![AI Overview, la nouvelle fonctionnalité de Google dopée à l'IA générative.](https://static.latribune.fr/full_width/2372778/overviewai.jpg)
« Laissez Google chercher pour vous » : voilà le message envoyé ce vendredi soir sur la scène de la Google I/O, grande messe annuelle de l'entreprise californienne. Lors de l'édition précédente, l'écrasant numéro un de la recherche en ligne (avec plus de 90% de parts de marché) avait déjà esquissé les contours d'une nouvelle fonctionnalité d'intelligence artificielle générative pour son moteur de recherche.
Après un an de tests, elle arrive enfin auprès du grand public, avec un accès dès maintenant pour les utilisateurs américains, et d'ici la fin de l'année pour plus d'un milliard d'utilisateurs. Le nom de code de ce nouveau moteur de recherche Google : « AI Overview ». Soit une vue d'ensemble des résultats de la recherche, piochée sur différents sites et synthétisée par l'intelligence artificielle. Concrètement, le résumé apparaît juste en dessous de la barre de recherche et relègue au second plan la liste de liens web habituelle.
Le plus grand changement de l'histoire de Google
C'est ni plus ni moins le plus grand changement de l'histoire de Google depuis son lancement en 1998. L'entreprise promet ainsi de faire gagner du temps à ses utilisateurs, et dans le même temps, elle répond frontalement à la nouvelle génération de moteurs de recherche concurrents (Perplexity, Arc, Brave, mais aussi Bing) qui espérait s'attaquer à son business historique grâce à l'IA générative.
En février, le cabinet Gartner estimait qu'à l'horizon 2025, le volume de recherche traditionnelles chuterait de 25% par rapport à aujourd'hui, au profit de recherches réalisées par des outils d'IA. Les changements de Google sont un premier grand pas dans cette direction.
La fin d'une ère ?
Si le changement annoncé ce mardi pourrait être la fin d'une ère, il ne signe pas encore la fin des liens sur Google. Liz Reid, directrice de la recherche en ligne, précise à Wired que les résumés d'IA (AI Overviews) n'apparaîtront que pour répondre aux questions complexes. Pour les cas de figures les plus simples, le fonctionnement historique, qui propose dix liens par page, sera maintenu. Un algorithme spécialisé se chargera de déterminer si la recherche de l'utilisateur nécessite ou non le nouveau module d'IA.
De plus, AI Overview cite une partie de ses sources, sous la forme d'une liste de quatre liens sur lesquels il est allé piocher les informations. D'après les tests de Google, ces liens recevraient encore plus de clics de la part des internautes que s'ils étaient apparus dans une page de recherche normale. Ce constat vient nourrir le discours à deux facettes, en apparence incompatibles, tenu par l'entreprise. D'un côté, elle clame que son IA générative va faire la recherche à la place de l'internaute. De l'autre, elle promet que sa mission est toujours d'envoyer du trafic d'utilisateurs vers les éditeurs de sites web et les créateurs de contenus.
« Les gens ont déjà utilisé AI Overviews des milliards de fois au travers lors de notre phase de tests. Nous avons découvert qu'avec AI Overviews, ils font plus de recherches, et sont plus satisfaits des résultats », tente-t-elle de rassurer dans son billet de blog. L'auteur ajoute même que les internautes finissent par visiter une plus grande variété de sites webs, sous-entendu que la nouvelle fonctionnalité serait une bonne nouvelle pour les éditeurs, même si elle a pour objectif premier d'éviter des clics aux utilisateurs.
Début du règne de l'IA générative sur Google
L'intégration de l'IA générative choisie par Google s'avère donc bien plus radicale que celle choisie par Microsoft pour son moteur de recherche Bing. Ce dernier avait intégré l'IA générative à son outil dès février 2023, mais il avait décidé d'en faire une fonctionnalité à part, clairement séparée de l'interface de recherche normale. Cette stratégie n'a pas payé et Bing n'a pas réussi à grignoter des parts de marché supplémentaires à l'ogre Google.
En revanche elle lui permettait au moins de limiter les risques liés aux nombreux couacs intrinsèques aux IA génératives, les situations où elles mentent involontairement (aussi appelées « hallucinations »). D'ailleurs, comme l'a repéré The Verge, AI Overview a déjà fait une erreur factuelle, dans une des nombreuses vidéos préparées pour la présentation de mardi.
Google devra donc prouver rapidement qu'il peut contenir suffisamment ces risques, d'autant plus qu'il semble déterminé à aller encore plus loin, puisqu'il a déjà présenté d'autres fonctionnalités, dont l'arrivée est prévue pour la fin d'année. Le géant de la tech compte par exemple mettre à disposition des utilisateurs d'AI Overview des réglages, afin qu'ils puissent demander à l'outil de simplifier ou de détailler encore plus sa réponse. Il prévoit aussi de doter l'outil d'une nouvelle capacité de raisonnement pour répondre aux questions complexes qui nécessitent plusieurs recherches cumulées aujourd'hui.
Ou encore, il compte lui ajouter des capacités de planification, comme par exemple la faculté à créer un menu sur sept jours avec des contraintes imposées par l'utilisateur, qui renverrait vers des recettes piochées sur internet. Google ne s'arrête pas là, et explore de nouvelles frontières, avec notamment la possibilité de lancer une recherche à partir d'une vidéo.
Si l'IA générative va faire ses pas sur le moteur de recherche dès cette semaine aux États-Unis, il faudra donc attendre plusieurs mois pour cerner l'ampleur du bouleversement de Google. Cette évolution sera suivie de près, puisque le géant de la tech entraîne tout un écosystème d'éditeurs de sites web dans sa plongée vers l'inconnu. Et tant pis s'il y a de la casse...
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