Il est temps que la France prenne toute sa place dans l'OTAN

OPINION. A l'occasion de la publication ce mercredi du rapport d'information concluant la mission de la commission de la défense sur « les enjeux, le rôle et la stratégie d'influence de la France dans l'OTAN », dont elle était co-rapporteure avec Bastien Lachaud (LFI), la députée Anne Genetet estime que la France n'a jamais eu autant besoin de l'OTAN que dans les circonstances stratégiques actuelles, et inversement. Elle critique ainsi la position de LFI, « figée dans le formol idéologique ». Par Anne Genetet, députée de la 11e circonscription des Français établis hors de France (Renaissance), vice-présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale, secrétaire de la Commission de la défense nationale et des forces armées et présidente de la délégation française à l'Assemblée parlementaire de l'OTAN.
(Crédits : DR)

L'union fait la force ! Aujourd'hui, l'Europe et la France ont plus que jamais besoin de l'OTAN. L'Alliance est centrale pour la défense collective de l'Europe et elle apporte à la France une garantie de défense incontournable, lui permettant de démultiplier sa puissance sans remettre en cause son indépendance. Comme l'a rappelé le Chef d'Etat-major, le Général Burkhard : « la coalition est systématiquement privilégiée car elle produit les effets stratégiques les plus puissants ». Pour autant, l'OTAN reste un impensé stratégique de notre politique de défense.

La France doit élaborer sa propre stratégie dans l'OTAN. Celle-ci assumera la défense en coalition du pays et conjuguera la défense de ses propres intérêts avec la nécessaire solidarité envers nos alliés. Une telle stratégie contribuera à dissiper les doutes sur la sincérité de l'engagement de la France dans l'OTAN, de même que certaines ambiguïtés liées à l'indépendance nationale et à l'évocation de l'UE. Cette stratégie devra faire l'objet d'un débat au Parlement et d'une large promotion, afin de développer la culture OTAN qui nous fait souvent défaut. A terme, il est souhaitable que l'Alliance soit vécue par la France comme « notre Alliance ».

Un choc de confiance

Au regard de la dégradation du contexte stratégique, la France a intérêt à renforcer son influence au sein de l'OTAN. Cela passera d'abord par l'accroissement de son effort de défense (pour atteindre les 3% de PIB à l'horizon 2030) et son implication accrue dans les organes et les activités de l'Alliance, dont l'Assemblée parlementaire de l'OTAN. Ensuite, il faut changer de posture, être plus entreprenant en portant une attention accrue aux attentes de ses partenaires. Cela exigera enfin l'accélération de la ré-acquisition d'un savoir-être perdu après quarante années passées hors du commandement militaire intégré.

Afin de créer un « choc de confiance » vis-à-vis des Alliés, la France pourrait aussi intégrer le groupe des plans nucléaires (NPG), qui n'est autre qu'un espace d'échanges dont aujourd'hui la France est la seule à ne pas être membre, laissant ainsi la seule grammaire américaine s'y exprimer. Ceci n'enlèverait pas une once de souveraineté à la France : qui peut croire par exemple que les États-Unis, au cœur du NPG, ne sont pas un Etat souverain en matière de dissuasion nucléaire ?

La France en première ligne

Pivotement vers l'Asie, perspective d'une nouvelle présidence de Donald Trump, la garantie de sécurité américaine est devenue incertaine. Si l'engagement des Etats-Unis dans l'OTAN devait diminuer, notre pays, première puissance militaire du continent et seul membre de l'UE doté de l'arme nucléaire, se retrouverait en première ligne et devrait alors assumer ses responsabilités vis-à-vis de ses alliés européens.

La France doit plus que jamais se préparer à une telle éventualité. Cela ne peut s'envisager sans un véritable pilier européen de l'OTAN qu'il conviendra, là encore, de définir avec méthode et précision. Notre pays devra prendre toute sa place dans la construction de ce pilier, étape décisive sur la voie de l'autonomie stratégique européenne.

Formol idéologique

Dans les circonstances actuelles, nul ne devrait badiner avec nos enjeux stratégiques et diplomatiques. C'est pourtant ce que proposent les extrêmes de notre échiquier politique, à commencer par La France Insoumise. Sa position est figée dans le formol idéologique, où l'anti-américanisme primaire se mélange avec un pacifisme béat. Pourtant, être anti-Alliance, n'est-ce pas nier la réalité de la violence du monde, la réalité de nos intérêts vitaux et la réalité de nos propres forces ? N'est-ce pas fragiliser notre pays, se mettre en danger et isoler la France en Europe ? Manifestement, certains ne voient pas notre environnement stratégique tel qu'il est mais tel qu'ils voudraient qu'il soit.

Au contraire, ce dont la France a besoin, c'est d'une vision réaliste dont l'ambition est de donner au pays les moyens de décider et d'agir pour contrôler son destin. Le réalisme, c'est comprendre que la France a besoin de l'OTAN et que l'OTAN a besoin de la France. L'un ne va pas sans l'autre, et ce de moins en moins. Dans cette perspective, c'est en devenant plus entreprenante et plus proactive dans l'OTAN que la France défendra plus efficacement ses intérêts, et saura achever de convaincre de l'importance de l'autonomie stratégique européenne, à travers l'affirmation d'un véritable pilier européen de défense.

