L’Ademe mise sur la low-tech en Bourgogne-Franche-Comté

Afin de développer la pratique de la low-tech en Bourgogne-Franche-Comté, l’Agence de la transition écologique (Ademe) avait lancé, en avril dernier, dans le cadre du programme Transition Action, un appel à manifestation d’intérêt (AMI). Cet AMI se termine le 21 juin.
l’Urbaner, un tricycle avec possibilité de transporter des passagers, qui permet de remplacer la voiture sur les trajets du quotidien.
l’Urbaner, un tricycle avec possibilité de transporter des passagers, qui permet de remplacer la voiture sur les trajets du quotidien. (Crédits : Ademe)

La raréfaction des ressources pour produire des biens et l'exigence de sobriété dans la consommation des énergies et de l'eau posent un défi de cohérence : comment et quoi produire pour continuer à vivre bien ? La démarche low-tech tente de répondre à cette question au travers d'un ensemble de pratiques relatives. « Elle induit un techno-discernement et un regard systémique sur l'innovation », précise Antoine Waret, référent low-tech à l'Ademe Bourgogne-Franche-Comté. « Il s'agit à la fois de réduire la complexité technologique, d'entretenir l'existant plutôt que de le remplacer, de donner accès au plus grand nombre aux solutions et de maîtriser les usages », explique-t-il.

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Utile, durable, accessible

« La low-tech est une approche liée à une démarche et non à un objet en soi », rappelle Antoine Waret. L'Ademe distingue trois piliers indispensables à cette démarche : l'utilité, en tant que réponse à un besoin essentiel, la durabilité, qui vise le moindre impact environnemental et enfin, l'accessibilité, c'est-à-dire à la fois la facilité d'usage, la réparabilité et le partage de la propriété.

Trois piliers que l'on retrouve dans le projet d'un néo-paysan, Martin Barbieux, qui a démarré, il y a quelques années, son exploitation viticole en agriculture biologique sur les hauteurs de Vézelay, dans l'Yonne. Quand ce dernier a commencé, il a été confronté à un problème : ses 3 hectares de vignes, et plus généralement celles de Bourgogne, ne présentent pas le même écartement (1m30) que la plupart des vignes en France (2m50). Or, tous les semoirs viticoles - indispensables pour ressemer des jeunes plants de vignes tous les ans - vendus sur le marché sont fabriqués à la chaîne par des industriels, avec une même largeur de 2m50.

Partant de ce constat, Martin Barbieux a voulu acquérir un semoir viticole qui soit spécialement adapté à l'écartement de ses vignes. Afin de répondre à ses besoins spécifiques, le vigneron a décidé de construire lui-même son semoir. Pour cela, il a fait appel à une coopérative, l'Atelier paysan, pour mettre en œuvre son projet d'auto-construction. « Je n'ai pas payé le stage mais uniquement la matière première (ferraille de récupération) », confie-t-il. Soit au total, un coût de 3.500 euros pour une semaine de stage en soudage et un semoir sur-mesure, au lieu de 11.000 euros pour semoir classique. « L'avantage d'avoir conçu ma machine est que je sais exactement comment la réparer », souligne Martin Barbieux. « C'est moi qui maîtrise la machine et non l'inverse », poursuit-il.

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Le semoir sur-mesure construit par Martin Barbieux

Au-delà de l'écoconception

En Bourgogne-Franche-Comté, la démarche low-tech bénéficie d'une montée en puissance. L'objectif est bien de dépasser l'écoconception. En effet, la démarche low-tech va au-delà de la réduction des impacts et questionne les besoins. « S'il est théoriquement possible d'écoconcevoir un SUV, en appliquant une démarche low-tech, on s'orienterait plutôt sur des systèmes type ''quadricycles'', moins gourmands en ressources tout en répondant au besoin de se déplacer », souligne Antoine Waret. Ou encore des véhicules intermédiaires, tel que l'Urbaner, un tricycle avec possibilité de transporter des passagers, qui permet de remplacer la voiture sur les trajets du quotidien. « Cela permet de tout doucement descendre les marches de la sobriété pour trouver le véhicule qui est adapté à notre besoin », témoigne Timothée Lopez, un jeune papa de deux enfants qui en a fait son principal moyen de déplacement, à Cluny, dans l'Yonne.

Un accompagnement « à la carte »

La clôture des dossiers de l'AMI low tech est prévue pour le 21 juin. Pour l'heure, l'Ademe BFC a reçu une trentaine de candidatures. Cet AMI permettra de recenser les entreprises pionnières et d'encourager de nouvelles initiatives. « Il n'y a pas vraiment d'enveloppe financière spécifique » précise Antoine Waret. « L'objectif est d'émettre des propositions d'articulation sur mesure avec nos partenaires, pour chaque lauréat, selon ses besoins et son niveau de maturation », poursuit-il. Les projets retenus bénéficieront d'un appui hybride, adapté à chaque initiative : financement, appui méthodologique, aide à la création d'entreprise.

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