Comptes certifiés : X (ex-Twitter) « trompe » ses utilisateurs, accuse Bruxelles

Le réseau social X « trompe » les utilisateurs et viole les règles de l'UE avec ses coches bleues censées certifier des sources d'information dignes de confiance, a accusé vendredi la Commission européenne. A travers cette déclaration, Bruxelles ouvre ainsi la voie à de lourdes amendes.
X viole les règles de l'UE avec ses coches bleues, selon la Commission européenne.
X viole les règles de l'UE avec ses coches bleues, selon la Commission européenne. (Crédits : DR)

X (ex-Twitter) « trompe » ses utilisateurs, juge la Commission européenne. Dans le détail, le gendarme du numérique dans l'UE estime dans un avis que réseau social viole les règles de l'UE avec ses coches bleues. A l'origine, ces dernières sont censées certifier des sources d'information dignes de confiance, mais tout le monde peut désormais y souscrire, moyennant un abonnement payant.

« X conçoit et exploite son interface pour les "comptes vérifiés" avec la "coche bleue" d'une manière qui ne correspond pas aux pratiques de l'industrie et trompe les utilisateurs », a déploré la Commission.

« N'importe qui peut s'abonner pour obtenir un tel statut "vérifié", ce qui nuit à la capacité des utilisateurs à prendre des décisions libres et éclairées sur l'authenticité des comptes avec lesquels ils interagissent. Il existe des preuves que des acteurs malveillants abusent » de ce dispositif, tacle l'exécutif européen.

Pour rappel, avant le rachat du réseau social par le patron de Tesla et SpaceX, la coche bleue était gratuite. En revanche, elle était réservée aux comptes bénéficiant d'une certaine notoriété. Le symbole permettait ainsi d'authentifier les comptes de personnalités politiques et médiatiques, d'institutions et de journalistes. Elon Musk, considérant ce système comme injuste pour les utilisateurs non-célèbres, a rendu les coches bleues accessibles à tous, mais payantes, privant ainsi des milliers de comptes de cet attribut.

Manque de transparence sur les publicités diffusées

En avril dernier, l'entreprise avait fait savoir dans une nouvelle volte-face que les utilisateurs ayant un grand nombre d'abonnés sur X obtiendraient désormais un abonnement gratuit à la plateforme, ainsi que la fameuse coche bleue.

Bruxelles juge en outre que la firme d'Elon Musk enfreint ses obligations de transparence concernant les publicités diffusées et l'accès aux données de la plateforme pour les chercheurs.

En parallèle, la Commission européenne poursuit des investigations qui peuvent mener à deux accusations supplémentaires : diffusion de contenus illégaux et efforts insuffisants contre la manipulation d'informations.

« X a maintenant le droit de se défendre, mais si notre point de vue est confirmé, nous imposerons des amendes et exigerons des changements significatifs », a averti le commissaire au Numérique, Thierry Breton.

Des sanctions pouvant atteindre 6% du chiffre d'affaires

Cette mise en cause pourrait conduire dans les prochains mois à une décision définitive de non-conformité, si le groupe ne corrige pas les déficiences constatées, puis à des sanctions financières pouvant atteindre 6% du chiffre d'affaires annuel mondial de X. Aucune date limite n'est fixée pour clore ces procédures.

Lire aussiDroits voisins : X (ex-Twitter) contraint de dévoiler aux médias l'argent qu'il tire de leurs articles

Il s'agit d'une première dans le cadre du nouveau règlement sur les services numériques (DSA). Pour rappel, celui-ci est entré en vigueur l'an dernier pour protéger les internautes contre les contenus dangereux. En septembre, Bruxelles s'était inquiété de la quantité particulièrement élevée de fausses informations publiées sur X, après des tests effectués sur plusieurs réseaux sociaux.

Une procédure préliminaire avait été ouverte le 12 octobre, cinq jours après les attaques du Hamas contre Israël. Puis une enquête formelle avait été déclenchée en décembre. La liste des griefs était particulièrement longue. Étaient notamment épinglés le faible nombre de modérateurs, un système de signalement des contenus illicites peu efficace ou encore des messages d'avertissement insuffisants contre les images violentes.

Trois autres grandes plateformes visées

Outre le réseau social d'Elon Musk, trois autres grandes plateformes - TikTok, AliExpress et Meta - font l'objet de procédures formelles de la Commission européenne, sans avoir encore atteint le niveau de mise en cause annoncé vendredi pour X.

Après l'ouverture d'une enquête en avril, TikTok a été contraint de suspendre une fonction qui récompensait les utilisateurs pour le temps passé devant les écrans et était accusée de susciter l'addiction. Le réseau social, dont la maison-mère est chinoise, est visé par une autre enquête ouverte en février pour protection insuffisante des mineurs.

Le site de commerce en ligne AliExpress, filiale du géant chinois Alibaba, est lui ciblé depuis mars pour la vente de produits dangereux comme des faux médicaments. Enfin, en avril et mai, l'UE a ouvert des procédures contre les réseaux sociaux Facebook et Instagram du groupe Meta. Ils sont accusés d'efforts insuffisants contre la désinformation, mais aussi de susciter des addictions chez les enfants et de ne pas suffisamment les protéger contre les « contenus inappropriés ».

Threads fête son premier anniversaire

Threads, le dernier-né de Meta (Facebook), a fêté son premier anniversaire vendredi dernier. Le réseau social rival de X compte désormais 175 millions d'utilisateurs mensuels, mais peine à les convaincre d'y passer beaucoup de temps et à trouver sa place dans un écosystème déjà saturé.

En juillet 2023, alors que de nombreux usagers et annonceurs désertaient un Twitter racheté et transformé par Elon Musk, Threads a connu des débuts fulgurants. En quelques jours, l'application avait été téléchargée plus de 100 millions de fois, notamment grâce à une inscription ultra simple depuis Instagram. Mais l'activité des utilisateurs a rapidement diminué, et reste la principale ombre au tableau.

(Avec AFP)

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Commentaires 4
à écrit le 13/07/2024 à 7:03
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Ce que veulent la commission européenne et l’état français ce sont des médias aux ordres qui se contentent de diffuser leurs propagandes.

à écrit le 12/07/2024 à 20:31
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Si il fallait vraiment faire du fact checking, il faudrait commencer par interdire totalement LCI !!

à écrit le 12/07/2024 à 15:46
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C'est juste. La perfection n'est pas de ce monde, mais ce système qui s'efforce d'imposer une vision manichéenne et monolithique est étouffant et bien peu soucieux de démocratie. Normalement, la loi et les institutions devraient nous protéger, mai...

à écrit le 12/07/2024 à 15:14
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Les sources d'information dignes de confiance ou en tout cas fiables à 100% n'existent pas. Même le fact checking pratiqué par les grands médias est parfois douteux. Des fois je lis un article de fact checking, ils enquêtent, donnent des faits (et ç...

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