Transition énergétique : le défi de la formation

Selon un rapport récent du secrétariat à la planification écologique, la transition environnementale devrait supprimer 250 000 emplois d’ici 2030 pour en créer 400 000 nouveaux. Alors que la pénurie de compétences se ressent déjà dans certains secteurs clés, comme l’énergie, la question se pose alors de savoir comment former rapidement des centaines de milliers de jeunes et de professionnels à ces nouveaux métiers…
(Crédits : Istock (Onuma Inthapong))

La transition énergétique hexagonale ne pourra se faire sans former massivement aux nouveaux métiers de l'énergie, de la rénovation et de l'environnement. Voilà, en substance, ce qu'il se disait sur toutes les lèvres lors de la première édition du POwR Earth Summit, l'événement dédié à la transition énergétique qui a eu lieu en mars au CNIT de la Défense. Et pour cause : si 400 000 créations de poste sont prévues par l'État dans les 6 prochaines années et que l'ONISEP considère que 60 métiers sont déjà en tension, les professionnels du secteur alertent déjà sur le manque de compétences. « Aujourd'hui si vous voulez isoler des bâtiments, installer des panneaux solaires ou des pompes à chaleur, il n'y a pas assez de main d'œuvre pour le faire ! s'est par exemple exclamé l'explorateur Bertrand Piccard, président de la Solar Impulse Fondation. Alors au lieu de déprimer à cause du climat, apprenons les métiers du futur, dont on a vraiment besoin, qui donnent de l'espoir et permettent d'implémenter des solutions absolument partout, à tous les niveaux. Il faut onze semaines pour former un ouvrier au forage géothermique, pas 3 générations, il faut arrêter de croire que ça prend du temps. ». Alors que le nombre de chantiers d'énergie renouvelable devrait considérablement augmenter dans les années à venir, de nombreux professionnels attendent en effet la création de nouvelles formations spécifiques telles qu'un BTS, spécialisation dans les cursus ingénieurs et un CAP photovoltaïcien, qui permettrait d'éviter de devoir faire appel à de la main-d'œuvre délocalisée d'ici quelques années.

Des enjeux multiples

Au-delà de la formation massive de photovoltaïciens, qui pourrait apporter de nouveaux horizons à des jeunes en situation de rupture scolaire, des jeunes passionnés ou sensible à ce domaine, les enjeux sont multiples pour renforcer la filière tout en permettant aux professionnels de monter en compétences ou de se reconvertir. « Il faut anticiper pour former dès aujourd'hui les professionnels des énergies renouvelables, en favorisant les passerelles et les doubles cursus analyse Henri Landes, professeur à Sciences Po. Mais nous devons également former une génération qui sera aux prises avec les effets du réchauffement et devra être capable de prendre des décisions durables, ce qui suppose d'enseigner les notions de base de la science du climat et du rôle des énergies aux étudiants en économie, finance et gestion, quitte à revoir nos modèles de productivisme. Il faudra également anticiper les reconversions liées à la transformation des métiers, en proposant de plus en plus de formations professionnelles. » Pour Mikaël Lemarchand, en charge de la RSE de la SNCF, les compétences à développer sont non seulement techniques, mais ce sont aussi des « compétences d'écosystème » pour apprendre à faire dialoguer des acteurs de taille et de culture différentes, ainsi que des compétences de leadership et de management pour mettre en œuvre de nouveaux modes de pensées. La filiale SNCF Renouvelable a ainsi par exemple dû faire appel à des experts en sciences cognitives, formés pour faciliter l'adhésion des cheminots à la suppression de gestes historiques au profit de nouvelles pratiques moins énergivores....

Des « entreprises apprenantes »

Pour massifier ces formations spécifiques, Emilie Bourel, secrétaire générale de l'IFG Executive Education préconise de développer 3 démarches : la simplification des demandes de financement, pour les rendre plus accessibles et plus intelligibles, l'alternance, pour favoriser l'insertion dans la vie active ainsi que les universités d'entreprises, pour mettre l'apprentissage au cœur des pratiques professionnelles tout au long de la vie. Pour Eric Pastor, responsable de l'apprentissage à l'EPF (Campus de Montpellier), le développement des formations dédiées aux métiers de la transition devra aussi impérativement se faire avec l'appui et la collaboration des entreprises. « À l'EFP, notre approche pédagogique consiste à faire travailler les étudiants au plus proche de la réalité des entreprises, explique-t-il. Nous avons par exemple signé un partenariat avec POwR Group, qui a permis de créer au sein de l'école un labo où les élèves testent en situation les futurs produits et effectuent des préconisations d'optimisation, ce qui nous permet de conduire le changement avec les professionnels qui vont les mettre en œuvre. Un démonstrateur, installé au cœur du campus, permet également aux équipes de POwR Group de former leurs clients au sein de l'école : nous resserrons ainsi au quotidien nos liens avec le monde de l'innovation, de la recherche et de l'entreprise... ». Des initiatives qui permettent de sensibiliser une nouvelle génération prête à relever le défi de la transition, car, comme le disait si bien Barack Obama lors de la cérémonie d'ouverture, « si on leur donne une chance, les jeunes peuvent faire des choses incroyables... »

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