Nouvelle sanction pour C8. La chaîne a écopé d'une amende d'un euro par le régulateur de l'audiovisuel après des publicités clandestines dans deux émissions de Cyril Hanouna, a indiqué l'Arcom ce mardi.

Révélée par le média en ligne L'Informé et confirmée à l'AFP, cette amende sanctionne des séquences où des baskets de participants à ces émissions apparaissaient en gros plan, avec la marque clairement identifiable. Les programmes concernés sont « PAF ouvert à tous avec Baba » du 1er décembre 2023 et « Face à Hanouna » du 4 février 2024. C8 est la chaîne la plus sanctionnée par l'Arcom, avec 7,6 millions d'euros d'amendes en huit ans.

Lire aussiTélévision : quel avenir pour C8 et TPMP après la gifle de l'Arcom ?

En matière de publicité clandestine, la chaîne avait écopé de 200.000 euros d'amende en juin 2023, également après des émissions de son présentateur vedette. Canal+, France 3, France 5, RMC Story et TMC sont les autres chaînes sur lesquelles l'Arcom a déjà repéré de la publicité clandestine, sans toutefois prononcer d'amende. Des amendes pour publicité clandestine contre France 2, France 3 et M6 remontent à 2000 et 2002, prononcées à l'époque par le prédécesseur de l'Arcom, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA).

L'Arcom ne revient pas sur le retrait de la fréquence TNT à C8

Cette sanction symbolique arrive surtout moins de deux semaines après la décision du régulateur de ne pas renouveler la fréquence TNT de la chaîne. Ainsi, le 28 février 2025, la chaîne C8 ne sera plus accessible sur la TNT.

Officiellement, le régulateur de l'audiovisuel a jugé, selon les termes de son communiqué, que « l'intérêt » de la chaîne « au regard de l'impératif prioritaire de pluralisme des courants d'expression socio-culturels » n'était visiblement pas suffisant, ou posait problème. Mais il ne fait, en réalité, guère de doute que C8 paye ici les débordements, souvent sanctionnés, lors de l'émission « Touche pas à mon poste » de Cyril Hanouna.

Lire aussiZapper C8: les coulisses d'une décision

Ces dernières semaines, la pression s'était accentuée sur C8. La chaîne a cumulé pas moins de 7,6 millions d'euros d'amendes pour ses débordements pendant son émission phare « TPMP ». Son plus gros dérapage reste celui du 10 novembre 2022. Ce jour-là, Cyril Hanouna a copieusement insulté le député LFI Louis Boyard, qualifié de « merde », d'« abruti » ou de « tocard ». Ce qui a incité l'Arcom à sanctionner C8 d'une amende de 3,5 millions d'euros, la plus grosse jamais infligée par le régulateur.

Lors de son audition de l'état-major de la chaîne, le 9 juillet dernier, l'Arcom n'a pas caché son agacement face à ces débordements répétés. L'institution a vivement critiqué le manque de maîtrise d'antenne de C8. En face, la direction de C8, sachant la chaîne menacée, a tenté un dernier coup pour sauver son bébé. Elle s'est engagée à diffuser « TPMP » avec un « time delay », c'est-à-dire un différé de 15 à 45 minutes. De quoi, en clair, donner du temps à la production pour couper d'éventuelles séquences problématiques avant leur diffusion à l'antenne. Mais cela n'a vraisemblablement guère convaincu l'Arcom.

Plusieurs scénarios envisagés pour le futur de C8

 D'ici là, Canal+ a toujours la possibilité de saisir le Conseil d'Etat pour contester la décision de l'Arcom. S'il ne le fait pas, ou n'obtient pas gain de cause vis-à-vis du gendarme de l'audiovisuel, il aura deux possibilités. La première sera d'éteindre la chaîne. La seconde consistera à poursuivre sa diffusion sur d'autres réseaux, par exemple via les bouquets de chaînes des opérateurs télécoms sur leurs box Internet, ou sur un canal 100% numérique comme Youtube. Mais dans ces cas de figure, la part d'audience de C8, aujourd'hui de 3,1%, « serait mécaniquement réduite alors que la TNT représente environ un cinquième de l'audience TV », soulignait Jérôme Bodin, analyste chez Oddo BHF, dans une note fin juillet. Ce qui aura un impact important sur ses recettes publicitaires, et donc ses revenus.

Pour autant, « ce n'est pas de nature à changer fondamentalement les équilibres financiers du groupe », a affirmé le directeur financier de Vivendi François Laroze lors d'une conférence de presse téléphonique le 25 juillet, en réponse à une question sur les conséquences d'un retrait de C8 de la TNT sur les revenus publicitaires de Canal+, propriétaire de C8 et filiale de Vivendi.

« La part publicitaire reste très minoritaire dans nos revenus » au niveau de Vivendi comme de Canal+, a ajouté le directeur financier du géant français des médias et de l'édition. « Les équilibres du groupe ne sont pas impactés, mais ce n'est pas pour ça qu'on ne va pas se battre pour faire valoir notre position », a-t-il ajouté sans plus de précision.

(Avec AFP)