Coup dur pour TikTok. Le réseau social a affirmé mardi qu'une cyberattaque avait touché d'importants profils de la plateforme, dont les comptes de plusieurs grandes marques et célébrités.
Le nombre de comptes touchés est « très faible » et l'entreprise a renforcé ses défenses pour contrecarrer la méthode utilisée par les pirates, a néanmoins assuré un porte-parole.
« Nous avons pris des mesures pour arrêter cette attaque et éviter que cela ne se reproduise à l'avenir », a-t-il précisé auprès de l'AFP ajoutant que TikTok travaillait directement avec les propriétaires des comptes affectés pour « rétablir l'accès, si nécessaire ».
Cette attaque a été mise au jour par le site d'information Semafor qui a été le premier à signaler la semaine dernière que le compte du média américain CNN avait été compromis, l'obligeant à suspendre sa présence sur TikTok pendant plusieurs jours. Une information ensuite annoncée à son tour par CNN puis confirmée par le réseau social.
Tiktok pointé du doigt pour sa surveillance des fausses informations
Cet aveu de ByteDance arrive au lendemain d'une autre mauvaise publicité pour le réseau social. Selon un rapport publié mardi, TikTok a autorisé la mise en ligne de publicités contenant de la désinformation liée aux élections européennes, contrevenant à ses propres conditions d'utilisation et mettant en doute sa capacité à détecter les fausses informations à quelques jours du scrutin.
L'ONG britannique Global Witness a créé 16 publicités à destination du public irlandais contenant des informations erronées sur les élections, qui ont lieu de jeudi à dimanche, et a tenté de les publier sur trois plateformes: TikTok, YouTube (propriété de Google) et X (ex-Twitter), le réseau social détenu par Elon Musk. Or TikTok, qui est particulièrement populaire auprès des jeunes, a approuvé la mise en ligne des 16 publicités, YouTube en a bloqué 14, X a filtré toutes les publicités et suspendu les faux comptes, indique l'ONG dans son rapport.
« TikTok a lamentablement échoué à ce test », a commenté auprès de l'AFP Henry Peck, chargé de campagne chez Global Witness. « J'ai été surpris parce que, par le passé, TikTok a repéré des contenus qui allaient à l'encontre de ses règles et, dans ce cas précis, n'a rien vu », a-t-il ajouté. « Il semble qu'il dispose des systèmes et des capacités nécessaires et, pourtant, ces contenus n'ont pas été stoppés. »
Dans sa réponse à l'étude, que Global Witness a communiquée à l'AFP, TikTok a reconnu que ces publicités violaient son règlement. Citant une enquête interne, le réseau social, qui appartient à la société chinoise ByteDance, a affirmé que son système avait correctement identifié ces publicités comme enfreignant ses règles d'utilisation, mais qu'elles avaient été approuvées en raison de l'« erreur humaine » d'un modérateur. « Nous avons immédiatement mis en place de nouveaux processus pour éviter que cela ne se reproduise », a déclaré à l'AFP un porte-parole de TikTok.
L'ONG a néanmoins annoncé avoir déposé une plainte auprès des autorités de régulation irlandaises, estimant que le réseau social pourrait enfreindre les règles européennes visant à limiter les menaces sur les élections.
Le réseau social menacé aux Etats-Unis
Et les mauvaises nouvelles ne font que s'enchaîner pour le géant chinois ByteDance. Fin avril, de l'autre côté de l'Atlantique, le Sénat américain a adopté un texte qui oblige le géant chinois à vendre son réseau social. TikTok dispose désormais d'un peu moins de 270 jours (près de neuf mois) pour trouver de nouveaux investisseurs non chinois.
Si aucun repreneur n'est trouvé, le groupe verra son réseau social disparaître des magasins d'applications d'Apple et Google et ne pourra faire de mises à jour. En d'autres termes, l'application dépérira lentement aux Etats-Unis, à moins que ByteDance ne décide de fermer totalement TikTok dans ce pays.
En effet, TikTok est depuis plusieurs années dans le collimateur des autorités américaines qui estiment que l'application de vidéos courtes permet au gouvernement chinois d'espionner et de manipuler les citoyens américains. Au centre des craintes notamment se trouve une loi chinoise de 2017 qui impose aux entreprises locales de remettre sur demande des autorités des données personnelles qui relèveraient de la sécurité nationale. Mais son propriétaire, le groupe privé ByteDance, créé à Pékin, conteste ces allégations.
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