Baisser la dépense publique, c'est possible  !

OPINION. Par Vincent Delahaye, sénateur de l'Essonne, groupe Union centriste, et Membre de la commission des finances.
(Crédits : DR)

La Cour des comptes vient d'émettre une énième alerte sur la situation de nos finances publiques, au moment même où la procédure européenne pour déficit excessif est officiellement enclenchée contre la France. Son premier président, Pierre Moscovici, n'exclut pas a priori de nouvelles hausses d'impôts. Mais n'est-ce pas là, dans une discipline où nous sommes les champions olympiques avant même que les épreuves n'aient commencé, une solution de facilité, éculée et improductive, car pesant sur la création de richesses ? Pourquoi ne pas innover, en faisant ce que toutes les nations les plus compétitives ont fait : baisser la dépense publique.

Bien entendu, l'idéal serait d'engager de véritables réformes structurelles (assurance-chômage, introduction d'une dose de capitalisation pour les retraites, statut de la fonction publique, règle d'or budgétaire, etc.). Autant de réformes qui requièrent du courage, mais aussi une majorité forte - et que condamne donc la période et la situation politique actuelles. Dans l'attente de jours meilleurs et d'un Parlement plus serein, beaucoup de choses pourraient être faites néanmoins.

En commençant par le plus facile : les dépenses ministérielles dites « protocolaires » (frais de déplacement et de réception, campagnes de communication, relations publiques, etc.) pourraient ainsi être divisées par deux, générant immédiatement plus de 700 millions d'euros d'économies pérennes.

Une deuxième piste d'économies consisterait à ne pas indexer sur l'inflation l'ensemble des prestations qui, en principe, le sont chaque année (à commencer par les pensions de retraite, dont le gel exceptionnel se justifierait autant par un impératif budgétaire que par un motif d'équité intergénérationnelle). Au-delà des seules pensions de retraite, une « année blanche » généralisée dégagerait plusieurs milliards d'euros d'économies budgétaires dès 2025.

Troisième piste envisageable : la mise en œuvre d'une authentique « chasse aux économies » au sein de l'ensemble des administrations publiques. Les ministres seuls ne suffisent pas à traquer tous les gisements d'économies. On pourrait intéresser les responsables de programmes placés sous l'autorité des ministres par le biais d'une « prime d'économies », plafonnée, mais suffisamment élevée pour inciter à la saine gestion budgétaire. Cette prime serait déclenchée sur la base des propositions d'économies formulées, retenues par le ministre et pérennes dans le temps. « Les petits ruisseaux font les grandes rivières », dit le vieil adage. Si les grandes réformes sont nécessaires pour rétablir durablement les comptes publics, il est non moins indispensable d'inculquer dès maintenant une culture de la rigueur dans la gestion des deniers publics, de façon à réaliser des économies partout où cela est possible.

Enfin, quatrième proposition : renouer avec la règle, en vigueur sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, consistant à ne remplacer qu'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Seuls les périmètres concernés par les lois de programmation déjà votées seraient sanctuarisés.

L'ensemble de ces mesures nous placerait aussitôt sur une trajectoire plus vertueuse de nos finances publiques. Certains diront qu'à court terme, elles auraient un effet récessif et entraîneraient une contraction du PIB. Ma conviction, c'est qu'à long terme elles seraient très bénéfiques à notre économie et à la société tout entière. Ayons le courage de faire primer le temps long sur le court-termisme. Comme disait le célèbre économiste Frédéric Bastiat :

« Le mauvais économiste poursuit un petit bien actuel qui sera suivi d'un grand mal à venir, tandis que le vrai économiste poursuit un grand bien à venir au risque d'un petit mal actuel. »

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Commentaires 11
à écrit le 21/07/2024 à 10:41
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De deux choses l'une, si aujourd'hui nous n'avons pas encore saisi à quel point - grâce (à cause) à (de) l'ingénierie financière et fiscale et leurs moyens idoines - la seule vélocité de circulation du Capital dans le système économique permet de cré...

à écrit le 19/07/2024 à 8:54
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Comme la plupart des politiques, ce triste comptable parle de "courage" pour ceux qui prennent des décisions que vont devoir supporter d'autres personnes qui n'ont pas la maîtrise de leur destin. Un vrai "courage" pour ce sénateur d'extrême centre se...

à écrit le 18/07/2024 à 17:42
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"baisser la dépense publique " tout le monde est d'accord mais par quoi on commence c'est une autre affaire : les niches fiscales qui profitent uniquement aux plus aisés, les subventions aux entreprises , les aides sociales , le nombre de fonctionnai...

à écrit le 18/07/2024 à 15:00
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Ca n a aucun intéret c'est augmenter les impots de la classe de Bernard , tes maitres , qu 'il faut faire

à écrit le 18/07/2024 à 14:48
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1/ Déjà qu'on dit qu'il y'a plus relation du publique avec le citoyen et que la majorité des actions passent inaperçue ça va pas aider. Puis le protocole, celui de Macron a beaucoup aidé à attirer des investisseurs, donc ça serait pas un truc qui mar...

à écrit le 18/07/2024 à 12:16
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Bonjour, Des économies sont possibles avec un peu de courage managérial. Mais cela semble loin des préoccupations de nos politiques et responsables de l'administration. Cordialement

le 19/07/2024 à 9:23
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Et pour cause, le modèle de croissance depuis l'époque de VGE repose sur la croissance continue des dépenses publiques et des entreprises assez peu compétitives s'empressent généralement d'intégrer cette hausse dans leur modèle économique, on le voit...

à écrit le 18/07/2024 à 11:07
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En bon centriste, il propose de priver les jeunes d'emploi pour maintenir les grasses pensions et les niches fiscales de son électorat retraité...

à écrit le 18/07/2024 à 10:45
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En effet, si nous chassions le détournement général oligarchique d'argent public, en interdisant les paradis fiscaux forcément, nous devrions récupérer la moitié de notre budget.

à écrit le 18/07/2024 à 9:08
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En le prenant a l'envers "baisser la dépense publique, c'est possible" mais, c'est diminuer le nombre de "privilégier" qui vont, en fin de compte, dépenser plus !

à écrit le 18/07/2024 à 8:57
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Un élu qui propose des économies sur les dépenses mérite tjrs d'être encouragé. Ce qui est proposé est nécessaire à court terme. Mais le seul moyen de faire des économie avec ce parlement me semble que c'est sous la contrainte des marchés (sinon p...

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