La Bourgogne-Franche-Comté mise sur les initiatives innovantes pour fluidifier le marché de l'emploi

Comment faire face aux difficultés de recrutement et de fidélisation dans les entreprises ? Six projets innovants en faveur de l’emploi local ont été retenus dans le cadre d’un appel à projets « Initiatives territoriales » lancé par la région Bourgogne-Franche-Comté, en 2021. Revue de détail de quatre initiatives locales.
(Crédits : Amandine Ibled)

Dans un marché de l'emploi en pleine mutation, où les employeurs doivent se réinventer pour trouver des candidats en quête de sens et d'une meilleure répartition vie professionnelle / vie personnelle, les outils d'aide à la formation ou au recrutement peuvent parfois paraître obsolètes ou trop nombreux. C'est pourquoi la région Bourgogne Franche-Comté a lancé, en 2021, un appel à projet « Initiatives territoriales » afin de trouver des solutions transversales ou sectorielles aux dispositifs existants.

« Ces six projets proposent de nouvelles pistes en matière de mobilité professionnelle et de développement des compétences afin de répondre aux enjeux de flexibilité et d'évolution des ressources humaines », souligne Isabelle Liron, vice-présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté, en charge de la formation professionnelle des demandeurs d'emploi, des mutations économiques et du dialogue social. Au total, le budget alloué à cet appel à projet est de 280.000 euros (Région + Pacte régional d'investissement dans les compétences (Pric). Voici quatre exemples de projets parmi les six lauréats :

Focus 21 : Fonctionner en intelligence collective

Et si les entreprises se prêtaient un salarié pour 3 mois, 6 mois, 9 mois ? Le projet repose sur une stratégie territoriale via le dispositif MODEL, pour MObilité et DEtachement Local, porté par Focus 21 et Sirac 71. Celui-ci consiste à promouvoir le prêt de main-d'œuvre de personnel. « Nous avons voulu valoriser la gestion inter-entreprises », explique Emmanuelle Olivieri, chargée de projet chez Sirac 71. L'idée forte et innovante du projet était de démontrer que, face aux difficultés de recrutement et de fidélisation que les entreprises vivent aujourd'hui, elles doivent expérimenter une autre logique de gestion de l'emploi et fonctionner ensemble. « Les six entreprises participantes ont compris cette dimension innovante et se sont regroupées pour faire un travail collaboratif sur leurs compétences », poursuit-elle. C'est le cas de Douze Cycles, qui conçoit et assemble ses vélos-cargo près de Dijon et qui a rejoint le dispositif à sa création : « Cet outil permet d'échanger sur des problématiques RH, de recrutement mais aussi d'accompagner des collaborateurs sur des projets de mobilité interne ou externe », explique Pierre Casoli, fondateur de Douze Cycles. « Quand une entreprise ne peut pas garder un alternant, elle peut le recommander à une autre entreprise », poursuit le chef d'entreprise qui a embauché un réfugié via ce dispositif.

Green cut : créer un pôle d'excellence de formation fluviale

À la croisée de la Saône et du Canal de Bourgogne se trouve le plus grand port fluvial de France : Saint Jean-de-Losne. C'est tout un écosystème qui gravite autour de ce secteur avec des emplois non délocalisables. « L'objectif du projet Green Cut est de créer un pôle d'excellence de formation fluviale, en formalisant et développant un pôle de compétence, avec l'ensemble des acteurs concernés », explique Nathalie Caron, contrôleuse de gestion Green Cut. Dans un premier temps, un repérage et un diagnostic des besoins des entreprises de la filière fluviale ont permis de réaliser un état des lieux. Puis, des actions ont ensuite été conduite pour valoriser la filière fluviale. Par exemple, faire connaitre le panel des métiers auprès des collégiens, des jeunes, des demandeurs d'emploi des personnes en reconversion, etc. Green Cut a également créé un guichet unique afin de centraliser l'information et faciliter la mise en relation de toute personne intéressée par le secteur fluvial avec les entreprises.

À la croisée de la Saône et du Canal de Bourgogne se trouve le plus grand port fluvial de France : Saint Jean-de-Losne.

CMAR BFC : une stratégie territoriale partagée pour les métiers de l'artisanat dans le Morvan

« Aucune structure n'avait réussie auparavant à regrouper tous ces partenaires pour développer l'emploi sur le territoire », assure Kathaleen Clément, chargée relation entreprises RH et conseillère emploi Pôle Formation Initiale Emploi à la Chambre des métiers de l'artisanat régionale délégation de la Nièvre. La CMAR BFC a travaillé sur la mise en réseau des entreprises concernées par des problématiques de ressources humaines pour favoriser leur ouverture à des initiatives innovantes. « L'objectif était de maintenir l'emploi des jeunes sur le Morvan. Nous avons ciblé deux principaux publics : les entreprises artisanales en les aidant sur les problématiques RH et le public des jeunes en faisant la promotion des formations qui sont sur le territoire », explique Kathaleen Clément. « Nous souhaitions leur démontrer qu'il est possible de rester sur le territoire du Morvan pour faire sa formation et apprendre son métier », poursuit-elle.

Réussite emploi : un réseau d'employeurs engagés

L'association Réussite Emploi existe depuis 2012 mais dans le cadre de l'appel à projet, une action innovante a été mise en place en faveur des chefs d'entreprises afin de favoriser l'emploi sur le Grand Besançon. Un réseau de 90 chefs d'entreprises s'est ainsi créé pour échanger sur les bonnes pratiques et les bons profils de candidats. « L'avantage de Réussite Emploi est que nous avons un contact unique qui vient chez nous et qui connait nos métiers », explique Mathieu Degrave, directeur Halles Métro Besançon. Ce dernier a découvert, par exemple, les « emplois francs » - mis en place en 2018 par le Gouvernement - qui lui permettent d'embaucher des jeunes des quartiers prioritaires, proche de son magasin. « Il y a tellement d'interlocuteurs que c'est difficile d'identifier tous les acteurs et tous les dispositifs existants. Réussite Emploi est une vraie porte d'entrée », confie-t-il. Mathieu Degrave a même organisé des réunions, dans ses locaux, avec ses clients de la restauration pour les mettre en relation avec les personnes du dispositif et partager leurs problématiques d'embauches. Chez Métro Besançon, une vingtaine de candidats sont passés par Réussite Emploi.

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