Jeux olympiques, Notre-Dame de Paris : la filière bois, une fierté française

OPINION. Qu'il s'agisse d'édifier les infrastructures des Jeux olympiques ou de reconstruire la cathédrale parisienne, nos forestiers, propriétaires de forêts et scieurs auront été au rendez-vous de l'histoire. Par Bernard d’Harcourt, gérant associé Groupe GBAE et Mathieu Berthe, directeur commercial de la scierie Tarteret.
(Crédits : DR)

Fébrilité, expectative, ferveur - sans oublier l'inévitable dose d'appréhension à l'approche d'une échéance aussi capitale : à quelques jours du coup d'envoi des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de Paris, la France entière retient son souffle. Notre pays sera-t-il prêt ? Nos transports seront-ils à la hauteur de l'affluence ? La Seine sera-t-elle « baignable » ? Le public sera-t-il au rendez-vous ? Nos athlètes parviendront-ils à faire rayonner le sport tricolore par-delà les frontières ? À toutes ces questions, nul ou presque n'a de réponse. Mais une chose est sûre : les acteurs de notre filière bois ont, d'ores et déjà, rempli leur part du contrat.

Nos scieurs ont déjà réussi leurs JO

Faire de ces Jeux les olympiades les plus bas carbone de l'ère moderne : telle est l'ambition des JO de Paris 2024. Un objectif qui n'aurait jamais pu être atteint sans le recours au bois, un matériau écologique par excellence. Alors que le secteur de la construction est, à lui seul, responsable de près d'un quart (23%) des émissions françaises de gaz à effet de serre (GES), la construction bois permet de lutter efficacement contre le réchauffement climatique. Pendant leur croissance, les arbres séquestrent en effet le CO2 contenu dans l'atmosphère, puis le stockent de manière presque illimitée dans le bois.

Avec une part de 28 % de bois dans les nouvelles constructions, les JOP de Paris 2024 établissent même un record historique en la matière. Un succès que l'on doit, pour beaucoup, à l'activisme de France Bois 2024, une structure portée par la filière bois-construction afin de favoriser le bois français dans les ouvrages créés à l'occasion des JOP. Non sans succès : en privilégiant l'usage du bois, le comité olympique aura réussi l'exploit « d'emprisonner » pas moins de 30 000 tonnes de carbone. Le tout, en parvenant à recourir à 45 % de bois français, et même 65 % au sein du nouveau village olympique.

Au-delà de cet ensemble de résidences situé à Saint-Ouen, dont 80 % des bâtiments sont à ossature bois et dont certains sont même construits en 100 % bois, le bois aura aussi été privilégié pour la charpente du centre aquatique de Saint-Denis. Entièrement réalisée en bois, cette structure est la plus grande de la sorte réalisée au monde. La nouvelle Arena de la Porte de la Chapelle et la passerelle édifiée au-dessus de l'A1 reliant Le Bourget à Dugny bénéficient, elles aussi, d'une ossature bois. Autant d'ouvrages d'exceptions qui auront été livrés dans les temps impartis par les acteurs de la filière bois-forêt.

Notre-Dame de Paris, un chantier hors norme

Avant même le début des JOP, nos forestiers, nos scieurs et nos charpentiers peuvent donc être fiers d'avoir, d'ores et déjà, réussi « leurs » Jeux. Ils démontrent, devant les yeux du monde entier, l'excellence de la filière bois française, leur savoir-faire inégalé et leur rôle incontournable dans la transition écologique. Un pari réussi, qui n'est pas sans rappeler un autre chantier d'envergure, aussi technique que symbolique : la reconstruction de la charpente de Notre-Dame de Paris. Pharaonique, le chantier visant à restaurer la flèche de Viollet-le-Duc partie en fumée en avril 2019 touche, lui aussi, à sa fin. Et notre filière bois y a pris, là aussi, toute sa part.

Quelques chiffres donnent la mesure de cette entreprise... démesurée. Pour reconstruire à l'identique l'œuvre de Viollet-le-Duc, il aura fallu sélectionner et récolter un millier de chênes, tous fournis gracieusement par des forestiers désireux de s'impliquer dans le sauvetage de ce monument emblématique de l'histoire française. 45 scieries françaises auront été mobilisées pour scier des arbres dont certains atteignaient 14 mètres de haut, voire 22 mètres pour les plus remarquables. Un travail qui a reposé entièrement sur l'œil et l'expertise de nos scieurs, confrontés à une commande hors norme, mais aussi sur les propriétaires forestiers et la forêt publique, qui, grâce à une politique sylvicole bien menée, ont été en capacité de faire don de ces arbres. Là encore, nos forestiers, propriétaires et scieurs ont été au rendez-vous de l'histoire. Et pour qu'ils puissent continuer à l'être dans les années à venir, la politique forestière doit être préservée, voire densifiée, afin d'assurer un tissu économique viable aux scieries et un mode de fonctionnement durable pour les forêts françaises.

La magie du bois

Aussi tragique fût-il, l'incendie qui a ravagé la cathédrale parisienne aura, comme tout drame, eu quelque mérite : faire redécouvrir aux Français nos métiers, et leur montrer que ceux-ci ont, en ce XXIe siècle, si digitalisé et « déconnecté », encore un sens. Que ce soit lors des Jeux olympiques ou dans les travées de Notre-Dame de Paris, le bois, et plus généralement la forêt, ont ceci de magique qu'ils nous rappellent, constamment, que nous ne sommes que les maillons de quelque chose de plus grand que nous.

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Commentaires 2
à écrit le 24/07/2024 à 7:44
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Il est quand même difficilement compréhensible que toutes ces nouvelles et hideuses maisons construites ces 60 dernières années l'aient été en béton et non en bois. La construction d'un chalet passe esthétiquement un peu partout, par contre tout ces ...

à écrit le 23/07/2024 à 8:07
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C'est les JO, on lance des cocoricos du haut d'une girouette bien visible !

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