Semi-conducteurs : Nvidia visée par une enquête pour pratiques anticoncurrentielles aux Etats-Unis

D'après le site d'information The information, le département de la justice américaine enquêterait sur le géant des semi-conducteurs après des plaintes émises par ses concurrents. Nvidia, propulsé par l'essor de l'IA générative, est devenue l'une des entreprises les plus valorisées en Bourse dans le monde.
La procédure cherche à savoir si Nvidia a fait pression sur les fournisseurs de solutions d'informatique dématérialisée.
La procédure cherche à savoir si Nvidia a fait pression sur les fournisseurs de solutions d'informatique dématérialisée. (Crédits : Ann Wang)

Nvidia est dans le viseur du département de la justice aux Etats-Unis. Une enquête a ainsi été lancée après des plaintes de concurrents selon lesquelles le géant américain des semi-conducteurs abuserait de sa position dominante sur le marché, a rapporté ce jeudi le site d'informations américain spécialisé dans l'industrie technologique, The information. Résultat, les actions de Nvidia chutaient de 3,4 % à 105,55 $ à la Bourse de New York vers 11h30, en pré-ouverture du marché.

La procédure cherche à savoir si Nvidia a fait pression sur les fournisseurs de solutions d'informatique dématérialisée (« cloud ») pour qu'ils achètent plusieurs de ses produits, indique le site qui cite des sources impliquées dans les discussions. Toujours selon The Information, l'enquête vise également à déterminer si Nvidia facture à ses clients un prix plus élevé pour le matériel de réseau si le client souhaite acheter des puces d'IA de rivaux tels qu'Advanced Micro Devices et Intel.

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L'entreprise n'a pas pour le moment commenté l'enquête, mais a déclaré qu'elle fournirait toutes les informations demandées par les régulateurs.

« Nous sommes compétitifs sur la base de décennies d'investissement et d'innovation, en adhérant scrupuleusement à toutes les lois, en rendant Nvidia ouvertement disponible dans chaque cloud et sur site pour chaque entreprise, et en veillant à ce que les clients puissent choisir la solution qui leur convient le mieux », a déclaré ainsi un porte-parole de Nvidia à Reuters.

De son côté, le département de la Justice des États-Unis n'a pas répondu immédiatement à la demande de commentaire de Reuters jeudi.

Une enquête en France

Nvidia, qui détient environ 80% du marché des puces destinées à l'IA, a vu la demande bondir à la suite de la sortie de l'application d'IA générative ChatGPT l'année dernière, suscitant des inquiétudes sur la concurrence des deux côtés de l'Atlantique. L'Autorité française de la concurrence enquête également sur Nvidia pour soupçons de pratiques anticoncurrentielles, mais aucune notification de griefs n'est prévue dans l'immédiat, a confirmé l'institution à l'AFP mi-juillet.

« Il y aura une notification de griefs mais ce n'est pas imminent », avait alors indiqué à des journalistes le président de l'Autorité, Benoit Coeuré, interrogé sur des informations de Reuters selon lesquelles l'instance s'apprêtait à poursuivre Nvidia pour pratiques anticoncurrentielles présumées.

L'Autorité de la concurrence a fait part en juin de ses préoccupations dans le domaine de l'intelligence artificielle. « Il est essentiel que le fonctionnement concurrentiel du secteur soit favorable à l'innovation et permette la présence d'une multiplicité d'acteurs », a ainsi pointé l'institution dans un avis consultatif. En septembre, le gendarme français de la concurrence avait déjà mené une perquisition chez l'entreprise à Paris.

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Une des plus fortes valorisations boursières

Nvidia a connu un succès fulgurant. Le concepteur américain de semi-conducteurs a rejoint cet été le club exclusif des entreprises aux plus fortes valorisations boursières mondiales, aux côtés d'Apple et Microsoft. Le groupe doit sa popularité à ses cartes graphiques (GPU), des puces capables de gérer une quantité considérable de calculs, nécessaires au développement des programmes d'IA générative, c'est-à-dire capables de créer du texte, de la musique, des images ou de la vidéo en réponse à une requête en langage courant, à l'instar de l'interface ChatGPT.  Depuis le lancement de ChatGPT fin novembre 2022, le cours de l'action de Nvidia a ainsi été multiplié par huit.

Même si ses grands concurrents comme AMD ou Intel, ainsi que les géants de la « tech » comme Apple ou Microsoft, sont lancés à sa poursuite, Nvidia conserve une confortable avance sur le marché des semi-conducteurs utilisés pour l'IA générative.

Le groupe a même encore accéléré le rythme en dévoilant début juin à Taïwan de nouveaux projets et produits liés à l'IA. Alors que Nvidia vient juste de sortir sa plateforme Blackwell, une puce qui permet de développer et faire tourner des modèles de langage d'IA générative moyennant un coût et une consommation d'énergie divisés par 25 par rapport à son prédécesseur, son PDG a annoncé des plans pour une version « ultra » en 2025. Il a également brièvement dévoilé un code d'architecture GPU (cartes graphiques) de nouvelle génération nommé Rubin.

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D'autres poids lourds de l'IA visés par les autorités américaines

Mais Nvidia n'est pas la seule entreprise de l'IA à être dans le radar des autorités américaines. Un accord aurait été conclu entre le département américain de la Justice et la Commission fédérale du commerce (FTC) pour mener des enquêtes anticoncurrentielles sur les grandes entreprises de l'IA, rapporte début juin le New-York times. Alors que le ministère de la Justice devrait se concentrer sur le concepteur de semi-conducteurs Nvidia, l'Agence américaine de la concurrence (FTC) va éplucher les dossiers OpenAI et Microsoft.

Il faut dire que, sorti en mars 2023, le modèle GPT-4 d'OpenAI reste en effet le plus performant du secteur d'après les benchmarks les plus suivis. Quant aux intégrations de Gemini de Google dans les logiciels comme Workplace (la suite de bureautique de Google), ils pêchent d'un retard de calendrier sur les Copilot de Microsoft. Et s'il sort son prochain modèle d'IA, GPT-5, à l'été, comme les rumeurs le suggèrent, OpenAI va à nouveau creuser l'écart, du moins temporairement.

Une avance technologique qui profite à Microsoft, qui a investi plus de 13 milliards de dollars dans la jeune pousse et dispose de 49% de son capital en plus d'un siège à son conseil d'administration. Le Wall Street Journal a rapporté par ailleurs, toujours début juin, que la FTC était en train d'examiner l'accord de 650 millions de dollars conclu par Microsoft avec une startup spécialisée dans l'IA : Inflection AI.

(Avec agences)

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Commentaire 1
à écrit le 05/08/2024 à 12:57
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Le chiffre d'affaire de NVIDIA est-il réel ou complétement imaginaire comme celui d'ENRON, de WORLDCOM et autres entreprises internet du début des années 2000 ? Pour ceux qui ont la mémoire courte, il ne faut pas oublier ce qui s'est passé alors. P...

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