Les entrepreneurs veulent prendre part au redressement de notre pays

OPINION. Par Léonidas Kalogeropoulos, Fondateur des Entrepreneurs pour la République, Président du Cabinet Médiation & Arguments ; Gilles Attaf, Président d'Origine France Garantie, Co-fondateur des Forces Françaises de l'Industrie et Audrey Tcherkov, Présidente exécutive de l'Institut de l'Economie Positive
Léonidas Kalogeropoulos, Gilles Attaf et Audrey Tcherkov
Léonidas Kalogeropoulos, Gilles Attaf et Audrey Tcherkov (Crédits : DR)

Benjamin Constant n'est pas étranger au fait que l'on n'identifie pas nécessairement les entrepreneurs et le monde économique comme une source inépuisable de réponses aux problématiques d'intérêt général. N'a-t-il pas, dans une célèbre conférence prononcée en 1819, proclamé que la « liberté des Modernes » consistait pour les citoyens à s'occuper de leurs affaires privées, contrairement aux Anciens qui voulaient se consacrer aux affaires publiques ?

Décrétant que les affaires communes incombaient aux représentants de la Nation, c'est-à-dire à l'État, il a scellé la connivence du libéralisme avec une organisation sociale selon laquelle il n'y aurait d'autre option que d'étendre sans cesse la sphère étatique et d'accroitre les charges contributives sur des citoyens individualistes et autocentrés, pour donner à la puissance publique les moyens de s'occuper du bien commun. Cela fait donc deux siècles que peu ou prou, cette caricature imprime sa marque sur nos sociétés - surtout en France -, poussant à ponctionner sans limites les forces vives de la nation, pour que l'État puisse s'occuper de l'intérêt général, les citoyens et les entreprises étant réputés s'en désintéresser.

Cette vision est obsolète. Non, l'intérêt général n'est pas un monopole d'État !

En effet, les entreprises donnent aujourd'hui de plus en plus de sens à leur développement en apportant des réponses concrètes à des pans toujours plus importants de besoins collectifs. Qu'elles soient explicitement préoccupées par des finalités collectives - comme les entreprises à mission, les coopératives, les entreprises du secteur social et solidaire, les sociétés dites « à impact », ou au travers de Fondations d'utilité publique -, ou qu'elles mobilisent leurs savoir-faire pour apporter des réponses innovantes à des problématiques d'intérêt général, elles sont les moteurs des progrès qui révolutionnent la santé, les énergies renouvelables, le numérique, l'éducation, l'agriculture, la gestion de l'eau, la sécurité, les transports, le marché de l'emploi...

Leur implication dans la vie de la Cité démontre combien développer des innovations est déterminant pour relever des défis collectifs, plutôt que de légiférer à tour de bras en accumulant normes et contraintes, démotivantes et asphyxiantes.

Tournant donc le dos à la tradition libérale des « Modernes » qui voudrait les tenir à l'écart de la poursuite du bien commun, les entrepreneurs sont de plus en plus nombreux à être les vecteurs par lesquels la nation agissante, en complément de l'État, se mobilise directement pour relever les défis collectifs, insufflant une dynamique profondément citoyenne au mouvement de réindustrialisation qui se propage dans notre pays, avec une conscience sans précédent de participer ainsi à une souveraineté entrepreneuriale qui gagne tous les territoires, apportant croissance, emplois et fierté retrouvée.

Alors que les besoins de notre monde actuel imposent de plus en plus de solutions concrètes, les innovations technologiques portées par des entrepreneurs passionnés, font progresser tous les jours la décarbonation de nos industries, la valorisation des déchets, la capacité à répondre aux besoins de logement, d'éducation, de maîtrise de nos ressources en eau..., plaçant les entrepreneurs en situation de faire « du » politique, plutôt que de « la » politique, inaugurant ainsi un dialogue nouveau avec la sphère publique. À ses côtés, leur vocation est d'être les forces agissantes de la nation au service très concret de l'intérêt général, grâce à de nouveaux produits et services, plutôt que par des lois et règlements.

Ce faisant, les entrepreneurs contemporains se distinguent des « Modernes » de Benjamin Constant, pour se rapprocher de l'idéal saint-simonien, du nom de celui qui, à la même époque, a inspiré le déploiement des canaux, des chemins de fer, des banques mutualistes..., au service du bien commun. C'est le fait de citoyens engagés qui s'emparent de leur liberté d'entreprendre comme levier d'action pour participer à la prise en charge concrète de besoins d'intérêt général, revivifiant de manière éclatante une forme de vertu citoyenne, cette pierre angulaire de l'idéal républicain.

Alors que nos institutions publiques sont aujourd'hui profondément déstabilisées après avoir porté le monde économique à bout de bras durant la crise du Covid, les entrepreneurs sont prêts et volontaires pour prendre toute leur part, dans tous les registres de la vie collective, au redressement de notre pays.

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Commentaires 2
à écrit le 24/07/2024 à 8:18
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C'est quoi ce titre ? Je croyais qu'ils pensaient à leur pomme avant tout, pas à leur famille, ni à leur Patrie ! ;-)

à écrit le 23/07/2024 à 8:40
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Ben qu'ils se cultivent.

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