Les banques s'organisent pour l'octroi de crédit aux malades

Ratifiée au début de l'été, la convention Aeras destinée à faciliter l'octroi de crédits aux personnes présentant un risque aggravé de santé est entrée en vigueur le 6 janvier. Il reste aux professions bancaires et de l'assurance à mettre les dernières touches à leurs dispositifs internes qui supposent pour les uns de former le personnel des agences bancaires et de modifier leurs chaînes informatiques et pour les autres d'analyser encore plus finement les risques de santé.Ces derniers mois, les banques françaises se sont employées à nommer des " référents " experts de la convention au sein de leur réseau. L'objectif ? Épauler les conseillers clientèle par leur expertise lorsque survient une demande de prêt entrant dans le champ de la convention Aeras. " L'idée est de faire fructifier l'expertise de ces référents qui vont multiplier les contacts avec les clients concernés et donc se forger de l'expérience de terrain ", explique Ariane Obolensky, directrice générale de la Fédération bancaire française (FBF). Ainsi, du fait de ce cumul d'expérience, les " référents " pourront par exemple aider le client à trouver des solutions de garanties alternatives (caution d'un membre de la famille, nantissement de contrats d'assurance-vie ou de portefeuilles de titres, etc.) à mettre en face du prêt, ce qui les dispenserait d'une assurance au coût souvent exorbitant pour les personnes malades.Au sein de chaque banque, on s'organise. Au Crédit Agricole, c'est l'Adicam, courtier de l'assurance emprunteur au sein de la Fédération Nationale du Crédit Agricole (FNCA) qui a géré la mise en oeuvre de la convention Aeras. L'ensemble des agents qui sont en contact avec le public ont reçu une documentation avec une note de procédure, et ont participé à des réunions d'information au sein de chaque agence bancaire. L'Adicam prévoit que les conseillers seront en mesure de répondre à 95 % des dossiers. Dans les autres cas, le référent, prévu par la convention, sera interpellé. Chacune des caisses dispose déjà d'un référent ADI (assurance décès invalidité) qui étendra donc son rôle à la nouvelle convention.BNP Paribas dispose, quant à elle, d'autant de référents que de groupes d'agences, soit une centaine en France. " Outre les référents, nos 500 téléconseillers qui travaillent sur les différentes plates-formes de relations avec la clientèle ont été formés notamment pour traiter les demandes d'assurance anticipée ", explique Philippe Stolz, responsable marketing pour le crédit immobilier chez BNP Paribas. C'est l'une des avancées de la convention Aeras : l'emprunteur peut souscrire un contrat d'assurance qui restera valable pendant quatre mois avant la recherche de son bien immobilier par exemple. La Société Générale a mis en place une structure similaire, un référent national venant en appui de la centaine de référents locaux. Les simulations de crédit réalisées en agence font également mention de la convention.DISPOSER DE STATISTIQUES ET DETERMINER LES RISQUES Du côté des assureurs, tout l'enjeu est de disposer des statistiques les plus fines pour déterminer ces risques de santé. " Nous manquons de statistiques françaises en la matière et le gouvernement doit prochainement mettre en place une commission des études et des recherches qui centralisera ce type de données ", indique Jean-Pierre Diaz, directeur vie à la Fédération française des sociétés d'assurance (FFSA). Une question cependant reste en suspens puisque assureurs et banquiers n'ont pas encore déterminé la clé de répartition du coût des surprimes d'assurance pour les personnes aux revenus les plus modestes, ce coût devant être pris en charge par les deux professions.Aeras, les principesSuccédant à la convention Belorgey, la convention Aeras porte sur les prêts à l'habitat, les prêts professionnels et les crédits à la consommation. Pour ces derniers, aucun questionnaire de santé ne sera demandé pour un prêt inférieur à 15.000 euros, d'une durée de quatre ans et si l'emprunteur est âgé de 50 ans maximum. Pour les prêts immobiliers et professionnels, le champ couvert par la convention est l'assurance décès et la perte totale et irréversible d'autonomie. Deux niveaux d'examens individualisés sont prévus si les dossiers ne passent pas les conditions standards.
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