Pas de transition écologique sans investissement pour les transports publics urbains dans nos territoires

Par Marie-Ange Debon  |   |  534  mots
(Crédits : Charles Platiau)
OPINION - En ouverture des Rencontres nationales du transport public (RNTP) qui se tiendront à Clermont-Ferrand du 17 au 19 octobre, les représentants du secteur ont tenu à lancer un message au gouvernement. Selon eux, seul un « choc d’offre » permettra la décarbonation des transports. Par Marie-Ange Debon, Présidente de l’Union des transports publics.

Nous, opérateurs de transport public, sommes particulièrement en ligne avec la décarbonation des transports comme une priorité absolue pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de la France de 55 % d'ici 2030. Des efforts conséquents et nous nous en félicitons, ont été menés en ce sens pour rattraper le retard d'investissements sur le réseau ferroviaire, ainsi que pour le développement du transport public en Ile-de France (2,6 milliards d'euros dans le cadre des contrats de plans Etat-Région) et dans quelques métropoles avec les projets de services express régionaux métropolitains.

Cependant, le transport urbain hors Ile-de-France n'est pas traité. Décarboner les mobilités, c'est avant tout réduire la part modale de la voiture. Pour qu'un report de la voiture individuelle vers des mobilités plus durables et partagées comme les transports en commun ait lieu, il faut pouvoir offrir aux citoyens des solutions alternatives, et cela, sur tout le territoire, pas uniquement autour de Paris.

Un « choc d'offre » pour inverser la tendance

Seul un « choc d'offre » pourra provoquer ce report modal : plus de transports en commun, avec plus de fréquence, plus d'amplitude horaire, plus d'intermodalité et sur des territoires plus étendus, y compris dans les zones périurbaines à dimension rurale où les opérateurs sont en mesure de proposer des solutions adaptées, telles que le transport à la demande.

Il est donc indispensable de dégager de nouveaux financements pour permettre aux collectivités locales d'exploiter leurs réseaux de transport urbain et de procéder à des investissements : que ce soit pour l'achat de nouveaux bus à très faibles émissions, de rames de tramway, de métro ou pour le développement de nouveaux services et de nouvelles infrastructures, comme les parkings relais.

Les transports publics urbains, alors même qu'ils sont présentés comme une solution à la transition écologique, sont exclusivement organisés et financés par les autorités organisatrices de la mobilité. Les appels à projets pour les systèmes de transport en site propre sont échus tandis que les transports publics sont exclus du fonds vert de la nouvelle vague de l'appel à projet ADEME pour la transition vers des véhicules électriques lourds, et des contrats de plan État-Région. Ils sont pourtant soumis à une réglementation qui alourdit considérablement leurs charges : transition énergétique des bus et des dépôts notamment.

L'Etat doit s'engager à verser 500 millions par an

Les annonces de la Première ministre dans le cadre du conseil national de la transition écologique quant à une augmentation des « moyens de l'État dans les infrastructures de transport d'un quart, soit une hausse d'un milliard d'euros pour permettre la décarbonation des mobilités » pourraient constituer une réponse si l'Etat s'engageait à mettre en place un dispositif de soutien pluriannuel d'un montant de 500 millions d'euros par an afin d'aider les collectivités de toutes tailles à remplir leurs objectifs de décarbonation des mobilités du quotidien par le développement et la modernisation de leurs infrastructures et systèmes de transport public.

Investir massivement dans les transports publics urbains, c'est concilier transition écologique, inclusion sociale et réduction de la fracture territoriale.