa version finale, pourrait être dévoilé dans quelques semaines. Mais l'objectif semble clair comme de l'eau de roche : il s'agit, un peu comme en France, d'exclure Huawei sans le dire explicitement, et de ménager ainsi la diplomatie chinoise.
Le spectre de mesures de rétorsion de Pékin
A l'instar de ce qui se fait dans l'Hexagone et au Royaume-Uni, il est très probable que Huawei ne sera pas interdit du jour au lendemain. Cette exclusion des réseaux 5G sera progressive. Elle s'étalera sur plusieurs années pour donner le temps aux opérateurs allemands, dont Deutsche Telekom, Vodafone ou Telefonica Deutschland, de basculer leurs réseaux chez Nokia, Ericsson ou peut-être Samsung. Une changement qui, au passage, leur coûtera forcément très cher. Jusqu'à présent, l'Allemagne avait soufflé le chaud et le froid concernant le sort de Huawei. La Chine avait, il est vrai, brandi le spectre sanctions si son champion devait être évincé. Pékin avait évoqué des mesures de rétorsion à l'égard de la puissante industrie automobile allemande, dont l'Empire du Milieu est le premier marché...
Quoi qu'il en soit, les perspectives s'assombrissent grandement pour Huawei sur le Vieux Continent. Soupçonné d'espionnage pour le compte de Pékin - ce que le groupe a toujours nié -, le géant chinois des télécoms voit le juteux marché européen des télécoms se refermer. Or ce marché est des plus stratégique pour doper sa croissance à l'international. Surtout depuis les Etats-Unis, qui font tout pour entraver son activité, lui ont interdit d'écouler ses produits sur le sol américain.
Une usine en France
Malgré ses déboires, Huawei ne veut pas, aujourd'hui, abandonner l'Europe. Fin septembre, le géant des télécoms a notamment indiqué qu'il comptait toujours ouvrir sa première usine hors de Chine dans l'Hexagone, et comptait investir 4 milliards d'euros en France ces quatre prochaines années.
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