« La Fraternité doit guider nos voix »

Par Guillaume Trichard, Bernard Dekoker-Suarez et Christiane Vienne  |   |  496  mots
(Crédits : Reuters)
OPINION. Par Guillaume Trichard, Grand Maître du Grand Orient de France ; Bernard Dekoker-Suarez, Grand Maître de la Grande Loge Mixte Universelle et Christiane Vienne, Grand Maître de la Grande Loge Mixte de France.

Dans quelques jours, la République sera au pied du mur. Au pied du mur
de l'anti-République, le mur de tous les extrémismes, celui de l'extrême-
droite aux portes du pouvoir, celle-là même qui combat de façon
systémique les principes de Liberté, d'Egalite, de Fraternité.

Ne nous laissons pas abuser par son marketing habile. Car l'extrême-droite
en réalité n'a pas changé, quand bien même son vocabulaire et ses
postures ont pu évoluer, pour se rendre plus acceptable.

Dimanche, les Françaises et Français vont accomplir un geste crucial pour
l'avenir du pays.

À la veille d'un scrutin historique, il faut se mobiliser pour que la Fraternité
triomphe.

Car en réalité le projet des adversaires historiques de la République, c'est
la remise en cause de l'État de droit et de nombre d'acquis sociaux via la
contestation latente ou explicite des organes qui garantissent son
effectivité, la xénophobie via la préférence nationale, l'illibéralisme via la
complaisance pour toutes les forces et régimes en Europe s'en réclamant.

Dimanche, il faut stopper cette dynamique effrayante qui dans quelques
jours pourrait renverser nos idéaux de Liberté, d'Egalité et de Fraternité, et
mettre à mal nos institutions.

Ce combat contre l'extrême-droite ne nous fait pas oublier le combat
indispensable contre ceux qui, à une certaine extrême gauche, promeuvent
l'antisémitisme, l'essentialisation de l'individu et combattent l'universalisme.

Cela étant réaffirmé, faire barrage à l'extrême-droite est la première des
urgences. Et si nous le réussissons, nous devrons alors nous attacher à
réparer notre République malade. Car le mal se nourrit forcément de nos
maux : l'insuffisance de nos politiques publiques en matière sociale,
d'aménagement du territoire, de défense de la laïcité et de l'universalisme,
d'éducation à la citoyenneté, de combat quotidien contre les inégalités pour
la dignité humaine.

Il faut écouter la colère de toutes les Françaises et tous les Français, ceux
qui doutent de nos gouvernements et de leurs alternances, ceux les
inquiets de la mondialisation, ceux pour lesquels la République n'est plus
une promesse d'un « être ensemble », ceux qui souffrent du déclassement
social, ceux qui souffrent de l'assignation à résidence.

Les victoires de l'extrémisme s'alimentent toujours dans l'histoire des
échecs des gouvernements. C'est au travers de cette béance que se
faufilent sans complexe les forces de destruction du modèle républicain.

Nous y sommes désormais.

C'est tout l'héritage fondateur de notre modernité qui est en jeu. Les anti-
Lumières sont en action ; à nous de les combattre, non pas seulement de
les contenir, mais de les faire reculer et de les vaincre.

L'heure de la grande épreuve a sonné.

Les Francs-Maçons et les Francs-Maçonnes, sentinelles de la démocratie
et de la fraternité universelle sont de ce combat.

Or ce combat est le combat de toutes et de tous. En conséquence nous
devons nous mobiliser contre cette marée montante de l'obscurantisme et
de la régression.

Nous devons défendre notre République fraternelle et sociale.