La confiance comme levier de performance  !

OPINION. Alors que les bouleversements technologiques, climatiques, géopolitiques et sociétaux modifient considérablement les modes de travail et de gouvernance, Frédéric Lafage, président de la Fédération Cinov, invite les acteurs économiques à embrasser un changement de paradigme radical pour faire de la confiance la pierre angulaire de leur action. Par Frédéric Lafage, Président de la Fédération Cinov, organisation patronale représentative de la branche Bureaux d'études techniques, cabinets d'ingénieurs-conseils et sociétés de conseil (BETIC)
(Crédits : DR)

La confiance est une composante essentielle de la vie en société. Sans elle, les systèmes de gouvernance des organisations et des projets sont fragilisés, une réalité que chacun peut observer dans sa vie citoyenne, professionnelle et personnelle. La gouvernance se voit ébranlée au gré des bouleversements sociaux et des crises qui se multiplient. Un constat s'impose alors : nous évoluons aujourd'hui dans une société qui tend à se transformer en une société de défiance, ce qui nous oblige à repenser nos modes de gouvernance pour rétablir la confiance et la stabilité.

Les avancées technologiques, la digitalisation, les défis climatiques et environnementaux, les bouleversements géopolitiques, les révolutions sociétales et culturelles ainsi que la crise sanitaire mettent régulièrement à l'épreuve la société française et sa vie économique, et donc les entreprises en première ligne. Ces dernières doivent reconsidérer l'intégralité de leur vision stratégique à l'aune de ces bouleversements majeurs qui transforment leurs activités. Un travail d'ampleur nécessaire qui assure leur pérennité !

À cela s'ajoutent des évolutions réglementaires régulières, qui renforcent les exigences imposées aux entreprises, exigences qui inhibent la créativité, créent une situation de repli sur soi et de défiance entre les acteurs, contribuant ainsi à un climat d'anxiété lié à un environnement de plus en plus complexe et incertain.

Ce climat de défiance qui s'est installé dans la société s'est naturellement répercuté dans les relations professionnelles. Cela se manifeste concrètement dans les projets de terrain, où chaque partie prenante est centrée sur sa tâche, sans vision globale ni souci de la qualité d'usage in fine produite. Une organisation en silos où le risque est vécu comme une responsabilité à éviter, voire à reporter sur un autre acteur du projet : un cercle vicieux où l'audace de l'innovation est sacrifiée sur l'autel de la défiance. Et penser que le problème vient d'ailleurs, que « l'enfer c'est les autres », c'est précisément le problème !

La défiance actuelle entre les parties prenantes d'un projet, par exemple dans un domaine dont la chaîne de valeur est aussi prolifique que la construction, a un impact direct sur la qualité des réalisations, les relations professionnelles, le nombre de litiges, les délais de construction et la compétitivité du secteur dans son ensemble.

Pour réussir les transitions en cours et faire face à un environnement incertain, complexe et intrinsèquement plus « risqué », il est impératif de rétablir la confiance entre les acteurs et de mettre fin à ce repli sur soi afin d'atteindre deux objectifs majeurs : la performance à la fois technique et financière, et la réponse aux attentes en termes de qualité des prestations attendues.

Il est possible, à l'issue d'un travail d'analyse de ses propres expériences, de dégager les axes permettant de concevoir une « bulle de confiance » propice à l'efficacité opérationnelle, à la performance économique, à l'amélioration des relations entre les différents acteurs, et donc à la réussite d'un projet. Cette « bulle de confiance » peut être définie comme un espace collaboratif où les parties prenantes sont plus et mieux impliquées, où la confiance et le respect mutuel favorisent une approche globale, et où l'objectif n'est plus seulement le respect de ses propres engagements contractuels, mais la satisfaction du travail collectif accompli et la qualité de la réponse globale apportée à l'usager, quel qu'il soit.

Un récent travail d'analyse de projets de terrain réalisé par des enseignants-chercheurs et des professionnels du secteur de la construction a ainsi permis d'identifier les critères de cette « bulle de confiance ». Leur mise en œuvre nécessitera des échanges et des investissements pour faire évoluer certaines pratiques. Mais le prix à payer sera faible pour s'extraire des absurdités imposées par le « court-termisme » - avec les conséquences financières, de qualité et de dégradations sociales qui en découlent - et pour s'inscrire dans une démarche résolument pérenne. Les conditions pour créer une telle « bulle de confiance » existent.

Il appartient désormais aux partenaires économiques d'adhérer sincèrement à ce changement de paradigme pour faire des choix pertinents pour eux, pour leurs clients, et pour répondre aux défis actuels et à venir !

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(*) Frédéric Lafage est, depuis 2018, Président de la Fédération Cinov, organisation patronale représentative de la branche BETIC. En dehors de ses engagements syndicaux, il est Président-Fondateur du groupe Lacort. Il est également expert judiciaire en acoustique, spécialisé dans l'ingénierie acoustique et vibratoire, la formation et le conseil.

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Commentaires 6
à écrit le 30/05/2024 à 8:42
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La confiance ne se décrète pas, encore moins dans les pays de culture latine synonymes de népotisme, de chantage, de corruption, de persécution...

à écrit le 29/05/2024 à 12:14
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La confiance se fabrique, elle ne se décréte pas, surtout à l'aide de promesse ! Quand la France était souveraine..... mais elle n'est plus !

le 30/05/2024 à 16:06
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A quand situez vous l'époque où la France était souveraine ?

à écrit le 29/05/2024 à 9:20
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pas possible avec la mentalite francaise. Pourquoi croyez vous que les jeunes diplomés se precipitent sur l audit/consulting et pas dansla R&D. Non seulement c est mieux payé mais en plus vous risquez rien vu que c est d autres qui font et qui se fer...

le 29/05/2024 à 13:24
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J'ajouterais qu'ayant moi-même été consultant, j'ai appris à mes dépends qu'un consultant en France n'est pas payé pour aider le client à prendre la meilleure décision, mais à légitimer des décisions qu'il a déjà prises... C'est bien pour ça que Macr...

à écrit le 29/05/2024 à 9:05
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"Et penser que le problème vient d'ailleurs, que « l'enfer c'est les autres », c'est précisément le problème !" Merci beaucoup mais hélas vous n'êtes qu'une toute petite voix au milieu d'un concert de haine et de ressentiments médiatiques afin de tou...

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