![Depuis sa prise de fonction, la ministre de la Culture Rachida Dati appelle de ses vœux à la création d'un « pôle puissant » pour l'audiovisuel public français.](https://static.latribune.fr/full_width/467791/chertier-nomme-mediateur-dans-le-conflit-a-radio-france.jpg)
L'avenir de l'audiovisuel public français se précise. Dans un amendement qui sera soumis aux députés en commission à partir de mardi, le gouvernement prévoit une fusion pure et simple des sociétés de l'audiovisuel public au 1er janvier 2026.
Appelant de ses vœux la création d'un « pôle puissant », la ministre de la Culture Rachida Dati avait annoncé soutenir un regroupement rapide au sein d'une holding. Mais la ministre avait entretenu le flou quant à une possible intégration plus poussée, qui suscite des inquiétudes au sein du secteur.
Pour rappel, ce texte est une proposition de loi issue du Sénat, et il est prévu que l'Assemblée nationale débatte de ce texte les 23 et 24 mai prochain. Et ce nouvel amendement ajoute un nouveau chapitre au menu de la prochaine commission des Affaires culturelles en première lecture, qui se tiendra de mardi après-midi à mercredi prochain. Rachida Dati, qui veut aller vite, a prévu de recentrer le texte sénatorial sur les questions de gouvernance.
Un mastodonte public baptisé « France Médias »
L'amendement proposé vendredi propose donc « un rapprochement en deux étapes » : « la création au 1er janvier 2025 d'une société holding à la tête d'un groupe réunissant France Télévisions, Radio France, France Médias Monde (RFI, France 24) et INA ».
Puis, viendrait « la fusion au 1er janvier 2026 des filiales au sein de la société France Médias », explique le gouvernement dans l'exposé d'un de ses 28 amendements déposés vendredi.
« L'ensemble des biens, droits et obligations » de ces sociétés « sont transférés à la société France Médias » avec effet au 1er janvier 2026, détaille l'amendement gouvernemental clé. Composé d'une vingtaine de pages, il a été déposé à l'identique par les députés Renaissance et Horizons, membres de la majorité présidentielle.
Un « super PDG » de l'audiovisuel public
Quid de la gouvernance de ce nouvel grand groupe public ? « Le PDG de la société France Médias est nommé pour cinq ans par l'Arcom », l'autorité de régulation de l'audiovisuel, « aux termes d'une procédure transparente, ouverte, effective et non discriminatoire », prévoit un autre amendement gouvernemental.
« Cette réforme de l'audiovisuel public doit permettre de proposer une offre plus riche, mieux mise en avant sur tous les canaux de diffusion pour qu'elle puisse s'adresser à tous les Français », est-il notamment expliqué.
Les syndicats de Radio France vent debout
De leur côté, les syndicats de Radio France ont déjà dit leur opposition à « toute forme de fusion ». Ils appellent déjà à une première grève ce dimanche, puis une deuxième les 23 et 24 mai, lors de l'examen de la PPL par l'Assemblée nationale.
« Non à la holding! Non à toutes formes de fusion! », ont clamé à plusieurs reprises ces derniers jours les centrales mobilisées. « Cela nous flinguerait » car la spécificité de la radio, qui fait sa force, disparaîtrait, d'après un responsable syndical, interrogé par l'AFP.
Au-delà de l'aspect structurel d'une telle fusion, les syndicats fustigent aussi un climat peu propice, pointant « une campagne de dénigrement et de calomnies orchestrée par des partis politiques, organisations ou personnalités franchement hostiles au service public de la radio ». Une cadre de la Maison ronde ajoute auprès de l'AFP : « On est censés parler de l'avenir du service public mais le débat risque d'être "ils sont trop de gauche" ou "trop de droite" ».
La radio française publique est régulièrement accusée par des personnalités de droite de pencher nettement à gauche. Sans exprimer les choses de cette manière, Rachida Dati a récemment estimé qu'il faudrait davantage « que le service public soit le reflet de la diversité des opinions des Français ».
La patronne de Radio France réticente à une grande fusion
Du côté de Sibyle Veil, la patronne de Radio France, la réticence quant à une grande fusion est aussi présente. Si la haute cadre est favorable à la création d'une holding, elle est opposée à une fusion.
Dans une interview accordée mi-mars à La Tribune Dimanche, la PDG avait exprimé à ce sujet : « Une fusion de l'audiovisuel public affaiblirait la radio. Et ce n'est pas le moment d'affaiblir l'audio quand on voit les ravages du trop d'écrans sur la santé publique en général et le bien-être des jeunes en particulier ! Sans compter qu'une fusion très consommatrice en temps et en énergie managériale pourrait aboutir à un grand ensemble bureaucratique. »
Par ailleurs, la dirigeante de Radio France a mis en lumière une autre priorité : « En ce moment, on parle beaucoup de l'audiovisuel public, mais il ne faudrait pas en faire un "malade imaginaire". Il se porte bien, gagne du public, innove et est bien géré. Le vrai problème, c'est le poids des Gafa et ce qui se passe sur les réseaux sociaux. »
(Avec AFP)
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