Paris 2024 : le « soft power » en jeu

OPINION. Les Jeux olympiques de Paris 2024 représentent une opportunité unique pour la France de renforcer son « soft power » et de projeter une image d'innovation, de stabilité et de durabilité sur la scène internationale. En surmontant les défis diplomatiques, et sécuritaires, Paris 2024 pourrait améliorer la position de la France dans les classements de « soft power ». Le président du comité d'organisation des Jeux, Tony Estanguet, a souligné l'importance d'un héritage durable et inclusif, illustrant la vision ambitieuse de ces Jeux. Par Véronique Chabourine, analyste Soft Power
(Crédits : DR)

Le 26 juillet, les Jeux olympiques de Paris 2024 marqueront une première historique, en devenant les premiers jeux à inaugurer leur cérémonie d'ouverture hors d'un stade. Cet évènement se déroulera sur la Seine, et offrira trois avantages majeurs 一 une accessibilité accrue avec la possibilité d'accueillir 300 000 spectateurs, soit cinq fois plus qu'un stade en configuration olympique 一 une intégration des athlètes au cœur du spectacle et une déambulation des athlètes au sein du patrimoine culturel français longeant la Seine. Paris 2024 sera les premiers Jeux à atteindre une parité totale, avec un nombre égal d'athlètes masculins et féminins.

Engagement pour l'accessibilité et l'intégration

Paris 2024 se distingue par une approche résolument moderne et inclusive, démontrant son engagement envers l'accessibilité et l'intégration. Les organisateurs ont également pris des engagements en matière de durabilité visant à faire de ces Jeux olympiques les plus écologiques jamais organisés. L'objectif est de réduire de moitié l'empreinte carbone des Jeux par rapport aux éditions précédentes en réutilisant 95% des infrastructures existantes et en appliquant des critères stricts de durabilité pour les nouvelles constructions telles que l'Aréna Porte de la Chapelle. Paris 2024 soutient également des projets environnementaux visant à compenser plus d'émissions carbone que les Jeux n'en créent.

Opportunité de renforcement du « soft power »

La France, avec l'organisation des Jeux Olympique, bénéficie d'une opportunité significative de renforcer son « soft power » sur la scène internationale. Le « soft power » théorisé par le professeur Joseph Nye, est la capacité d'un pays à influencer et attirer par la culture, les valeurs, les politiques et d'autres moyens non coercitifs. Les Jeux olympiques sont largement reconnus comme un levier majeur de « soft power » pour les pays hôtes. Comme le montre une étude de la Harvard Kennedy School, la Chine, a utilisé les JO de Pékin 2008, pour renforcer son image influence et améliorer son image internationale. Si elle parvient à tenir ses promesses de durabilité, de sécurité, et d'accessibilité parfaitement alignées avec l'agenda politique, la France pourrait améliorer ses scores dans les classements de « soft power », potentiellement gagner un rang sur le score global, en se hissant à la 5e position, devant l'Allemagne. En 2024, le classement de « soft power », montrait un recul de la France dans le pilier Sustainability future, ou elle occupait seulement la 13e position mondiale. Elle pourrait potentiellement également viser la 4e place et devancer le Japon, en améliorant son classement dans le pilier Governance, ou elle occupe actuellement la 13e place dans le classement mondial, évalué notamment sur la sécurité et la stabilité politique.

Enjeux de sécurité

En dépit de ces opportunités, les Jeux olympiques de Paris 2024, comportent des enjeux. Le premier sera de maintenir une stabilité pour le bon déroulement des Jeux d'un point de vue national. La sécurité demeure un enjeu crucial. La taille et l'ampleur du dispositif de sécurité des Jeux de Paris sont sans précédent. Environ 45 000 agents de sécurité seront mobilisés chaque jour, incluant des policiers, gendarmes et militaires. L'utilisation des technologies de surveillance, ainsi que la coopération internationale pour renforcer les capacités de réponse rapide, font partie intégrante de ce dispositif. Cette mise en œuvre massive et sophistiquée de mesures de sécurité pourrait faire de la France un modèle à l'international.

La dimension politique des Jeux

Le second enjeu est diplomatique. Chaque édition des Jeux olympiques dans l'histoire a toujours comporté une dimension politique. Cette réalité, souvent appelée le "piège de Coubertin", va à l'encontre de la vision apolitique, que le fondateur des Jeux modernes, Pierre de Coubertin, avait pour cet évènement.

L'organisation des Jeux ainsi que le gouvernement devront naviguer à travers les nombreuses menaces de grève provenant des secteurs des transports et de la sécurité, comme le 17 juillet, l'appel de la secrétaire générale du syndicat CGT, au patronat à négocier avec les salariés du secteur de la sécurité, ou encore les menaces de grève des syndicats, CFDT, FO, CGT et Unsa du groupe ADP réclamant une gratification et le droit de poser des congés pendant les JO, posent des risques significatifs pour le bon déroulement des Jeux.

Les tensions géopolitiques et le conflit résultant de l'invasion russe en Ukraine s'invitent aux JO, malgré la décision du Comité international olympique (CIO) d'autoriser la participation des athlètes russes sous bannière neutre. Le 17 juillet, un rapport de l'Organisation Internationale de Justice, Global Rights Compliance, dénonce une violation des principes de participation sous bannière neutre de 10 des 15 athlètes russes, qui ont exprimé leur soutien à l'invasion russe de l'Ukraine ou ont des liens avec l'armée russe. La question diplomatique est bel et bien présente. Le 20 juillet, le député LFI Thomas Portes, dans une déclaration controversée, appelle à la mobilisation contre la présence des sportifs israéliens aux JO.

Vers une image de renouvellement

Le succès des Jeux olympiques de Paris 2024 sera mesuré par divers indicateurs, notamment l'impact économique, la durabilité environnementale, la sécurité et la satisfaction des participants et des spectateurs. Des rapports du Comité international olympique, des études d'impact indépendantes fourniront des évaluations détaillées sur l'organisation, la gestion et les retombées des jeux, permettant ainsi d'analyser leur réussite. Si elle parvient à surmonter ces défis, la France pourra rivaliser avec le Royaume-Uni et la Chine, qui occupent respectivement la 2e et 3e place du classement global de « soft power » et  se positionner à leur hauteur en termes d'organisation et d'impact des Jeux olympiques. Londres 2012 a été plébiscité pour son organisation, ses installations durables, tandis que Pékin 2008 s'est distingué par ses innovations, ses spectacles grandioses et ses infrastructures emblématiques.

La France pourra ainsi attirer davantage d'investissements étrangers, augmenter son attractivité touristique et économique pour la prochaine décennie et devenir un modèle en durabilité environnementale.

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Commentaires 4
à écrit le 24/07/2024 à 14:42
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On ne voit pas ce que le virtuel puisse apporter comme progrès c'est un consommable comme un autre et l'on a pu s'en passer par le passé sans être frustré ! ;-)

à écrit le 24/07/2024 à 10:07
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Difficile d'associer le Spectacle, du pain et des jeux, avec le soft power incarnant bien plus l’héritage de l'esprit que la capacité de distraire le monde entier. Alors certes les américains ont imposé leur culture au monde mais d'abord et avant tou...

le 26/07/2024 à 14:59
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Whaouh !!! Cohérent, du début à la fin ! On n'est pas habitués !

le 27/07/2024 à 10:50
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Ah bon !, Et donc comme je ne suis pas cohérent et tu lis tout mes commentaires ? Ben dis donc c'est bizarre ça quand même... Bref. Signalé.

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