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Commentaires 23
à écrit le 03/06/2024 à 7:05
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Évidemment. Les campistes qui pensent le contraire n'ont rien compris à la situation actuelle...

à écrit le 29/05/2024 à 13:50
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raisonnement stupide ou mensonge ? dire ça c'est comme demander au blanc d'œuf d'exister dans une omelette . du moment où il est battu il devient le support du jaune . Pareil pour la France et OTAN , du moment où on est dedans on n'existe plus et ...

à écrit le 29/05/2024 à 6:20
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Bonjour, bon avant toute chose, l'otan est une alliance militaire au ordre des usa.. Ensuite tous les poste de commandement et de décision so t tenue pas des américains.... Donc , ils faut arrêter de nous vendre du reve et de faire des articles t...

à écrit le 28/05/2024 à 22:08
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Munissez-vous d'un mousquet Madame et allez-vous même sur le front.

à écrit le 28/05/2024 à 19:49
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L otan est un système dangereux ou n'importe quel pays peut nous entrainer dans une guerre de haute intensité sans qu on nous le demande... Et on n'est même pas sûr de gagner.

à écrit le 28/05/2024 à 15:37
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Parlant d'un tout autre sujet arriver à glisser une vacherie sur LFI il faut oser !!

à écrit le 28/05/2024 à 12:17
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La France a la petite place qu'elle mérite. Peut pas s'empêcher de dire du mal de LFI sans raison quand c'est pas de le Pen.

à écrit le 28/05/2024 à 10:45
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⚔️ La France doit retrouver sa souveraineté et se débarrasser de toute ingérence étrangère ⚔️ Face aux politiciens et aux haut-fonctionnaires francophobes et atlantistes, l'UPR de François Asselineau prône le FREXIT, la sortie de l'otan et la sortie...

à écrit le 28/05/2024 à 10:16
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Si l'on reprend les cartes de l’Europe des années 50 puis celle des années 90 après la chute du mur de Berlin et le démantèlement de l'URSS jusqu'à la carte d’aujourd’hui ,on voit bien que c'est l'Otan qui progresse actuellement sur la Russie.

le 28/05/2024 à 13:14
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Ben oui... Remplacez votre "OTAN" par "démocratie", ou "liberté", et vous aurez le même résultat.

à écrit le 28/05/2024 à 9:26
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Lorsqu'il est dit que la France doit définir sa politique de participation à l'OTAN, selon vous "la France" c'est qui ?, le prédisent, le gouvernement, ?. Ici notre constitution favorisant le rôle du Président, joue contre notre intérêt. Le débat...

le 28/05/2024 à 13:25
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La 5e "favorise" notre PdR, dites vous. Le verbe n'est pas le bon; elle "attribue" le rôle de chef des armées à ce personnage, que la France a élu. Deux fois contre des adversaires de cette constitution; lesquels (MLP ou JLM) feraient, le cas échéant...

à écrit le 28/05/2024 à 9:12
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Avant l'arrivée de Sarko l'américain nous avions une politique souveraine en collaboration avec des alliés, maintenant la coalition bruxelloise veut notre soumission !

le 28/05/2024 à 13:32
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Effectivement, la France eut mieux vécu sans l venue du néfaste NS, le béat "c'est moi que j'suis" ! Quant à "Bruxelles", c'est moins les instances dirigeantes de l'UE, que divers états qui, eux, ont bien compris que "la dés-union fait la faiblesse"....

à écrit le 28/05/2024 à 9:12
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La France a moins besoin de l'Otan que l'Otan a besoin de la France : l'Otan n'est qu'une bureaucratie qui a besoin d'inventer des menaces pour se justifier. Et qui a un discours belliqueux, qui repose implicitement sur l'invincibilité des armes occi...

le 28/05/2024 à 13:34
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C'est remarquable; dans votre texte, si on remplace "OTAN" par "Nouvelle URSS", ça marche aussi bien.

à écrit le 28/05/2024 à 9:03
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Et l'enquête sur le sabotage des gazoducs Nordstream ? Pas de nouvelles ?

à écrit le 28/05/2024 à 8:53
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"Elle critique ainsi la position de LFI, « figée dans le formol idéologique »" Le nouveau gage de crédibilité qu'il faut afficher devant les médias: Une pitoyable messe, l’ennemi imaginaire contre lequel on prend moins de risque que contre les narcot...

à écrit le 28/05/2024 à 8:44
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L'Otan c'est les US. Point.

le 28/05/2024 à 8:53
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Un tel article orienté, rédigé par une députée du groupe présidentiel, dans la fenêtre temporelle des 2 semaines avant l'élection européenne où c'est aux listes elles-même de s'exprimer (période officiellement de réserve) , est-il une faute intention...

à écrit le 28/05/2024 à 8:36
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Vous devriez quand même savoir que l'OTAN est sous pilotage américain et tant que nous seront sur cette voie nous (l'UE) n'auront ni diplomatie ni souveraineté.

le 28/05/2024 à 8:57
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On est un petit pays au sein de l'otan. Une occasion pour dire du mal de LFI qui n'est pas au pouvoir !

le 28/05/2024 à 13:43
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Le terme "pilotage" est outré. Le fait que l'OTAN est très utile aux américains est tout à fait juste, mais pour le commerce. En remontant aux origines, les européens n'avaient pas trop le choix des protecteurs, comparés à Staline qui aurait bien vu ...

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