Investissements étrangers en Île-de-France : après une année 2022 record, 2023 sur la même dynamique

La région la plus riche d’Europe affiche une attractivité record en 2022, renouant même avec ses chiffres pré-Brexit concernant le nombre de projets d’investissements directs étrangers (IDE). Au regard des premiers chiffres de 2023, la tendance semble se poursuivre. Paris et ses alentours attirent surtout pour leurs atouts en termes de recherche et développement (R&D), mais la région reste toujours celle où la fracture socio-spatiale est la plus importante en France. Explications.
De nombreuses banques se sont installées ou ont augmenté leurs effectifs à La Défense et dans les quartiers d'affaires franciliens depuis le Brexit.
De nombreuses banques se sont installées ou ont augmenté leurs effectifs à La Défense et dans les quartiers d'affaires franciliens depuis le Brexit. (Crédits : Reuters)

Les marques du Covid disparaissent progressivement en France, en témoigne le nombre de projets d'investissement privés étrangers dans la région-capitale. Après une baisse en 2020 avec 336 projets puis une hausse à 404 projets en 2021, 2022 est synonyme d'une nouvelle hausse avec 431 nouveaux projets d'investissements directs étrangers (IDE) en Île-de-France, soit une hausse de 7% par rapport à 2021 selon le bilan établi par l'agence Choose Paris Region. 2022 sonne même comme l'année où le nombre d'IDE a dépassé celui de la période pré-crise sanitaire à plus 4% par rapport à 2019.

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« L'Île-de-France a repris la première place des régions européennes du futur et des destinations les plus attrayantes pour les investissements directs étrangers en Europe », affirme, ce 4 avril, Alexandra Dublanche, vice-présidente (LR) de la région Île-de-France chargée notamment de l'Attractivité.

Et pour 2023, l'attractivité de la région semble se confirmer. « Du 1er janvier 2022 au 31 mars 2023, 45 projets d'investissements ont aboutis en Île-de-France, ces projets représentent 2.213 emplois à 3 ans. Ces projets sont principalement des centres de décision (33%) et des centres de R&D et d'ingénierie et de design (16%) », indique l'agence, interrogée par La Tribune.

Malgré la hausse des taux d'intérêt, le risque de récession en Europe et les grèves qui se succèdent depuis un mois, les auteurs du bilan 2022 assurent que « la réalité sociale du moment n'a pas d'impact direct sur ces chiffres et l'intérêt des investisseurs se poursuit ».

Des éléments positifs mais à nuancer. « Les chiffres sur les projets implantés sont à manier avec précaution : les chiffres officiels sont connus seulement au 1er trimestre de l'année suivante lors de la réalisation du bilan officiel des implantations de l'année », prévient Choose Paris Region.

Des emplois répartis dans la capitale et en dehors de Paris

Sans attendre la Coupe du monde de rugby l'automne prochain ou les Jeux olympiques et paralympiques en 2024, les investissements directs étrangers de 2022 devraient « contribuer à la création de 30.000 emplois sur une période de 3 ans », insiste Choose Paris Region. Ce chiffre n'était que de 16.100 emplois en 2018.

Et si Paris capte beaucoup d'investissements, Alexandra Dublanche se défend de délaisser la question de la fracture socio-spatiale dans la région. « 40% des emplois créés sont hors Paris intra-muros », argue-t-elle. D'après le bilan, un tiers des implantations des IDE se font dans des villes de moins de 20.000 habitants. 120 communes ont bénéficié de ces investissements en 2021 contre 91 il y a deux ans.

Pour rappel, l'Ile-de-France reste la région la plus inégalitaire de France en termes de niveau de vie d'après une étude de l'Institut Paris Region portant sur la période 2000-2015. Ainsi, selon cette étude publiée en 2019, c'est à Paris que l'on trouve le plus de ménages très aisés (18,4 %), le plus de cadres (25,9 %) et le moins d'ouvriers (7 %). La Seine-Saint-Denis en revanche concentre les ménages franciliens les plus pauvres, et deux fois moins de ménages aisés que le taux régional. Avec ces nouveaux chiffres prometteurs, Choose Paris Region tient donc à faire oublier le problème des fractures territoriales.

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 De forts atouts pour la recherche et le développement

Reste une question: d'où vient l'attractivité de l'Île-de-France ? Une partie de la réponse se trouve dans son bassin de chercheurs et d'étudiants. Invité par Choose Paris Region ce 4 avril, Nicolas Jolley, PDG de la National australian bank installée depuis un an à Paris explique que « la première raison pour laquelle nous avons rejoint Paris, c'est parce que nous avons estimé que cela nous permettrait de trouver des talents et des employés avec des connaissances profondes. Et nous n'avons pas été déçus ». Une tendance de fonds qui devrait encore doper les investissements cette année.

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Et cet atout en nombres de cerveaux disponibles se traduit dans les chiffres. L'année dernière, 53% des investissements directs internationaux ont correspondu à l'implantation ou l'extension de centres de décision, nécessitant des employés avec un fort capital institutionnel.

Les secteurs à forte valeur ajoutée comme le conseil et l'ingénierie, l'informatique, les services financiers ont été les plus dynamiques avec près de 200 projets. « L'Île-de-France est la première région européenne en termes de R&D et la seule région de France dans le top 20 européen », conclut la vice-présidente de la région.

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Le Brexit a été positif pour les relocalisations en IDF

Depuis plusieurs années, Choose Paris Region constate « une nouvelle vague importante du Royaume-Uni vers l'Union européenne, en particulier dans le secteur financier », explique Lionel Grotto, directeur général de l'agence. Depuis le Brexit, en 2016, 220 projets d'investissements étrangers auraient émergé et 7.139 emplois auraient été créés en Île-de-France selon l'agence. Parmi ces projets en lien avec le Brexit 77% ont concerné la finance et se sont donc déroulé à Paris.

« On a eu l'impression que Paris avait perdu la bataille des entités légales. Paris est derrière Berlin et Francfort en nombre de projets gagnés. Mais, en termes d'emplois, Paris est largement gagnant. Les grandes banques ont notamment choisi Paris comme hub de trading très important », insiste d'ailleurs Lionel Grotto, citant le récent renforcement d'effectifs de JP Morgan comptant à présent 800 employés dans la Capitale.

En réalité, selon Cboe Global Markets, cité par l'AFP, si la place boursière britannique a certes été reléguée au deuxième rang européen en termes de volumes d'échanges depuis le Brexit, cela s'est fait avant tout au bénéfice d'Amsterdam, et dans une moindre mesure au profit de Paris.

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