Pourquoi les « Para » et les JO ne fusionnent pas

Les Jeux du Commonwealth ou de la francophonie mêlent des épreuves valides et non valides avec succès. Plus compliqué à organiser en contexte olympique. Mais avec des ajustements…
Les Jeux Paralympiques de Paris 2024 auront lieu du 28 août au 8 septembre.
Les Jeux Paralympiques de Paris 2024 auront lieu du 28 août au 8 septembre. (Crédits : © LTD / AFLO SPORT)

Entre 1984 et 2004, les Jeux olympiques ont accueilli deux épreuves disputées en fauteuil roulant : le 800 mètres féminin et le 1 500 mètres masculin. Aux championnats du monde d'athlétisme 2003 à Paris, huit épreuves paralympiques se sont courues au milieu des compétitions de valides, sur un modèle alors commun avec de grands meetings internationaux. Aux Jeux du Commonwealth, de la francophonie ou méditerranéens, le programme intègre des compétitions parasportives. L'intérêt semble évident : habituer le public à ces champions et changer le regard sur le handicap.

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Pourquoi ne pas aller plus loin ? À Paris, les Paralympiques (28 août-8 septembre), dont on célèbre demain le J-100, auront lieu plus de deux semaines après les JO. Pourquoi une fusion des deux n'a-t-elle pas été envisagée ? La question est récurrente, la réponse simple : impossible, en tout cas sans allègements. L'organisation serait titanesque. Illustration : comment intégrer les quinze finales masculines et douze féminines du 100 mètres paralympiques, toutes liées à des handicaps différents et à leurs degrés, aux finales du 100 mètres des JO ? Le casse-tête ne s'arrêterait pas là, souligne le comité d'organisation (Cojop) de Paris 2024. « Il faudrait un village olympique de 26 000 lits, un service de transports capable d'absorber presque autant de personnes, dont environ 2 000 en fauteuil. Il faudrait que l'ensemble des installations soit doublé, soit deux stades et deux piscines, ou alors doubler la durée des Jeux, soit un mois sans pause. » Avec un budget également « doublé », selon Tony Estanguet, le président du Cojop.

« On ne veut pas essuyer les plâtres »

Un programme paralympique réduit serait en revanche plus digeste. Mais cette fois, c'est la commission des athlètes paralympiques du Comité international qui freine. C'est à sa demande que l'expérience menée entre 1984 et 2004 a été stoppée. Trop injuste à son goût. Pourquoi valoriser à ce point les coureurs de 800 et de 1 500 mètres et pas les nageurs ou les pongistes ?

Une autre option revient régulièrement sur la table pour donner plus de lumière aux « Para » : leur laisser ouvrir le bal plutôt que de le fermer. Pas certain cependant que leur médiatisation serait accrue ni que les billets, dont la vente décolle en général après les Jeux, s'écouleraient plus facilement. Jean Minier, directeur des sports du Comité paralympique et sportif français, soulève également des problèmes d'organisation : « On ne veut pas essuyer les plâtres sur les sites de compétition ou au village olympique. Quand on arrive, l'organisation est rodée, et c'est une bonne chose. »

D'autres proposent d'augmenter la participation d'athlètes handicapés aux compétitions valides, comme le coureur de 400 mètres sud-Africain Oscar Pistorius, premier athlète amputé qualifié pour les JO, en 2012. Certains seraient capables d'impressionner le public habitué aux valides, comme le sauteur en longueur allemand Markus Rehm, qui bondit à 8,72 mètres. « Il utilise du matériel et sa performance n'est pas forcément plus extraordinaire que les 2'20" d'un 100 mètres nage libre pour un tétraplégique », recadre Jean Minier, qui décèle un écueil majeur : « Nous ne voulons pas que les performances des athlètes paralympiques soient appréciées à l'aune des performances olympiques. »

Président du Comité international paralympique, Andrew Parsons continue ainsi de soutenir que « faire un événement unique noierait les performances exceptionnelles de ces athlètes » ; selon lui, « faire les Jeux paralympiques juste après les Jeux olympiques est la situation la plus adéquate ». Aucune raison donc que cela change.

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Commentaires 5
à écrit le 30/05/2024 à 14:11
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J.O. 2024 ? Ne manquez pas de lire "Oxymore" de Jean Tuan chez C.L.C. Éditions. L'auteur observateur attentif de la Chine, le pays de son père, nous dévoile comment la Chine utilise tous les moyens pour que ses athlètes triomphent au niveau mondial....

à écrit le 19/05/2024 à 9:40
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"La peine des autres est légère à porter" donc nous la portons le plus souvent mais la peine des personnes handicapées est trop lourde à porter les gars. L'idée est bonne et le principe noble sans aucun doute mais ça ne prendra pas d'autant que comme...

le 19/05/2024 à 10:37
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Je connais bien le sujet, le prix d'une prothèse de base, un bras, c'est 5000 euros hein. Matériel de base et non les produits high tech dont nous abreuvent les médias de masse pour ces JO qui elles osnt de plusieurs de dizaine de milliers d'euros. R...

le 20/05/2024 à 9:42
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"déjà si on facilitait la vie de tous les jours aux personnes handicapées" sachant que tout le monde peut devenir handicapé, un accident est vite arrivé (en traversant la rue, faisant du vélo, ou un piano qui tombe par la fenêtre :-) le mien est au R...

le 20/05/2024 à 11:27
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Et ? Comme d'hab quoi... :-)

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