Ligue 1 : prix des abonnements en hausse, baisse des droits TV, départ de joueurs stars... le championnat de foot s'ouvre sur fond de turbulences

L'arrivée de DAZN en tant que diffuseur principal de la Ligue 1 de football, avec une tarification largement supérieure aux années passées, ouvre une période d'incertitude pour le football français, inquiet pour l'exposition de sa compétition phare et sa viabilité économique.
Vincent Labrune, président de la Ligue de football professionnel, visait un milliard d'euros au titre des droits TV pour cette saison. Il n'aura pu qu'obtenir que 500 millions auxquels il faut ajouter 160 millions pour les droits internationaux.
Vincent Labrune, président de la Ligue de football professionnel, visait un milliard d'euros au titre des droits TV pour cette saison. Il n'aura pu qu'obtenir que 500 millions auxquels il faut ajouter 160 millions pour les droits internationaux. (Crédits : © Philippe Laurenson / Reuters)

Ce vendredi soir, en ouverture de la première journée de Ligue 1, le PSG, champion en titre, se déplacera au Havre sans son attaquant vedette des neuf dernières saisons, Kylian Mbappé, parti au Real Madrid. Une question angoisse tout le football français : combien de passionnés auront souscrit à un abonnement à DAZN, le nouveau diffuseur du championnat dont le partenaire titre est désormais McDonalds, pour suivre la rencontre ? Et combien seront-ils d'ici la fin de l'année ?

En attribuant, à l'issue d'un interminable feuilleton, les droits pour 8 matches de L1 en direct à la plateforme de streaming britannique, présenté comme le « Netflix du Sport », contre 400 millions d'euros annuels en moyenne jusqu'en 2029 (avec un neuvième match sur beIN Sports pour 100 millions d'euros), la Ligue de football professionnel (LFP) a certes évité l'écran noir à deux semaines de l'ouverture du championnat, mais n'a pas empêché le doute de s'installer.

Le mot-clé #BoycottDAZN connaît un beau succès sur X

Depuis que DAZN a révélé le prix que le fan de football devra débourser pour visionner les rencontres de L1 (29,99 euros par mois pour un engagement d'un an, 39,99 euros par mois sans engagement), les critiques n'en finissent pas de pleuvoir sur le coût jugé exorbitant de l'abonnement. Sur X, le mot-clé #BoycottDAZN connaît ainsi un beau succès depuis deux jours.

« C'est de nouveau cher, illisible et contraignant. Cette situation a pour effet de pousser le consommateur vers les solutions illicites, le streaming illégal et l'IPTV », estimait mi-juillet le spécialiste Pierre Maes. « Le prix d'abonnement pour DAZN semble très cher, plus cher que l'actuel abonnement d'Amazon (14,99 euros par mois en plus de l'abonnement de 6,99 euros mensuel à Prime Video, NDLR), ce qui pose question sur le nombre d'abonnés limité et sur l'équilibre économique possible pour la plateforme », renchérissait Philippe Bailly, président de l'agence de marketing sportif NPA Conseil.

Pour Pierre Maes, cela « relègue les clubs français loin derrière leurs concurrents du Big 5 (Angleterre, Espagne, Allemangne, Italie et France, ndlr), ce qui aura pour effet d'appauvrir le niveau des joueurs présents sur les pelouses françaises. Du cercle vertueux vanté par Vincent Labrune - le président de la LFP -,  au cercle vicieux ». Déjà incapable d'atteindre le milliard d'euros annuel tant espéré pour les droits TV au moment de l'appel d'offres lancé à l'automne 2023 et finalement infructueux, la Ligue doit désormais se débattre avec les interrogations et la colère des supporters.

