COMBUSTIBLES + L'horizon se dégage sur le marché de l'uranium

L'uranium traverse depuis quelques mois une situation curieuse. Hier, sur le marché spot (produits immédiatement disponibles) hors Etats-Unis, les cours du yellow cake, l'oxyde d'uranium, s'affichaient à 9,65 dollars la livre, soit une perte d'un cinquième de sa valeur, depuis le début de l'année. Le marché spot reste un baromètre sur l'état de l'offre et de la demande. Avec 12.000 tonnes, les échanges spot ne représentent que 20 % des besoins des quelque 425 réacteurs nucléaires civils en fonction dans le monde. Si la demande est là, à preuve les indicateurs en hausse pour les contrats à long terme, il n'en reste pas moins que, dès qu'un acheteur se présente sur le marché spot, les vendeurs font assaut d'offre. Il faut se retourner vers les fondamentaux. La production minière ne couvre que 60 % des besoins mondiaux, estimés à 75.000 tonnes. La différence de 35.000 tonnes entre production et consommation provient des stocks. Si depuis quinze ans, le poids des inventaires plombait le marché, aujourd'hui, ils fondent rapidement. De 20.000 tonnes en 1994, ils tomberont cette année à moins de 10.000 tonnes. « Les stocks, remarque-t-on chez Uexco, seront épuisés avant que ne débute le troisième millénaire ». Changement en profondeur. Autre élément d'explication, le recyclage : les craintes sur un envol de l'offre se révèlent infondées. En effet, environ 200 tonnes de MOX (plutonium recyclé et uranium mélangé) sont utilisées, ce qui équivaut à 2.000 tonnes de yellow cake. Mais l'offre apparaît limitée. Dernier élément, le recyclage de l'uranium militaire russe par dilution ne tient pas ses promesses. « Les opérations de dilution avec la logistique qu'elles imposent, affirment des spécialistes canadiens, sont plus faciles à concevoir sur le papier qu'à réaliser dans les faits ». L'offre se limite à 3.750 tonnes par an sur les trois à cinq prochaines années. Du coup, le marché se trouve suffisamment servi par l'offre contractuelle. Sur le marché spot, la demande est tombée à son plus bas niveau en une décennie, avec 816 tonnes achetées au premier trimestre. En fait, les utilisateurs ont tiré les conclusions de la baisse des inventaires et de la contre-performance enregistrée par les sources d'approvisionnement alternatives. Les producteurs ont multiplié les contrats d'approvisionnement à long terme, alors qu'un changement en profondeur de la physionomie du marché se profile après l'an 2000. Du coup, c'est la demande spot qui en fait les frais. Guy André Kieffer
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