Alsachim fournit une aide pour le dosage des antiviraux

Cette société alsacienne produit des étalons pour le suivi thérapeutique des futurs médicaments contre le Covid.
Alsachim produit à Illkirch-Graffenstaden (Bas-Rhin) des tests qui évitent le surdosage des médicaments.
Alsachim produit à Illkirch-Graffenstaden (Bas-Rhin) des tests qui évitent le surdosage des médicaments. (Crédits : Olivier Mirguet)

Quelles sont les méthodes utilisées dans les hôpitaux et les laboratoires pour vérifier l'efficience d'un médicament, en particulier pendant ses phases d'essais ? Les spécialistes en chimie organique proposent une solution : le marquage moléculaire. C'est le coeur du métier d'Alsachim. "Nos outils de bioanalyse permettent à nos clients de faire de la quantification, avec une précision de l'ordre du nanogramme par litre, et d'éviter le surdosage de médicaments. En l'absence de tels standards analytiques, il n'y aurait pas d'études cliniques réglementées", expose Jean-François Hoeffler, fondateur et président de cette société de 42 salariés établie dans le parc d'innovation d'Illkirch-Graffenstaden, en banlieue de Strasbourg. Les kits d'Alsachim sont mis en oeuvre actuellement, dans l'urgence du coronavirus, en appui des essais menés sur l'antiviral remdesivir. Et sur une dizaine d'autres molécules et candidats médicaments que l'OMS a identifiés comme pistes thérapeutiques. "Tout le monde souhaite faire des essais cliniques. Nos produits marqués sont le contrôle qualité interne de ces méthodes analytiques. Ils leur permettent d'être certifiées", argumente Jean-François Hoeffler.

5.000 standards analytiques

Alsachim compte 3.000 clients, hôpitaux, laboratoires ou sociétés de recherche pharmaceutique sous contrat. L'entreprise a établi un catalogue de 5.000 substances et standards analytiques, qu'elle produit à façon. L'essentiel de son activité se concentre depuis le début du mois de mars sur les essais d'antiviraux. "Nous avons anticipé cette demande massive dès l'apparition du coronavirus en Chine. Nous avons vite compris qu'il faudrait recentrer notre production sur de tels antiviraux. Ce travail de veille est l'une de nos forces", estime Jean-François Hoeffler.

Comment mener cette accélération de l'activité en plein confinement ? Alsachim a réalisé en mars et avril deux records de chiffre d'affaires. "22 salariés sont présents en production, dont 15 chimistes. C'est l'essentiel. Le reste de l'effectif est en télétravail", détaille Jean-François Hoeffler. Les préparations s'effectuent manuellement, dans les laboratoires cloisonnés où les gestes barrière préconisés en période d'épidémie se pratiquent toute l'année. Certains salariés volontaires, qui ne souhaitaient plus rentrer à leur domicile pour cause d'exposition potentielle au virus, se sont vus proposer un logement temporaire dans une résidence proche du lieu de travail. L'assurance qualité a été renforcée sur les circuits logistiques au départ d'Illkirch-Graffenstaden, avec plusieurs prestataires de transport susceptibles de prendre le relais. Les expéditions représentent jusqu'à 200 lots quotidiens. "Les hôpitaux nous demandent de travailler en urgence", rapporte Jean-François Hoeffler. Alsachim est fournisseur des CHU et de plusieurs hôpitaux européens majeurs tels que Munich et Zurich.

Un règlement européen pour accélérer la croissance

Fondée en 2005 dans le laboratoire de Jean-Marie Lehn, prix Nobel de chimie, Alsachim entre dans une phase d'accélération de sa croissance. En 2019, son chiffre d'affaires s'est établi à 3,6 millions d'euros. La société se trouve portée par un environnement réglementaire de plus en plus contraignant : un nouveau règlement européen sur les dispositifs médicaux de diagnostic in vitro, le règlement IVDR, va être imposé à partir de 2022 dans cette industrie. Le contrôle des activités ne sera plus possible sans l'intervention d'un organisme notifié. "Notre activité va être fortement impactée, au sens positif. En Europe, les tests seront plus poussés pour se rapprocher des critères draconiens de la Food and Drug Administration (FDA) américaine", prévoit Jean-François Hoeffler.

Propriété du groupe japonais Shimadzu

Reprise en 2017 par le groupe Shimadzu, spécialiste japonais de l'instrumentation analytique (395 milliards de yens de chiffre d'affaires, soit 3,4 milliards d'euros prévus au titre de l'exercice clos en mars 2020), Alsachim vise 20 millions d'euros de chiffre d'affaires d'ici quatre ans. La filiale française espère devenir l'un des principaux sites de recherche et développement pour sa maison mère. A Illkirch-Graffenstaden, la surface des locaux (1.200 mètres carrés) devait être doublée cet hiver avec l'aménagement, pour 2 millions d'euros, d'un immeuble reconverti en centre de recherche pour des applications dans les médicaments et les pesticides. Mais l'achèvement de ce projet a été retardé, pour cause de coronavirus.

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