« 29,99 euros par mois, pour notre offre en France, est un juste prix, s'est pourtant défendu Shay Segev, le PDG de DAZN, dans les colonnes de L'Equipe. Le consommateur doit comprendre qu'il ne paye pas DAZN, il paye la Ligue et les clubs. Parce qu'en fin de compte, si cela ne fonctionne pas, qu'est-ce que cela signifiera pour le football français ? Nous devons assurer un minimum de valeur. »

Des arguments contestés par Virgile Caillet, délégué général de l'Union Sport et Cycle, spécialiste de l'économie du sport. « Je m'interroge sur la capacité de cette offre à trouver son public, a-t-il indiqué à l'AFP. Si on veut avoir la totalité de la Ligue 1 avec la Ligue des champions, on n'est pas loin de 70 euros. Ce qui est curieux aussi c'est que DAZN ne montre pas d'ambition sur le plan éditorial avec des matches, en dehors de trois affiches, commentés depuis une cabine. Cela interpelle et ce n'est pas de nature à engager les gens à s'abonner. Cela semble vouloir dire qu'ils ne sont pas complètement convaincus par le modèle et veulent limiter la prise de risque. »

La spectre de la faillite de Mediapro refait surface

Pour le football français, le spectre d'un nouveau fiasco ressurgit, quatre ans après la défaillance spectaculaire de Mediapro. Mais le dirigeant de DAZN, qui compte séduire 1,5 million d'abonnés d'ici six mois, balaie le risque, même si le contrat avec la LFP est assorti d'une clause de sortie au bout de deux ans. « Nous sommes une entreprise très différente, une plateforme en lien direct avec les consommateurs et nous gérons une entreprise déjà prospère sur 15 autres marchés autour du football », a-t-il expliqué.

Pour accroître sa visibilité, DAZN a néanmoins noué des accords de distribution ces derniers jours avec Canal+ et Amazon Prime. Le diffuseur s'est également associé avec l'opérateur Free pour lui permettre de proposer des extraits en « quasi direct » des matchs, dans une application dédiée. Par ailleurs, l'entreprise britannique a décidé de programmer gratuitement Toulouse-Nantes, dimanche à 17h00.

Les clubs vont devoir se serrer la ceinture

En attendant de savoir si DAZN et la LFP auront réussi leur coup, la baisse des droits TV nationaux, passés de 624 millions d'euros par an à près de 500 millions, auxquels il faut ajouter 160 millions au titre des droits internationaux, a déjà des répercussions concrètes. La plupart des clubs doivent se serrer la ceinture après avoir enregistré des pertes de 273 millions d'euros en 2022-2023. D'autant qu'avec la longue liste des différentes contributions (CVC, taxe Buffet, syndicats, FFF, charges de la LFP...), il ne restera pas grand-chose à se mettre sous la dent au moment de se partager le gâteau.

« Jamais les clubs de L1 n'ont touché aussi peu au titre des droits TV », avait rappelé le président de Lens Joseph Oughourlian, une fois l'accord scellé. Eric Roy, entraîneur de Brest, qualifié pour la Ligue des Champions, a ainsi déploré, mercredi, lors d'une conférence de presse, la perte de droits TV, « plus de la moitié, de 15 millions à 7 millions » et a estimé que « certains clubs étaient en danger ». La Ligue a déjà commencé sa cure d'austérité en repoussant l'entrée en vigueur de la VAR (assistance vidéo à l'arbitrage NDLR) en Ligue 2 et un audit a été lancé à la LFP par plusieurs présidents de clubs de L1 « car les résultats ne sont pas au niveau des investissements consentis ».

(Avec AFP)

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Commentaires 4
à écrit le 16/08/2024 à 18:37
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Voilà une bonne nouvelle les club de foot vont devoir revoir leur train de vie .

à écrit le 16/08/2024 à 11:56
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Bof pas très grave, sujet sans intérêt. Il y aura quand même des beaufs pour payer.

le 17/08/2024 à 11:09
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En effet, foot = machine a fric. Salaires indecent pour tired dans un Ballon....aux usa, le basket en Europe 🇪🇺, le foot....ils peuvent dire merci au Beaufs qui paient leurs salaire délirants. Sans moi.

à écrit le 16/08/2024 à 10:16
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le milliard le milliard qu il disait Labrune au final la moitié a peine car a force d avoir enfoncé C+ on s en mord les doigts aujourd hui

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