LA TRIBUNE - La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (Agec), définitivement adoptée en ce début d'année, comporte un volet numérique et électronique. Sur ce sujet en particulier, que va-t-elle changer pour les entreprises et les administrations ?
GAUTHIER ROUSSILHE - À compter du 1er janvier 2021, les constructeurs, et notamment les constructeurs d'équipements électroniques, seront tenus d'indiquer sur leur produit un indice de réparabilité. Cet indice, censé guider les choix du consommateur, se transformera en indice de durabilité à partir de 2024.
Ensuite, à partir du 1er janvier 2022, les fournisseurs d'accès à Internet devront indiquer à leurs clients la quantité de données consommées et l'équivalent en émissions de gaz à effet de serre.
En ce qui concerne les administrations publiques, plusieurs choses vont changer également. Elles devront par exemple recourir aux logiciels dont la consommation énergétique est la plus faible et devront, par ailleurs, privilégier l'achat de matériel reconditionné ou fait à partir de matériaux recyclés.
Ces mesures vous paraissent-elles suffisantes ?
C'est une première étape. Ce n'est pas suffisant, mais il faut y aller petit à petit. Pendant longtemps, on a dit du numérique qu'il s'agissait d'une infrastructure dématérialisée. En réalité, son infrastructure est omniprésente, mais plutôt cachée. Pour simplifier : on ne croise pas un data center tous les matins en allant à la boulangerie. Cette loi a au moins le mérite de rendre plus palpables les enjeux liés au numérique.
Récemment, une proposition de loi visant à réduire l'empreinte environnementale du numérique en France a été déposée au Sénat. Que pouvez-vous nous en dire et qu'en pensez-vous ?
Tout n'est pas adéquat mais cela va dans le bon sens. On y retrouve par exemple le fait de former les ingénieurs informatiques à l'écoconception numérique, qui consiste à réduire les impacts environnementaux à chaque étape du cycle de vie d'un service numérique. Le Sénat propose par ailleurs que les entreprises inscrivent, dans leur bilan RSE, l'empreinte environnementale de leurs services numériques. Il y a aussi des choses plus anodines - comme le fait d'interdire la lecture automatique de vidéos (qu'on observe dans le fil d'actualité Facebook par exemple) - mais qui participent, malgré tout, au fait de consommer les outils numériques de façon plus durable. Globalement, la France est probablement l'un des pays qui avance le plus vite en ce qui concerne la prise en compte de l'empreinte environnementale du numérique.
Sujets les + commentés