Pour un sursaut du cadre financier de la transition énergétique

La finance s’est imposée comme le thème central de la COP28, avec la signature d’une déclaration commune en faveur d’un cadre mondial de financement. Aujourd’hui, si les dirigeants internationaux se sont engagés à faciliter l'environnement politique et financier dans le développement des technologies vertes, beaucoup reste encore à faire. A la veille de la COP29, le sujet du financement de la transition climatique reste la mère de toutes les batailles.
(Crédits : DR)

Les technologies innovantes pour réussir la transition énergétique, au premier rang desquelles les énergies renouvelables, l'électrification, l'hydrogène vert ou encore les carburants bas carbone sont toutes des technologies à forte intensité capitalistique. A ce titre, le coût de ces technologies est singulièrement lié à l'évolution des taux d'intérêt (coût de capital), susceptible de rendre la charge de la transition particulièrement coûteuse. Parallèlement, il apparaît que les structures de financement associées à ces projets sont susceptibles d'ajouter de nombreux coûts supplémentaires aux investissements verts, en raison des risques politiques, économiques, techniques et financiers associés à ces projets. Les fournisseurs de capitaux exigent à ce titre un rendement plus élevé pour compenser cette part de risque : plus le projet est risqué, plus le coût du capital sera élevé.

Ainsi, les coûts de financement, découlant du coût du capital, peuvent représenter jusqu'à la moitié des investissements nécessaires pour alimenter ces projets innovants de la transition énergétique, notamment dans les pays en développement. Face à ce constat, la finance s'impose comme l'un des éléments essentiels à la réussite du plus grand défi d'investissement de notre siècle, qui pourrait s'élever jusqu'à plus de 7 000 milliards de dollars par an d'ici 2050. Dès lors, comment réconcilier le monde de la finance avec la transition à mener ?

Réduire les risques pour rendre les investissements plus abordables

Tout d'abord, l'un des premiers leviers pour rendre le financement des innovations vertes plus abordable pourrait être la réduction des risques. Aujourd'hui, on estime qu'un tel allégement dû aux politiques adaptées et à la redéfinition des risques pourrait représenter une baisse de 40 000 milliards de dollars sur les coûts de la transition énergétique jusqu'en 2050, passant de 200 000 milliards à 160 000 milliards. Ainsi, la stabilité du cadre normatif, les investissements publics, la transparence et la visibilité sur les projets sont autant de leviers susceptibles d'être mis en place pour rassurer les investisseurs et prêteurs, réduisant par la même la charge des coûts dans l'évaluation des risques.

Réaliser des économies grâce à un cadre de financement flexible de projets verts

Grâce aux effets d'apprentissage financier (notamment l'amélioration de la perception des risques, le mûrissement des marchés d'énergies vertes et les environnements réglementaires), le coût du capital peut connaître des réductions significatives au fil de la vie d'un projet. Dans un tel contexte, une diminution constante des coûts peut se produire, y compris après l'achèvement de la construction. Ce mécanisme, intitulé refinancement, qui comprend à la fois la dette et les fonds propres, peut débloquer jusqu'à 10 000 milliards de dollars d'économies, cumulativement d'ici 2050.

Ensemble, la réduction des risques et le refinancement, notamment dans les pays en développement, pourra faire baisser le coût de la transition de l'ordre de 25%, économisant ainsi jusqu'à 50 000 milliards de dollars d'ici 2050.

Pour y parvenir, toutes les parties prenantes doivent travailler ensemble dans le but de remodeler l'environnement actuel du financement de projets en un écosystème de financement de projets fonctionnel et durable. D'un côté, les investisseurs et prêteurs sont appelés à davantage donner la priorité aux investissements verts, ainsi qu'à adapter leurs méthodes d'évaluation financière pour y inclure les risques climatiques. De l'autre, les décideurs politiques, en collaboration avec les banques de développement doivent agir sans plus attendre pour créer les conditions de départ, c'est-à-dire un environnement réglementaire stable et facilitant, des taxonomies incitatives, des instruments adéquats de réduction des risques et la création d'un écosystème différencié et flexible de financement de projets durables, afin de permettre à maximiser l'impact de la finance concessionnelle limitée. Enfin, les organisations internationales ont-elles aussi un rôle à jouer, en contribuant à poser les fondements géopolitiques et commerciaux d'un environnement de finance verte mondial, qui aidera à réduire le coût de la transition énergétique et favorisera le développement économique dans le monde entier.

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