Stentys donne du ressort aux artères bouchées

Chaque année, plus de 5 millions de stents sont implantés dans le monde dans des artères coronaires, souvent en urgence après un infarctus. Ce petit treillis cylindrique est dirigé vers le coeur grâce à une sonde qui remonte l'artère depuis l'aine. Lorsque le stent est au niveau du caillot, le chirurgien le positionne en gonflant un petit ballon. Le flux sanguin est ainsi rétabli très rapidement. Pourtant des complications peuvent intervenir. « Quand l'artère a retrouvé son état normal quelques jours plus tard, le stent classique, dont la forme est rigide, n'est plus forcément en contact avec la paroi du vaisseau et perturbe le flux sanguin, ce qui crée un nouveau risque d'infarctus », explique le professeur Jacques Séguin, président de Stentys. D'après lui, l'engouement des chirurgiens depuis une dizaine d'années pour le stent coronaire aurait dû s'accompagner d'études scientifiques pour analyser l'évolution du stent dans le temps. Or depuis deux ou trois ans, plusieurs praticiens ont émis des alertes sur les dangers potentiels de cette technologie trop vite adoptée.Propriétés très élastiquesLe stent développé par Stentys présente une innovation par rapport aux stents conventionnels : il est autoexpansif. C'est-à-dire qu'il se comporte une fois implanté comme un ressort : sa forme et son diamètre s'adaptent aux changements anatomiques des artères coronaires tout au long de la phase de récupération après l'infarctus. Il est conçu en nitinol, un alliage de titane aux propriétés très élastiques, déjà utilisé pour d'autres types de stents (dans les jambes ou dans le cou).Jacques Séguin a fondé Stentys en 2006. Il a levé dans un premier temps plus de 16 millions d'euros pour mener des essais cliniques qui lui ont permis d'obtenir début 2010 le marquage CE indispensable pour commercialiser son stent dans l'Union européenne. Ce marché est estimé à 7,7  milliards de dollars dans le monde. L'entreprise devrait bientôt entrer à la Bourse de Paris, l'AMF ayant enregistré la semaine dernière son document de référence. L'objectif est de financer des études comparatives afin de convaincre les autorités sanitaires américaine de la Fund and Drug Administration (FDA). Car la petite entreprise, qui emploie 18 personnes, compte bien se développer sur le marché américain des stents coronaires. Jacques Séguin sait bien qu'il devra convaincre la communauté des chirurgiens pour espérer percer sur ce marché dominé par les sociétés de biotechnologies américaines. Ce chirurgien à la pointe de l'innovation avait déjà créé une entreprise spécialisée dans les valves cardiaques, CoreValve, rachetée en 2009 par le groupe Medtronic pour 700 millions de dollars. L. P.
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