La Corée du Sud investit massivement pour soutenir les concepteurs de semi-conducteurs

Le ministre des Finances coréen a annoncé préparer « un plan d'assistance de plus de dix billions de wons (6,8 milliards d'euros) pour soutenir les "fabless", les matériaux pour puces et les équipements de fabrication dans tous les secteurs de l'industrie des puces ». Avec cette somme, Séoul espère rester une des places fortes de la production de semi-conducteurs dans le monde.
La quatrième puissance économique d'Asie cherche à développer fortement son industrie technologique, pour rester un leader dans la production de puces au niveau mondial.
La quatrième puissance économique d'Asie cherche à développer fortement son industrie technologique, pour rester un leader dans la production de puces au niveau mondial. (Crédits : DPA / Picture Alliance via Reuters Connect)

Les milliards pleuvent sur les semi-conducteurs, ces composants électroniques considérés de longue date comme un élément clé de l'économie mondiale, étant utilisés dans tous les domaines - des appareils de cuisine aux téléphones portables, en passant par les voitures et les armes. Dimanche, le ministère des Finances de Corée du Sud a dévoilé un plan d'investissement colossal, visant notamment les concepteurs de puces.

Le gouvernement « prépare un plan d'assistance de plus de dix billions de wons (6,8 milliards d'euros) pour soutenir les "fabless" (sociétés qui conçoivent leurs produits mais sous-traitent leur fabrication), les matériaux pour puces et les équipements de fabrication dans tous les secteurs de l'industrie des puces », a déclaré le ministre Choi Sang-mok, selon un communiqué.

Lire aussiSemi-conducteurs : comment le géant indien Tata veut entrer dans l'arène

L'annonce remonte à vendredi, lors d'une réunion entre le ministre et des directeurs d'entreprises sud-coréennes du milieu, mais les propos de Choi Sang-mok n'ont été rendus publics par le ministère que dimanche. Le paquet pourrait reposer sur un « nouveau fonds financé par des institutions financières privées et publiques », a ajouté Choi Sang-mok, le communiqué précisant que des détails seraient donnés plus tard.

La Corée du Sud est une plaque tournante du marché des puces. Deux des plus gros fabricants mondiaux, Samsung Electronics et SK Hynix, sont des sociétés sud-coréennes. Mais le marché de la conception de puces est aujourd'hui largement dominé par des géants américains comme Nvidia ou Qualcomm qui sous-traitent la fabrication de leurs composants, notamment aux géants coréens. Le gouvernement coréen souhaite renforcer désomais son poids mondial dans la conception.

Lire aussiComment Nvidia est devenu l'incontournable baromètre du boom de l'intelligence artificielle

Séoul veut rester l'un des leaders mondiaux des puces

Concernant la fabrication de puces, en 2023, Séoul s'est notamment engagé à construire la plus grosse usine de production de puces de la planète grâce à 220 milliards d'euros d'investissement privé provenant en premier lieu de Samsung Electronics, leader mondial. En mai 2022, Samsung avait déjà révélé un plan d'investissement colossal de plus de 300 milliards d'euros sur cinq ans pour renforcer sa position notamment sur le marché des semi-conducteurs.

La Corée du Sud compte aussi investir « 9.400 milliards de wons (6,94 milliards de dollars) dans les domaines de l'IA et des semi-conducteurs liés à l'IA d'ici 2027 », a déclaré le président sud-coréen Yoon Suk Yeol, selon ses services, lors d'une réunion avec des responsables du secteur le 9 avril. Ce n'est pas tout : elle veut aussi créer un fonds distinct de 1.400 milliards de wons (1 milliard de dollars) « pour aider à la croissance des entreprises innovantes de semi-conducteurs d'IA ». La Corée du Sud entend « aller au-delà des puces mémoire, pour conquérir le futur marché des puces d'IA », a-t-il souligné.

Le déploiement de l'intelligence artificielle (IA), particulièrement depuis l'arrivée de ChatGPT et d'autres produits l'IA générative, est venue accentuer encore un peu plus l'intérêt autour de ces puces. « Nous prévoyons que la demande de semi-conducteurs pour l'IA sera de l'ordre de 150 milliards de dollars d'ici 2030, soit 15% du marché », a récemment indiqué à La Tribune Aleksander Peterc, responsable de la recherche actions pour le secteur des matériels technologiques chez Société Générale CIB. « Certains acteurs (notamment AMD) anticipent une demande de l'ordre de 400 milliards de dollars à cet horizon », a-t-il ajouté.

Consciente de ce nouveau marché, la quatrième puissance économique d'Asie cherche à développer fortement son industrie technologique, pour rester un leader dans la production de puces au niveau mondial. Les semi-conducteurs ont représenté le premier poste d'exportation de la Corée du Sud au mois de mars - un cinquième du total - avec 10,86 milliards d'euros en valeur, soit un plus haut depuis presque deux ans, selon des données du ministère du Commerce.

Une course mondiale

Mais cette hégémonie est menacée puisque de nombreuses grandes puissances souhaitent augmenter drastiquement leurs productions de puces. Avec le conflit commercial en cours entre la Chine et les Etats-Unis, qui se disputent le contrôle du marché des puces, l'approvisionnement en ces produits d'importance capitale est devenu un enjeu international.

Ainsi, dans le cadre du « Chips and Science Act », approuvé à l'été 2022, prévoyant 52,7 milliards de dollars pour relancer la production de semi-conducteurs aux Etats-Unis, Washington a annoncé des subventions pouvant atteindre 6,1 milliards de dollars pour que le fabricant Micron construise deux usines dans le pays, et, dans la même optique, 6,4 milliards pour Samsung, 6,6 milliards pour le géant taïwanais TSMC et même 20 milliards pour Intel.

D'autres grandes puissances ont aussi annoncé des soutiens massifs pour relocaliser la production de puces. C'est le cas du Japon qui avait indiqué l'année dernière qu'il prévoyait de dépenser 13 milliards de dollars pour stimuler la production nationale de semi-conducteurs d'importance stratégique et de technologies d'intelligence artificielle (IA).

Les Pays-Bas ont, eux, récemment annoncé investir 2,5 milliards de dollars pour garder des entreprises néerlandaises stratégiques sur son territoire, suite aux menaces de délocalisation de son champion local ASML. L'Union européenne a par ailleurs acté à l'été dernier un plan, baptisé lui aussi « Chips Act », qui fixe l'objectif de doubler sa part de marché actuelle d'ici la fin de la décennie. À savoir passer d'environ 10% du marché mondial à 20% en 2030. Elle compte ainsi investir plus de 100 milliards d'euros dans sa politique de production de semi-conducteurs pour devenir autonome en la matière.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 3
à écrit le 13/05/2024 à 18:11
Signaler
Encore un énième détournement de fond public sud coréen (cf. corruption endémique) pour subventionner Scamsung et enfoncer le chaebol dans la dépendance à son monopole de la DRAM...

le 14/05/2024 à 6:05
Signaler
Les fonds sont prives. L'actionnariat en Asie est extremement populaire contrairement a la France ou le petit epargnant prefere voir ses economies au chaud a la banwue se retrecir comme peau de chagrin pour cause d'inflation. Quand on ne connait pas ...

à écrit le 13/05/2024 à 9:22
Signaler
De la spécialisation des tâches des salariés à la spécialisation des tâches par pays. Ça manque singulièrement de vie et d'initiatives et de dynamisme créatif tout cela quand même hein...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.